La première ministre Pauline Marois souffle le chaud et le froid sur l'atteinte du déficit zéro dès l'an prochain.
On sait que l'hypothèse d'un report a d'abord été évoquée devant un groupe de gens d'affaires trié sur le volet. Talonnée en Chambre par l'opposition Mme Marois a répété le discours officiel voulant que ce soit un objectif incontournable et que les finances seront en équilibre en 2013-2014.
Dimanche, à l'émission Larocque-Lapierre, elle a donné une réponse très alambiquée. Après avoir dit que c'était clair que le déficit zéro était maintenu, elle ajoutait une «nuance» de taille.
«Si l'argent de rentre pas, parce que la conjoncture économique ne s'améliore pas, à ce moment-là, il faudra accepter ça», a-t-elle laissé tomber.
Justement, les dernières mises à jour du ministère des Finances font état d'une baisse des revenus autonomes car l'économie roule au ralenti.
Faut-il en conclure que la première ministre a des convictions, ou du moins, un discours à géométrie variable variable, dépendant à qui elle s'adresse?
Cela commence à ressembler à une opération de conditionnement de l'opinion publique. Un premier ballon d'essai devant un public restreint, un second, grand public.
En campagne électorale, le Parti québécois a martelé qu'il est le parti du déficit zéro. C'est vrai mais c'est Lucien Bouchard, au faîte de sa popularité avec un consensus social très large ancré dans un Sommet, qui y est parvenu.
Mais encore là, ce sont les mises à la retraite massives de professeurs, d'infirmières et de médecins à des conditions avantageuses (qu'on ne reverra jamais) qui ont permis au Québec de retrouver les «vallées verdoyantes» de finances saines. Beaucoup se rappellent des dommages collatéraux en santé et en éducation.
L'atteinte du déficit zéro a été reprise dans le message inaugural du nouveau gouvernement et subordonné toute son action politique depuis 7 mois. Le cas échéant, ce serait le plus important des reculs du gouvernement Marois.
En ouvrant cette brèche, la première ministre envoie des signes contradictoires aux milieux financiers et risque de susciter des envies chez ses ministres qui peinent à livrer des compressions impopulaires.
Le régime d'austérité imposé par le gouvernement heurte ses alliés naturels dans les milieux communautaires et syndicaux, sans convertir des libéraux ou des caquistes.
Les derniers sondages qui démontrent un taux d'insatisfaction record à 65% et un PQ à 25%, un plancher, ont plombé le déficit zéro, faut-il en déduire.
À moins, bien sûr, que le discours ne change à nouveau cette semaine à l'Assemblée nationale.
Zéro certitude.