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L'angoisse: généralisations à deux balles

Là, je ne parle pas d'articles scientifiques ou d'associations professionnelles. Je parle de sites à la potins.ca, buzznouveau.fr et scoopscandaleplus.com. Mauvais bassin pour baser une critique de ce que les médias véhiculent? Pas nécessairement.
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J'ai un trouble d'angoisse généralisée. Comme beaucoup de personnes qui commencent certaines phrases par « j'ai un » et complètent par un handicap ou une maladie, je voudrais vous sauter au visage chaque fois que vous commencez à articuler le sacro saint « je te comprends ». Alors quand un consortium populaire du WEB commence à en effleurer la première syllabe, j'ai le sang qui boue.

2015 étant, je perds parfois du temps à zapper sur la toile. Par réflexe, quand je vois un encart concernant l'angoisse, je clique. Et le grand manitou du web étant de garde 24/7, il va sans dire que plus je clique là-dessus, plus les médiums me proposent d'autres articles sur le même sujet. Alors je lis beaucoup d'articles et commentaires sur l'angoisse sur le web. Ou plutôt, je clique sur beaucoup de liens qui me font monter la moutarde au nez après leur titre, deux phrases et une photo.

Là, je ne parle pas d'articles scientifiques ou d'associations professionnelles. Je parle de sites à la potins.ca, buzznouveau.fr et scoopscandaleplus.com. Mauvais bassin pour baser une critique de ce que les médias véhiculent? Pas nécessairement.

Je ne sais pas pour vous, mais Facebook ne m'a jamais conseillé de site ultra tendance (intelligent ou pas) affichant des article titrés « Oubliez une fracture ouverte avec la griffe du diable » ou « Mon oeil vient de tomber: 10 conseils de pros ». Je ne suis pas branchée médecine, mais de ce côté aussi je doute. Parce que quand l'humérus se pointe hors chair, le 911 bypass encore « Doctissimo ». Alléluia.

Par contre, quand il s'agit de mental, alors là, tout bon site allégoriquement élaboré du « Divertissement » des presses mondiales semble se donner la connaissance divine. Et c'est là que des (pardonnez-moi) conneries comme « Voici ce que pense l'angoissé » et « Illustrer l'anxiété: 10 clichés déchirants » atterrissent sur le web.

En tant qu'oeuvre libre ça me va: tu veux parler de ton vécu, oui, vas-y, c'est justement pour ça que c'est fait, le grand web total (c'est d'ailleurs ce que je fais à l'instant). Mais quand tu commences à prêcher la bonne nouvelle, oh rédacteur de sites fluos, tu me gosses.

La connerie n'en est pas le contenu en soi. La connerie, c'est que Marie-Antoinette n'a jamais dit« Qu'ils mangent de la brioche », que Sir Conan Doyle n'a jamais écrit « Élémentaire, mon cher Watson » et qu'en général, la popularité du médium gère la pensée commune. Et dans le domaine de l'entre-deux oreilles, elle est généreuse la tartine de « Voici ce qu'ils vivent tous » style camp d'été t-shirts-bleu-poudre-avec-nos-noms-imprimés-dans-le-dos.

Généralités qu'on ne penserait jamais d'une fracture! Si tout bras cassé avait le même diagnostic, on aurait un SuperDuperPlâtreurPlus® dans nos garages et si Tommy tombe de l'arbre, hop, deux heures dans la machine avec une glace à la fraise. Mais non, on va encore à l'hôpital (en tout cas on essaie).

Moi, l'angoisse, je sais ce que c'est pour moi, et je sais que même moi je sais pas ce que les autres anxieux vivent. C'est ça, la chose. Sinon, ce serait vachement plus simple à soigner.

La seule pensée que je me risque à généraliser aux anxieux, aux angoissés et aux dépressifs, je l'accorde aux cancéreux, aux tuberculeux et aux enrhumés: un général « j'ai mal, merde. »

Mais des « Voici ce que pensent les angoissés » comme un guide touristique du bon sentiment humain, il en pleut et non, tous les angoissés de ce monde n'ont pas que quatre sujets et demi comme raisons de s'en faire. C'est toute la pyramide de Maslow qui déconne.

Alors quand je vois six photos en noir et blanc d'une femme qui danse dans un drap noir avec en titre « Voici ce que vivent les angoissés au quotidien », j'ai un peu peur de ce que ça peut véhiculer. Parce ça comme médium, ça te défonce un traffic vitesse grand V. Tout le monde a vu Gangnam Style mais la moitié des gens ne savent toujours pas où pencher la tête quand ils saignent du nez.

Tout ça pour dire, de façon un peu candide, que si vous pensez quelques secondes que la maladie mentale n'est pas la version Toy « R » Us d'un infarctus, ne pensez pas non plus que les sites gérés par ceux qui publient « 25 pédicures à base de jojoba » soient des spécialistes de la neuro-psychologie.

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