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Une société éduquée, une société alerte

Ou bien l'argent investi en éducation n'était pas suffisant ou bien il a mal été dépensé. Qu'est-ce qui garantit que ce qu'on investit présentement est utilisé intelligemment?
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La rentrée est passée, les consultations publiques ont commencé. La réussite est fortement étudiée et tout porte à croire qu'on prend visiblement la réussite des élèves en main. Voilà l'éducation au cœur d'échanges entre acteurs, penseurs et décideurs. Tous ensemble pour la réussite. Celle de nos jeunes et celle de demain.

Mais hier n'est pas si loin et pourrait bien devenir notre avenir, si nous ne restons pas vigilants.

Je me souviens des négociations, des grèves et de l'appui d'une bonne partie de la population. Je me souviens qu'on marchait aux côtés des parents, car nos conditions, disait-on, étaient intimement liées à celles des élèves. Mais les négociations se sont terminées. Nos conditions ont été fixées. Nous avons arraché un quasi statu quo, qui varie légèrement selon notre point de vue et selon notre syndicat. Alors, en toute logique, on aurait dû dire que les conditions des élèves aussi avaient été fixées, qu'elles avaient été préservées, malgré leur état jugé par plusieurs comme étant trop souvent pitoyable.

Pourtant, celles-ci ont continué d'inquiéter, ce qui a poussé plusieurs parents à poursuivre la mobilisation et faire pression sur le gouvernement.

Normalement, les dés devaient être jetés. Comment expliquer ça? Comment pensent-ils améliorer les conditions des élèves en dépit des ententes signées?

Avec de l'argent.

«Ou bien l'argent n'était pas suffisant ou bien il a mal été dépensé. Ou les deux. Rajouter davantage ne garantirait pas que le nouvel investissement soit utilisé adéquatement, d'ailleurs, qu'est-ce qui garantit que ce qu'on investit présentement est utilisé intelligemment?»

Que ce soient les ratios, notre retraite, nos postes ou quoi que ce soit d'autre, c'est d'argent dont il est question.

Plus d'élèves à besoins spécifiques (autistes, troubles du langage ou du comportement, etc.) dans les classes ordinaires nécessitant un soutien professionnel: plus d'argent.

Plus de formations pour les enseignants: plus d'argent.

Plus d'orthopédagogues ou de techniciens pour soutenir les difficultés des élèves à risque: plus d'argent.

Plus de directions adjointes pour soutenir les directions: plus d'argent.

Des concierges le soir: plus d'argent.

Des toits solides, des murs en santé, des écoles attirantes, des classes à vocation particulière: plus d'argent.

Toujours plus d'argent. Les conditions de nos élèves semblent plutôt directement liées aux sommes allouées. Et c'est connu, de meilleures conditions mènent généralement à une meilleure réussite. Alors, pour améliorer la réussite, il faudra donc plus d'argent. C'est évident.

Mais qui veut mettre plus d'argent là-dedans? Sincèrement?

Savez-vous que le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur a investi près de 2,3 milliards auprès des élèves handicapés ou en difficulté d'apprentissage ou d'adaptation (dits EHDAA) au cours des dernières années? 2,3 milliards! Et à ce jour, où se situe leur réussite? Moins de la moitié d'entre eux obtiennent un diplôme ou une certification après avoir passé sept ans au secondaire. 45 % pour utiliser les chiffres du ministère. 45 % seulement. On est loin d'appeler ça une réussite. Pourtant, l'argent y était, non? Alors, comment expliquer ça?

Ou bien l'argent n'était pas suffisant ou bien il a mal été dépensé. Ou les deux. Rajouter davantage ne garantirait pas que le nouvel investissement soit utilisé adéquatement, d'ailleurs, qu'est-ce qui garantit que ce qu'on investit présentement est utilisé intelligemment?

Rien.

Pour reprendre l'exemple des EHDAA, qui représentent tout de même le quart des élèves à chaque année (environ 250 000 élèves), il existe des balises obligeant le ministère de l'Éducation à verser des sommes aux commissions scolaires pour les aider à desservir adéquatement les besoins spécifiques de ces élèves-là. Bien que ces balises excluent malheureusement la majorité des EHDAA, il reste que cette obligation garantit une somme provenant d'en haut, devant être utilisée précisément pour supporter les difficultés ciblées.

Étrangement, il n'existe aucune balise pour démontrer que les sommes reçues ont bel et bien été utilisées pour ce à quoi elles étaient destinées. Sûr, la loi sur l'instruction publique oblige les commissions scolaires à fournir des états financiers, mais rien ne les oblige à détailler quoi que ce soit en ce qui concerne les fonds réservés aux EHDAA. Qui plus est, les sommes versées sont faciles à calculer, car pour chaque élève ayant une cote reconnue, le montant alloué est automatiquement versé. Mais encore une fois, rien n'indique qu'une école accueillant un nombre déterminé d'élèves cotés obtienne les sommes qui lui sont normalement dues puisque ces dernières sont remises à la commission scolaire, qui détermine ensuite comment s'organisera la distribution.

Ainsi, hypothétiquement parlant, rien n'empêche qu'une école accueillant des EHDAA n'obtienne rien et que son montant soit employé pour rénover les murs d'une autre. Pire, imaginez si une commission scolaire connaissait un déficit et qu'on exigeait d'elle qu'elle revienne à l'équilibre budgétaire coûte que coûte. Où piger les fonds nécessaires dans ce cas?

Refusons cette opacité indécente et décourageante. Exigeons une véritable rigueur budgétaire. Celle qui indique clairement où notre argent est allé, car une société en santé, c'est une société éduquée, certes, mais c'est aussi une société alerte.

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J'ai lancé une pétition en ligne afin de refuser l'opacité budgétaire qui affecte les commissions scolaires et je vous invite à l'appuyer, car visiblement, quelque chose ne tourne pas rond en éducation: www.cavapaslatete.ca

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Mai 2017

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