Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Retrait de Jean-François Lisée, couronnement annoncé de PKP

Le retrait de Jean-François Lisée de la course à la chefferie est, disons-le franchement, une très mauvaise nouvelle pour le Parti québécois et pour les militants qui l'appuyaient.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

On ne me fouettera jamais pour avoir écrit ce texte. Raif Badawi, lui, a été condamné à 1000 coups de fouet et 10 ans prison pour avoir blogué.

Evelyne Abitbol est responsable des liens avec la diversité québécoise auprès de l'ancien candidat à la chefferie du Parti québécois, Jean-François Lisée.

Lorsque Jean-François Lisée, accompagné de Diane de Courcy, m'a approchée pour me proposer de me présenter aux prochaines élections sous la bannière péquiste, j'étais abasourdie. Parce que je suis une personne de l'ombre, de l'écrit, et que les projecteurs ne m'attiraient pas.

Ce qui a valu à JFL de réagir spontanément comme lui seul sait faire : « Il serait temps que tu en sortes. Tu as une expérience d'intégration que tu te dois de partager. Les personnes souverainistes, issues de l'immigration et de la diversité québécoise, doivent sortir de l'ombre et prendre leur place sur le chemin vers la souveraineté. »

Il m'a fallu un week-end complet pour réfléchir à ce que cela impliquerait. Et j'ai plongé comme vous le savez.

J'ai plongé parce que Jean-François Lisée était là et que ma confiance en lui était inaltérable. Ma confiance en sa loyauté. En sa solidité intellectuelle. Surtout en sa transparence et lucidité. Je savais que je pouvais compter sur ses analyses en cas de doute dans l'approche d'un dossier.

Réflexions sur le terrain

Au cours des dernières semaines, alors que nous finalisions, pour obtenir plus que les 2000 signatures requises, le dépôt de sa candidature, nous avons entendu sur le terrain autant de faussetés que de belles réflexions concernant JFL. Lorsque les médias rapportent que nous avons eu de la difficulté à récolter les signatures, rien de plus faux.

Les réflexions étaient plus éloquentes les unes que les autres. Peu ont refusé de signer le bulletin de candidatures de JFL. Nous ne pouvions que constater, une fois les portes fermées, dans les circonscriptions d'Acadie, de Gouin, de Rosemont, de Saint-Henri, Sainte-Marie-Saint-Jacques, etc. la générosité des membres du Parti québécois et l'accueil de nombres d'entre eux aussitôt que l'on mentionnait que nous faisions partie de l'équipe de JFL.

Nombreux étaient ceux qui, chaleureusement, nous répondaient :

«JFL, c'est mon chef. Il est brillant! J'ai hâte aux débats. Il ne laissera rien passer. Il est vif.»«JFL est comme René Lévesque ou comme Gérald Godin. On en fait plus des de même.»

Quelques-unes des autres réflexions notées au passage :

- «Nous on est PKP!» (Le crier fort!)

Et pour quelle raison?

«On l'aime, c'est tout.» «PKP est économiste. Il va faire du Québec une grande compagnie. On a hâte d'avoir des jobs.» «JFL est trop intellectuel. On n'aime pas les intellectuels.»

... Des notes, j'en ai pris suffisamment pour rédiger un petit bréviaire des citations de campagne à la chefferie. Certaines rigolotes... D'autres très nuancées et certaines pathétiques!

Très mauvaise nouvelle

Le retrait de Jean-François Lisée de la course à la chefferie est, disons-le franchement, une très mauvaise nouvelle pour le Parti québécois et pour les militants qui l'appuyaient.

Le but de JFL, le démocrate, est de débattre et de cesser de faire l'autruche devant des évidences.

La pire des faussetés, je l'ai lue à propos de la charte sous la plume de Vincent Marissal, rapportant les paroles des militants et des députés en conclusion de son texte sur le retrait de JFL:

«Plusieurs députés et militants du PQ y ont vu un manque de solidarité flagrant et même, pire encore, une fabrication de M. Lisée visant à bien le faire paraître après la défaite électorale cinglante.»

