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Dangereuse montée des tensions avec l'Iran

Le président Trump menace de «déchirer» l'entente le 12 mai prochain, car elle est selon lui « épouvantable ».
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Décidément, le Moyen-Orient continue d'être une terre d'affrontements et de conflits que ce soit pour des motifs propres aux protagonistes locaux ou parce que ceux-ci sont manipulés par les grandes puissances. Le dernier en date découle de la question nucléaire iranienne que l'on croyait pourtant réglée, pour un bon bout de temps, à la suite de l'entente de 2015 entre l'Iran et les 5 membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies (Russie, États-Unis, France, Chine et Royaume-Uni) l'Union européenne et l'Allemagne. Ce dossier revient à nouveau sur la sellette. En effet, le président Trump menace de la «déchirer» le 12 mai prochain, car elle est selon lui « épouvantable ». Il est systématiquement encouragé dans cette approche par le premier ministre israélien Netanyahu et les dirigeants saoudiens.

On ne voit pas très clairement quel est l'intérêt américain de mettre un terme unilatéralement à cet accord qui fonctionne très bien au dire de toutes les autres parties et par l'Agence internationale de l'énergie atomique qui en assure la vérification. À part peut-être d'encourager ses ventes d'armes dans la région et de satisfaire l'égo du président Trump qui systématiquement met à plat les réalisations de son prédécesseur Barack Obama!

Israël voit l'Iran comme une menace existentielle. Et la présence militaire accrue de ce pays en Syrie, en appui au régime du dictateur Al Assad, n'a rien pour rassurer l'état hébreu qui d'ailleurs n'hésite plus à diriger ses missiles sur des cibles militaires iraniennes en sol syrien. Jusqu'à maintenant sans riposte, mais pour combien de temps?

L'Arabie saoudite quant à elle, à tort ou à raison, est obsédée par l'influence iranienne et chiite dans la région.

L'Arabie saoudite quant à elle, à tort ou à raison, est obsédée par l'influence iranienne et chiite dans la région. Que se soit à Bahreïn, en Irak ou au Yémen ou elle mène un conflit cruel qui semble s'éterniser. Le nouvel homme fort saoudien le Prince Mohamed Bin Salman a aussi essayé d'influencer la situation libanaise en «kidnappant» son premier ministre il y a quelques mois...

Cette troïka anti-iranienne ne présage rien de bon. Avec un président à Washington qui est inconsistant, ignare et impulsif, un premier ministre israélien empêtré dans des scandales de corruption et des Saoudiens qui se voient maintenant comme les leaders du monde arabo-sunnite, sans en avoir l'habileté, on peut craindre qu'une montée des tensions, ou au pire un conflit armé pourrait leur apparaître politiquement profitable, sinon une planche de salut.

Les Européens l'ont bien compris et tentent de convaincre Trump de préserver l'accord avec l'Iran puis de négocier d'autres éléments visant à limiter les visées iraniennes dans la région. On peut souhaiter qu'ils réussissent, mais les indices sont peu encourageants. Les tweets du président Trump, l'arrivée du «faucon» John Bolton à la Maison-Blanche et qu'aussitôt confirmé Mike Pompeo le nouveau secrétaire d'État américain se rende en Arabie Saoudite, en Israël (et en Jordanie) ne sont pas pour rassurer.

Le New York Times rapportait que l'envoyé américain aurait demandé aux Saoudiens de rétablir les ponts avec le Qatar avec lequel ils sont en conflit et que la situation humanitaire devait être améliorée au Yémen. Les Saoudiens bloquent en effet les accès à celle-ci avec des conséquences dramatiques pour les populations civiles. En retour, on imagine que Pompeo leur a donné des garanties «robustes» face à l'Iran.

Paradoxalement, cette fièvre belliqueuse sera sans doute utilisée à Téhéran pour remettre à l'ordre du jour l'opposition à l'Amérique et à Israël et faire oublier les difficultés économiques et la corruption ainsi que les résultats limités pour la population de l'accord sur le nucléaire. Les mollahs sont habiles pour trouver des boucs émissaires et se maintenir au pouvoir. Certains au sein du régime ne seront pas mécontents de nuire au président «modéré» Rohani.

Le contexte n'est donc pas très porteur vers une approche rationnelle dans ce dossier.

Mais au-delà de rendre la situation au Moyen-Orient encore plus instable, le retrait unilatéral américain de l'accord sur l'Iran, s"il se concrétise, dans la foulée de celui sur l'environnement de Paris, du TPP et de l'imposition de tarifs et autres sanctions économiques contre ses propres alliés, lancera un signal très négatif sur la fiabilité des engagements pris par les États-Unis au plan international.

Si j'étais le dirigeant nord-coréen Kim Jong- un je me méfierais des éventuelles promesses américaines en retour de compromis sur le nucléaire...

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