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Trump à la sauce péquiste

Il est difficile de ne pas voir de lien entre Pierre Karl Péladeau et Donald Trump.
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Les États-Unis, et plus particulièrement le Parti républicain, vivent un bien drôle de moment. Donald Trump, véritable cow-boy et phénomène politique, est à l'image stéréotypée du capitaliste sauvage qui, cigare aux lèvres, observe la plèbe du haut de sa tour d'ivoire. Par ses discours patriotiques et les énormités qu'il se fait un plaisir d'étendre sur tous les médias, il a gagné l'assentiment d'une majorité de républicains dans plusieurs États.

Bien que cette réalité soit propre aux Américains, elle peut servir à expliquer une certaine part des défis auxquels le Parti québécois est confronté.

L'effet Trump au PQ

Tout d'abord, il est difficile de ne pas voir de lien entre Pierre Karl Péladeau et Donald Trump. Évidemment, l'analogie tombe lorsqu'on y inclut le racisme, l'enflure et l'arrogance du second, mais ce sont tout de même deux hommes d'affaires héritiers d'un patrimoine qu'ils ont développé jusqu'à devenir milliardaires. Ils se lancent en politique comme en affaires et s'imaginent que leurs succès passés seront garants d'une réussite politique future, et aucun ne possède la moindre expertise sur l'administration d'un État.

Certes, les faux pas de PKP ne sont pas aussi grossiers que ceux de Trump, mais ce sont tout de même deux outsiders dont la plus-value politique ne consiste qu'en leur notoriété.

Par-dessus tout, ils sont perçus comme des sauveurs, entre autres parce qu'ils ne font que dire ce que les militants veulent entendre. Par ses infamies, Donald Trump plaît avant tout aux angry white men, pour utiliser l'expression originale, ces militants frustrés contre cet american dream qui n'a pas tenu sa promesse de prospérité. Leur peu d'éducation a fait d'eux des victimes de la mondialisation et de l'immigration qui s'en est suivie.

Évidemment, lorsqu'un homme d'affaires notoire survient sur la scène politique et tape précisément sur ces thèmes, ils s'y retrouvent. De surcroît, lorsque Donald Trump leur lance son slogan Make American Great Again, ils y voient le sauveur qui redonnera sa position dominante au plus grand pays du monde : le leur.

Le noyau dur

Au Québec, heureusement, notre scène politique ressemble moins à un tel cirque. Par contre, il est triste de voir un phénomène semblable survenir au Parti québécois qui, comme le Parti républicain, est gouverné par un noyau dur de militants qui refusent de passer le flambeau.

Alors qu'au début, le PQ était une large coalition de souverainistes composée de vénérables politicien(ne)s, il est en passe de perdre son statut de parti de gouvernement potentiel pour être déclassé au titre de parti contestataire au projet unique et intransigeant. Son objectif premier, élément pourtant fondateur de son histoire, est devenu son principal défaut. C'est même devenu son talon d'Achille, car il suffit, pour ses adversaires, de sortir l'épouvantail d'un référendum pour faire fuir l'électorat. Avouons-le, la partie n'a jamais été aussi facile pour le Parti libéral.

Face au déclin constant de la souveraineté, les militants du PQ avaient deux choix : s'ancrer dans leurs convictions, ou s'adapter à une réalité changeante. L'élection de PKP à la tête du parti a consacré cette volonté de ne rien changer au projet politique qui les guide, pour tenter une ultime et dernière fois d'atteindre un but fixé il y a plus de 40 ans.

Tristement, ils ont élu à leur tête un homme non pas pour ses compétences et son expertise politiques, mais parce qu'il leur disait ce qu'ils voulaient entendre.

À l'approche des élections, devant les attaques qui fuseront, le chef du PQ devra, encore une fois, clarifier ses intentions référendaires. S'il dit qu'il fera un référendum dans un prochain mandat, il perdra ; s'il dit qu'il en fera un dans un mandat subséquent, il perdra ; s'il demeure flou, il perdra.

Bref, peu importe sa stratégie, si elle comprend un référendum, il perdra.

Un seul choix demeure : damer le pion à la CAQ et se repositionner comme un parti nationaliste pouvant mieux gouverner le Québec que ses adversaires.

Pour ce faire, il faudrait par contre s'entendre pour mettre de côté l'intention de réaliser l'indépendance, ce qui risque fort d'être rejeté en bloc par ce noyau dur de militants convaincus. Imaginez la scène : au congrès du parti, de jeunes péquistes proposent ce changement radical, et se font, comme on peut l'imaginer, couvrir de huées.

Il est triste de voir le PQ, un peu comme le Grand Old Party, refuser avec autant d'âpreté de passer le flambeau aux jeunes apportant de nouvelles idées. Il y en a, des jeunes, au Parti québécois, me direz-vous ; oui, mais ces jeunes ne font que répéter le discours de la vieille garde péquiste. Peut-on être un jeune péquiste sans pour autant devenir un prosélyte ?

***

Lorsque le noyau dur de militants péquistes et jusqu'au-boutistes affirment que si ça marche pas avec PKP, on la fera jamais, la souveraineté, ils refusent tout apport nouveau de la part des jeunes. En fait, avec cette presse, ils ne causent que du tort : à eux, aux jeunes, à leur parti, et même au Québec, car ils mettent en danger la survie d'un parti fondamental de notre histoire. Ils préfèrent brûler la dernière chance qu'ils ont de voir l'indépendance se réaliser plutôt que d'accepter la réalité.

Le projet de souveraineté du Parti québécois ne s'est jamais renouvelé, et ce, en dépit des deux référendums perdus. Plus encore, l'ensemble du projet tel que l'entend le PQ est davantage fixé dans le passé que dans l'avenir, et rien n'indique qu'il sera revu avant les prochaines élections.

Face à cette intransigeance, il n'est pas étonnant que la tranche d'âge la moins souverainiste soit aujourd'hui celle des 18-34 ans.

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