Joseph Facal, lui, dans le Journal de Montréal, traite directement Jean-François de menteur, écrivant qu'il «voulut nous faire croire qu'il avait songé à démissionner par "humanisme".» M. Facal fait cette affirmation, évidemment, sans la moindre preuve. Dans le seul but de salir la réputation de JFL. Bravo l'élégance !

Clause Grand-père

Or, je suis témoin. Lorsque JFL m'a demandé de me présenter comme candidate, en février 2014, je lui ai mentionné que je défendrais la charte, il m'avait répondu personnellement: «Sache que je suis contre la charte telle qu'elle est présentée. Que je ne la défendrais pas. Je refuse que les gens perdent leur job. Je suis fermement pour la clause grand-père.»

Déjà en novembre 2013, JFL m'avait glissé un mot sur la clause grand-père lorsque etreensemble.org avait été mis en ligne et que JFL savait que je présenterais un mémoire à l'Assemblée nationale... pour défendre le projet de loi 60 de Bernard Drainville.

Jean-François Lisée a reproduit d'ailleurs dans son livre les notes qu'il a utilisées dans les débats internes pour refuser les congédiements. Cette lecture ne laisse aucun doute sur son humanisme.

Vivre ensemble, c'est vivre avec ce qui n'est pas soi

JFL est visionnaire. Il ne pense pas que l'indépendance arrivera uniquement en courtisant les régions et les Québécois de souche. JFL est le porte-parole de la Métropole à l'opposition. Lorsqu'il insiste sur la diversité québécoise, sur les anglophones et les autochtones, c'est qu'il sait pertinemment et je l'appuie dans ce sens que, sans les membres de cette diversité, l'indépendance du Québec n'aura pas lieu.

Sans compter que les futures générations, issues de mariages mixtes, ont des approches différentes qui se rapprocheraient de la réflexion d'un des survivants de Charlie Hebdo : Vivre ensemble, c'est vivre avec ce qui n'est pas soi...

Jean-François Lisée est le porte-parole à l'opposition de la Métropole. Il sait que le Québec a changé depuis 30 ans.

La métropole... des chiffres

Selon l'Institut de la statistique du Québec, Montréal, et sa banlieue où habitent les immigrants, les néo-Québécois, les membres des communautés culturelles, les autochtones et ceux de la diversité, compte pour près de 50 % de la population du Québec :

La population du Québec : 8 054 756

Population de Montréal, sans ses banlieues est de : 1 981 672

L'ile de Montréal comprend donc 25% de la population du Québec.

Si on ajoute la Montérégie et Laval: 3 898 063

Nous ne sommes pas loin de 50 % de la population du Québec. Or, tous nous savons que les personnes issues de l'immigration vivent en majorité à Montréal et en banlieue.

JFL sait qu'il nous faut pouvoir compter sur la population aux identités plurielles.

JFL est et dit exactement ce qu'il pense. C'est un stratège politique. Pas un faiseur d'images.

Notre sombre époque

Nous vivons une époque pleine de colère. De tensions de toutes sortes. De dérision.

Je ne suis pas religieuse mais un des enseignements de la culture judaïque que j'ai reçue est que nous nous définissons en tant que peuple de la manière dont nous parlons des autres - comment nous les percevons, les jugeons, les apprécions et si besoin est, comment nous les critiquons.

Je souhaite à Pierre-Karl Péladeau, Bernard Drainville, Pierre Céré, Alexandre Cloutier et à la seule femme, de surcroît courageuse, Martine Ouellet, des débats constructifs ancrés dans la réalité.

« Le Québec est à l'heure des choix ». Reprenant le titre de cet ouvrage collectif que devraient lire tous ceux qui ont à cœur de connaître les enjeux du Québec dans toutes les sphères d'activité... Plus encore, acheter ce livre en librairie parce que les fonds seront versés à la Fondation pour l'analphabétisation.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.