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Le printemps 2015 en quête d'une solidarité intergénérationnelle

Parce que nés en plein boom technologique, dans une société soi-disant plus sociale-démocrate que dans le passé et ayant droit à des opportunités qui n'ont pas été offertes aux autres générations (ex. les échanges étudiants), les jeunes faisant partie de la génération Y sont souvent dépeints comme des « enfants-roi ».
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Les jeunes n'ont rien à dire, ils ne paient pas d'impôt

Mon premier billet sur le Huffington Post a suscité de vives réactions, certaines positives, et plusieurs autres négatives. C'est normal. Mais, étrangement, plusieurs ont commenté ma publication en faisant référence à mon nom complet. Voici un exemple d'un commentaire venant d'un homme plus âgé que moi :

«J'ai une question pour ce Felix-Antoine Boily-Audet, Qui paye tes études à Bruxelles ? Tu travaille (sic) dans un fast-food

Cela a nourrit mes réflexions. Pourquoi prendre la peine d'écrire mon nom au complet ? Pourquoi pas simplement «Félix-Antoine», «l'auteur» ou juste ignorer mon nom, ce qui aurait été beaucoup plus simple ? Cela me semblait bizarre. Et puis, j'ai compris.

Mon nom est le symbole par excellence d'une des spécificités de la génération Y. Avoir deux prénoms et deux noms de famille indique que vous appartenez approximativement à la tranche d'âge des 15 à 30 ans, selon plusieurs démographes québécois. Parce que nés en plein boom technologique, dans une société soi-disant plus sociale-démocrate que dans le passé et ayant droit à des opportunités qui n'ont pas été offertes aux autres générations (ex. les échanges étudiants), les jeunes faisant partie de la génération Y sont souvent dépeints comme des «enfants-rois». Souvent encore aux études, cette génération ne doit ses privilèges qu'aux impôts et aux efforts des générations supérieures.

Ainsi, faire référence indirectement à ma génération par le biais de mon nom se voulait une insulte. Appartenir à la génération Y est une tare, un péché originel que l'on doit expier en intégrant le marché du travail le plus vite possible, en payant des impôts et en se fermant la gueule (comprendre : arrêter de manifester).

Fracture intergénérationnelle

Le but de cet article n'est pas de défendre la génération Y. Cela ne ferait qu'alimenter les messages haineux provenant d'individus sur le marché du travail ou à la retraire, et ne ferait que creuser ce fossé entre générations. En revanche, dans une société vieillissante comme le Québec et où les mesures d'austérité se font exponentielles, il est essentiel de mettre l'accent sur les bénéfices d'une solidarité intergénérationnelle.

Ce début de grève étudiante permet de mettre la lumière sur le clivage qui existe entre les jeunes et les moins jeunes. Inutile de le rappeler : dans une société que l'on conçoit comme étant de plus en plus individualiste, la solidarité intergénérationnelle s'étiole. Chacune des générations considère que l'autre essaie de s'accaparer le plus de ressources possible, alors que l'autre est celle qui fait sa « juste part ».

Pourtant, la solidarité intergénérationnelle est le socle sur lequel peut se bâtir une société juste et durable. C'est ce que croit la Commission européenne, qui indique que la solidarité intergénérationnelle devrait être inscrite parmi les principales priorités de l'Union européenne, car chaque génération apporte des bénéfices différents à la société. Dans le document la solidarité intergénérationnelle pour la cohésion et la viabilité de nos sociétés, le membre de la Commission européenne, Vladimir Špidla argue que :

« Plus une société vieillit, plus il est important d'investir dans les jeunes. La réussite de la jeune génération détermine la capacité d'une société d'aider les personnes âgées qui dépendent de l'aide des autres » .

Ainsi, on oublie souvent que les diverses générations dans une société ne s'opposent pas, mais se complètent. Ce qu'obtient une génération en termes de droits et de privilèges se traduit inévitablement par des gains chez les autres générations.

«N'oublions pas non plus que le fait d'opposer les jeunes aux moins jeunes témoigne d'un manque de vision et ne tient aucun compte de la notion de cycle de vie - du simple fait que nous ne restons pas jeunes toute notre vie»

Lorsqu'on oppose les étudiants au reste de la population, lorsqu'on répète sans cesse qu'ils sont «gâtés» comparativement aux autres générations, on oublie que ces étudiants que l'on considère «chanceux» rendront à la société tous les bénéfices qu'ils ont reçus d'elle. Plus on investit dans la jeunesse, plus elle rapporte. Ils rapporteront, non seulement en payant de l'impôt, mais aussi en faisant du bénévolat, en s'occupant des futures générations à venir et en prenant en charge les individus à la retraite.

Si je défends la solidarité avec autant d'ardeur, c'est que je crois que celle-ci devrait figurer au sommet de notre hiérarchie des valeurs. Car, pour être solidaire avec l'autre, il faut aimer son prochain, il faut le respecter, savoir l'écouter et comprendre ses besoins. La solidarité crée des relations où tout le monde y trouve son bien-être.

C'est pourquoi dans ce contexte d'austérité, la plus rationnelle des solutions est de nous tendre mutuellement la main.

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