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Les zones d'ombres de la commission Charbonneau

Oeuvre salutaire pour nettoyer le Québec, sans nul doute, mais on ne peut s'empêcher de penser qu'il demeure des zones d'ombre et bien peu de temps pour y jeter de la lumière.
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Il y a bientôt deux ans, les révélations de Lino Zambito secouaient le Québec. Depuis, la commission Charbonneau a exposé un système de corruption installé à la Ville de Montréal, démontré que les contrats publics sont truqués au profit d'entreprises qui abreuvent nos partis politiques, expliqué les élections clé en main dans nombre de municipalités, mis en preuve les accointances entre des syndicalistes et des individus louches.

Oeuvre salutaire pour nettoyer le Québec, sans nul doute, mais on ne peut s'empêcher de penser qu'il demeure des zones d'ombre et bien peu de temps pour y jeter de la lumière.

Le Québec s'est longtemps enorgueilli du système de financement des partis politiques le plus propre au monde.

Cette grande illusion est morte définitivement durant les audiences de la commission. Depuis toujours, les bureaux d'avocats, d'ingénieurs, d'architectes...contournaient la loi électorale grâce à des prêtes-noms. Tous les partis politiques ont hypocritement maintenu ce régime pour renflouer leurs coffres et faire rouler la machine électorale. Le PLQ a récolté 95 millions $ en 15 ans, le PQ 68 millions $.

Le Directeur général des élections, qui dispose pourtant d'un budget de plus de 30 millions $ et de 200 employés, est intervenu bien timidement au fil des ans pour mettre fin à cette pratique bien connue des milieux politiques. Le rapport Moisan, qui pointait du doigt le PQ pour le recours à cette tactique, date de 8 ans!

La grande question qui demeure en plan: que savaient les chefs de parti du financement illégal, de la collusion dans la construction, des appels d'offres arrangés?

On ignore toujours si Pauline Marois et Jean Charest, entre autres leaders, seront entendus. Doit-on les considérer dans la même catégorie que Gérald Tremblay, celui qui-n'a-rien-vu- passer?

Selon Robert Benoit, ex-président du PLQ, la culture au PLQ a changé avec l'arrivée de Jean Charest sur la scène provinciale. Les certificats de collecteurs de fonds étaient distribués généreusement, incluant les chefs de cabinet des ministres au nom du financement sectoriel ou des «milieux de vie».

La commission a fait un travail remarquable sur la Ville de Montréal grâce, notamment, au matériel fourni par la GRC ( rappelez-vous ces mafieux qui mettaient de l'argent dans leurs bas). Elle s'est égarée dans les chemins tortueux des petites municipalités, passé rapidement sur le gros donneur d'ouvrage qu'est le Ministère des Transports, effleuré, à peine, Hydro-Québec et perdu son temps avec des témoins comme Rambo.

Selon un témoin, il existait un club sélect d'entrepreneurs chez Hydro (?).

La commission a épinglé des ingénieurs corrompus (Gilles Suprenant, Luc Leclerc...), des organisateurs politiques (Gilles Cloutier, Bernard Trépanier, Marc-Yvan Côté, Pierre Bibeau, Christian Côté, Bruno Lortie...), des entrepreneurs, mais a fait comparaître peu d'élus.

Dans ce groupe, on a ménagé l'ex-ministre Nathalie Normandeau alors que Julie Boulet s'est auto-de-pelure-bananisée.

Il reste bien sûr des témoins à entendre fin août début septembre, mais bien peu de temps pour dissiper certaines zones d'ombre et nous convaincre qu'on sera allé au fond des choses.

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Tony Accurso

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