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Michelle Blanc, une «porte-parole» qui a sa propre voix

Le 29 juin, l'experte du numérique Michelle Blanc était investie à titre de candidate du PQ dans la circonscription montréalaise de Mercier.
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La Presse canadienne/Jacques Boissinot

Le 29 juin dernier, l'experte du numérique Michelle Blanc était investie à titre de candidate du Parti québécois dans la circonscription montréalaise de Mercier. En plus d'être calée dans son domaine, elle est nationaliste, indépendantiste et dotée d'un franc-parler ayant fait sa renommée. Mme Blanc est également trans, comme le savent autant ses admirateurs que ses détracteurs.

Chose curieuse, les adeptes de la gauche multiculturaliste, habituellement les premiers à réclamer davantage de candidats «issus de la diversité», s'en mordent les doigts. Mais pourquoi donc manquent-ils d'enthousiasme face à la candidature de cette femme visiblement passionnée et qui, de surcroît, appartient à ces fameux «groupes marginalisés» qu'ils souhaitent tant mettre de l'avant?

La réponse saute pourtant aux yeux: Michelle Blanc ne se soumet pas au moule que les papes de la bien-pensance souhaitent imposer aux personnes trans. En effet, pour les multiculturalistes, afin d'être un bon «marginalisé», il faut absolument baigner dans leur doctrine inconditionnellement et ne pas déroger de cette stricte ligne prédéterminée.

Les voix dissidentes

En somme, interdit pour un «marginalisé» d'être plus qu'un vulgaire «porte-parole» de son «groupe», sous peine de haute trahison à sa marginalité! Une façon évidente de faire taire les voix dissidentes et ainsi de se forger un monopole de «l'ouverture» et de la «tolérance», des concepts désormais politisés à outrance pour servir les desseins d'un mouvement se radicalisant à vue d'oeil.

Pourquoi trouve-t-on alors des mécontents parmi ceux qui devraient doublement l'acclamer?

Loin d'adhérer à ces dogmes et de se laisser catégoriser par sa seule identité de genre, Michelle Blanc a fait le pari de se lancer en politique active pour ses valeurs et ses idées. Surtout, elle s'est faite la grande promotrice d'une «révolution éconumerique» pour l'État québécois, visant à le moderniser et le rendre plus efficace dans ce domaine qui est la grande spécialité de la candidate, soit le numérique. Mme Blanc souhaite apporter son expertise privilégiée au gouvernement du Québec pour servir ses citoyens, n'est-ce pas là le but même de l'action politique? Pourquoi trouve-t-on alors des mécontents parmi ceux qui devraient doublement l'acclamer?

Également, elle n'a pas caché ses convictions indépendantistes et nationalistes, que le blogueur Xavier Camus a tenté d'utiliser contre elle lorsqu'elle a révélé son intention de se présenter aux élections d'octobre.

Rentre dans le rang!

C'est chose connue, Michelle Blanc faisait partie des «Jeannettes», ce regroupement nommé d'après sa meneuse, Jeannette Bertrand, qui militait en faveur de la défunte Charte des valeurs québécoises lorsqu'il était proposé par le gouvernement Marois. En commission parlementaire, elle n'a pas fait de secret sur sa position prolaïcité et sa volonté de pousser plus loin la loi du ministre Drainville, un scandale aux yeux de ceux pour qui une personne trans doit absolument faire la «porte-parole de son groupe», adhérer sans hésitation au multiculturalisme et, conséquemment, répudier toute mention de laïcité étatique au nom de «l'ouverture à l'autre» et de «l'inclusion».

La même chose pourrait être dite de Djemila Benhabib, une Québécoise d'origine algérienne et militante invétérée pour la laïcité. Elle est perçue comme une traîtresse à son «groupe», les immigrants, par les militants gauchistes parce qu'elle affiche des convictions différentes de celles que l'on attribue traditionnellement au groupe en question et parce qu'elle ose les porter.

Pourtant, cette mentalité de «ferme-la et rentre dans le rang!» n'entre-t-elle pas directement en conflit avec les belles valeurs «d'ouverture à la différence» prônées par cette gauche radicale? Cette intolérance idéologique relève du pur double discours et fait bien pâlir l'étoile de ceux qui se drapent pourtant constamment de vertu.

Quoiqu'en disent ses détracteurs, la candidature de Michelle Blanc est terriblement saine pour la démocratie québécoise et mérite d'être chaleureusement saluée. La vraie tolérance et la vraie acceptation viendront justement quand le fait qu'elle soit trans ne sera pas la seule chose que l'on retiendra d'une candidate comme elle. Quand on saura collectivement se concentrer sur le profil d'un candidat, ses aptitudes, ses idées et ses valeurs et accepter qu'il puisse avoir une opinion divergente de celle qu'on prête habituellement à son «groupe», nonobstant sa «marginalité» quelle qu'elle soit, alors là, on pourra se féliciter d'être une société «ouverte d'esprit et moderne».

En voulant faire tomber Michelle Blanc pour ses convictions, les chantres de la gauche radicale prouvent que leur «ouverture» se limite exclusivement à ceux qui pensent comme eux.

Pour la «tolérance», on repassera.

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