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Une société qui accorde sa révérence à la primauté du Droit repose sur un principe fondamental selon lequel l'État exerce le monopole de la force. Le sage emploi de cette prérogative constitue assurément la plus délicate responsabilité qui incombe au législateur.
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Une société qui accorde sa révérence à la primauté du Droit repose sur un principe fondamental selon lequel l'État exerce le monopole de la force. Le sage emploi de cette prérogative constitue assurément la plus délicate responsabilité qui incombe au législateur.

En effet, tandis que son utilisation trop parcimonieuse augmente la fréquence des incartades, une répression excessive, en revanche, accentue la violence des infractions. À titre d'exemple, si les agressions sexuelles atteignent un niveau alarmant en situation d'anarchie, infliger la peine capitale en cas de viol entraînerait probablement une hausse marquée des homicides, les prédateurs prenant dès lors soin de faire disparaître l'unique témoin de leur transgression. Un code pénal efficace prévoira donc, pour chaque délit, un châtiment correspondant à la sévérité de l'acte commis.

La lutte acharnée aux stupéfiants que mènent les gouvernements de diverses tendances se révèle une approche extraordinairement criminogène au phénomène de la toxicomanie. Leurs croisades anti-drogues s'avèrent autrement plus néfastes pour la collectivité que le fléau dont elles visent en vain l'éradication. Alors que la consommation de substances illicites affecte principalement ceux qui en absorbent, les mesures élaborées pour en contrer le trafic se répercutent négativement sur l'ensemble de la communauté. La criminalisation des narcotiques engendre un commerce artificiellement lucratif pour leurs fournisseurs en rendant les produits subrepticement distribués très dispendieux pour leurs usagers. Cette prohibition se trouve à l'origine de conflits sanguinaires entre bandes rivales se disputant un marché qui rapporte énormément, ainsi que d'une multitude de forfaits perpétrés par des voyous en quête de la somme nécessaire pour se défoncer. Sachant que les pénitenciers n'offrent qu'une fort coûteuse - et bien peu thérapeutique - alternative aux centres de désintoxication, à quoi bon recourir au système correctionnel afin de mater un comportement qui ne pose essentiellement qu'un problème de santé publique ?

Par ailleurs, les conséquences perverses de cette interdiction ne se limitent pas seulement à une surpopulation carcérale; l'argent du crime, outre corrompre certains opportunistes en position d'autorité, fausse également la compétition, en s'infiltrant de façon clandestine dans l'économie, lorsque les entreprises implantées pour en blanchir la provenance livrent une concurrence déloyale aux honnêtes commerçants. D'autre part, sur la scène internationale, la récolte de plantes médicinales fournit aux seigneurs de la guerre le financement indispensable au succès de leurs activités révolutionnaires et incite, en réaction, les pays occidentaux à prêter une assistance militaire à des régimes pas toujours dignes de fréquentation. Les politiciens cesseront-ils enfin un jour de s'immiscer dans la vie privée des gens? Il ne s'agit pas ici de constater la futilité de l'exercice, mais plutôt de réaliser que ce type d'action policière se situe à l'extérieur des paramètres d'intervention d'une démocratie libérale. En l'absence d'une prise de conscience semblable, l'avènement d'un mécanisme universel de gestion des transactions financières risque d'ouvrir la porte aux pires abus de pouvoir et de plonger le monde entier dans un abîme totalitaire sans précédent.

Les enfants manifestent parfois une grande cruauté à l'endroit de leurs congénères. Toutefois, lorsqu'on demande à un petit tortionnaire comment il se sentirait à la place de son souffre-douleur, l'auteur des tourments regrette habituellement les gestes reprochés; le malfrat en herbe au contraire, loin d'exprimer des remords, ne comprend même pas le sens de la question. La personnalité du psychopathe se caractérise par une incapacité à éprouver la moindre empathie. Cette indifférence maladive à l'égard d'autrui n'atténue cependant en rien la préoccupation du truand pour son propre bien-être. L'instinct de préservation demeure, chez ces individus, une puissante source de motivation. L'élément dissuasif représente donc la pièce maîtresse d'une politique de prévention du crime constructive. N'en déplaise aux cœurs sensibles, une justice véritablement souveraine exige l'exécution des condamnés reconnus coupables de meurtre prémédité ; aussi, tout membre d'une association de malfaiteurs qui pratique l'assassinat en guise de règlement de compte mérite-t-il de terminer sa carrière de hors-la-loi sur l'échafaud.

Étant donné que les opposants à la peine de mort partagent, avec les militants anti-avortement, une attitude exhibant plusieurs des symptômes d'une conviction délirante, aucun argument logique ne parviendra à ébranler leurs dogmes. Or, gare à tous quand la religion des uns impose sa doctrine aux autres. En matière juridique, la raison doit absolument triompher de la morale. Celui qui doute que le rétablissement du châtiment capital réduirait de manière significative le taux de criminalité concédera d'emblée que pareil jugement éliminerait, au minimum, toute récidive. Quiconque craint que l'on commette l'irréparable sur la personne d'un innocent, admettra néanmoins qu'un tel scénario, quoique déplorable, semble un bien faible prix à payer afin d'empêcher qu'un plus grand nombre subissent un sort analogue.

La gravité d'une faute ne diminue point en fonction de l'âge du délinquant. Face à deux inculpés de 17 et 18 ans, pourquoi se montrer clément vis-à-vis du premier et implacable envers le second? Parce qu'un appareil judiciaire se voulant impartial ne peut tolérer plus longtemps ce genre de discrimination, il devient impératif d'abroger la législation sur les jeunes contrevenants. Mettre en examen le prévenu, plutôt que ses agissements, relève davantage du Divin que des hommes et le résultat arbitraire d'une telle démarche représente le comble de l'inéquité.

Jouir des avantages que présente une société policée ne requiert aucunement de ses bénéficiaires qu'ils renoncent, pour autant, à la légitime défense. Un prince, peu importe sa valeur, ne saurait assurer corps et biens la protection de ses sujets contre toute éventualité. Il paraît d'ailleurs imprudent de confier à d'autres une tâche que l'intérêt personnel dicte d'accomplir soi-même. Un particulier restera toujours le plus féroce gardien du sanctuaire qu'il revendique. Tout adulte, sain d'esprit et respectueux de son prochain, devrait avoir accès aux instruments susceptibles de lui procurer un certain degré de tranquillité. Seuls les criminels détiennent des armes à feu dans les juridictions qui en déclarent la possession illégale. Ainsi, bannir les pistolets et carabines d'une contrée ne parviendra jamais à maintenir ses habitants en sécurité car, dans un royaume désarmé, le tireur fou est roi.

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