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Tout cela demeure de la politique-fiction, mais de la politique-fiction toutefois bien passionnante. Le degré d'improvisation démontré par les camps du Oui et du Non annonçait, à coup sûr, des lendemains de référendum chaotiques et douloureux.
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Que serait-il arrivé si le Oui l'avait emporté lors du référendum de 1995? 20 ans plus tard, le livre du duo Chantal Hébert-Jean Lapierre, Confessions référendaires, et l'entrevue de Lucien Bouchard ramènent l'affaire dans l'actualité.

Les journalistes qui ont eu le privilège de couvrir la campagne du Oui ne sont pas surpris d'apprendre que le courant ne passait pas entre Jacques Parizeau et Lucien Bouchard, l'un voulant l'indépendance, l'autre un nouvel arrangement avec le Canada plus favorable au Québec. Aux derniers jours de la campagne, la tension entre les deux leaders souverainistes était palpable.

La campagne pour le Oui s'est déroulée en deux temps. En fait, elle se dirigeait vers un échec cuisant sous la houlette du premier ministre Parizeau. La caravane souverainiste ralliait bien peu de monde sur son passage. Le coup de génie du Oui fut de propulser Lucien Bouchard en avant de la scène en le nommant négociateur en chef de la nouvelle entente à définir avec le reste du Canada. Est-ce que le premier ministre du Québec a fait preuve d'un sens de l'État honorable ou a été poussé sur les lignes de côté par son entourage? La question demeure.

Déjà lors de l'élection générale de 1994, des fissures sont apparues dans le camp souverainiste. La victoire de Parizeau contre Daniel Johnson avait été plus courte que prévu et ce soir-là, au Capitole de Québec, Lucien Bouchard, chef du Bloc québécois à Ottawa, avait la face longue. La stratégie des trois périodes: victoire du Bloc à Ottawa, victoire du PQ à Québec, victoire référendaire avait du plomb dans l'aile.

Donc, Lucien Bouchard qui était enveloppé d'une aura quasi messianique après avoir frôlé la mort, prend la tête de la campagne du Oui et la fait décoller dans l'opinion publique. Les Québécois découvrent un tribun hors pair en qui ils ont pleinement confiance pour négocier un nouveau pacte.

On sait maintenant que Bouchard a été utilisé et que Parizeau demeurait maître du jeu post Oui. Sa démission-surprise au lendemain du vote démontre bien que son seul but c'était de faire du Québec un pays en misant sur tous les avantages du pouvoir.

Comment aurait-il accueilli une entente du type Meech plus? Avec qui aurait-on négocié à Ottawa durant la période d'un an? Je doute que Jean Chrétien aurait pu se maintenir en poste d'autant que le Canada ne lui aurait pas pardonné d'avoir présidé à sa rupture.

Jean-François Lisée, alors conseiller de Jacques Parizeau, soutient qu'après un Oui majoritaire, des fédéralistes de renom se seraient ralliés publiquement. Dans ses discours, Lucien Bouchard martelait qu'après le triomphe du OUI, il n'y aurait plus de souverainistes et de fédéralistes, mais un seul peuple uni derrière la cause. Finies les divisions.

Le caucus libéral à Québec aurait sans doute implosé et des députés fédéraux se seraient ralliés. Sur un ton un peu jovialiste, Lisée ajoute que l'appui à la souveraineté aurait grimpé dans les sondages.

Peut-être.

Un organisateur fédéraliste m'a déjà raconté que si le Oui l'emportait, il souhaitait qu'il fasse plus de 55%, idéalement 60%. Pourquoi? Selon lui, les mois d'incertitude politique, la menace de partition du Québec par la communauté anglaise, la réaction des autochtones, le comportement de l'économie, la réaction des pays étrangers... allaient miner l'appui à l'indépendance et amener bien des Québécois à changer d'idée!

On sait, maintenant, qu'il aurait fallu ajouter un risque de «clash» entre la vision de Parizeau et celle de Lucien Bouchard-Mario Dumont, celle qui a bien failli gagner. Quant à l'idée de tenir un autre référendum, un an plus tard, en 1996, comme le suggère Lisée, elle tient de la pensée magique. Il y a des limites à fouetter la démocratie.

What if? Tout cela demeure de la politique-fiction, mais de la politique-fiction toutefois bien passionnante. Le degré d'improvisation démontré par les camps du Oui et du Non annonçait, à coup sûr, des lendemains chaotiques et douloureux.

Dans un élan de franchise, Pauline Marois a déjà concédé qu'une victoire du Oui produirait cinq ans de perturbations. On la croit, pour une fois, sans réserve.

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