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Jean Béliveau s'est fait désirer par le Canadien

Jean Béliveau est devenu, durant et après sa carrière, le symbole du club de hockey Canadien, mais il s'est fait tirer l'oreille avant de faire le saut avec le grand club de Montréal. En fait, il a choisi son moment et fixé ses conditions.
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Jean Béliveau est devenu, durant et après sa carrière, le symbole du club de hockey Canadien, mais il s'est fait tirer l'oreille avant de faire le saut avec le grand club à Montréal. En fait, il a choisi son moment et fixé ses conditions.

Originaire de Victoriaville, le grand gaillard a fait son junior avec les Citadelles de Québec avant de jouer pendant pour les As de la Ligue Senior du Québec, une ligue semi-professionnelle. Le nom du club avait été francisé parce qu'à l'origine, les As étaient les ACES (anglo-canadian employees) et ils étaient la propriété de l'Anglo Pulp and Paper, la papetière qui opère toujours en plein coeur de Québec.

Le grand joueur de centre a rempli l'aréna Victoria avant de faire courir les foules dans le Colisée qui venait, en 1949, d'être construit. On a d'ailleurs souvent dit que le vieux Colisée avait été construit pour accueillir la grande vedette des Citadelles et des As.

Jean Béliveau appartenait au Canadien et il a participé à son premier camp d'entrainement en 1949-50 après avoir signé un contrat de type B. Ce contrat spécifiait que le «Gros Bill» ne pouvait jouer pour un autre club dans la Ligue nationale de hockey.

Jean Béliveau se plaisait à Québec où il était adulé. À la fin de sa carrière junior, le gentilhomme qu'il était a voulu remercier les fans de la ville en jouant 2 ans avec les As, tournant temporairement le dos au Canadien. Le fait qu'il ait commencé à fréquenter Élise Couture, sa future femme, a renforcé sa décision de demeurer dans la Capitale.

À cette époque il gagnait 10 000$ par année, un salaire supérieur aux joueurs de la LNH. Son entraîneur, Punch Imlach, voulait garder sa vedette, mais c'était sans compter sur la détermination des Canadiens. Frank Selke, le directeur général du club de Montréal a acheté la Ligue senior pour obtenir les droits sur le jeune hockeyeur, ce qui n'est pas tour à fait banal et démontre à quel point le Canadien tenait à lui.

Le grand Jean était en position de force pour négocier et il a été le premier hockeyeur à conclure une entente de 5 ans qui lui a rapporté 100 000$. Pour être sûr de son coup, il s'était fait accompagner par un fiscaliste à une époque où il n'y avait pas d'association ou d'agents de joueur.

Il s'est confié dans une entrevue au Soleil, en mars 2013, sur son plan de match . «J'aimais tellement Québec que j'aurais pu y jouer jusqu'à la fin de mes jours», mais il ajoutait: «Quand tu as 21 ans et que tu as le hockey dans la tête, tu rêves toujours de jouer dans la LNH... Je voulais tellement jouer pour le Canadien, pas juste pour 8 ou 9 ans».

C'est clair dans son esprit qu'il ne pouvait accepter moins que ce qu'il gagnait à Québec. Le grand no 4 a été un précurseur. Le reste appartient au glorieux passé du Canadien.

Un commentaire entendu à la radio de Radio-Canada résume la force d'attraction de Jean Béliveau à Québec dans les années 50. «Nous allions voir jouer Monsieur Béliveau... et vous pouvez être sûrs que je mettais mon collier de perles», de raconter une dame avec émotion.

L'histoire de Jean Béliveau a nourri la bonne vieille rivalité Québec-Montréal, des citoyens de la Capitale estimant qu'on leur arrachait leur vedette locale, quitte à acheter la Ligue.

Jean Béliveau est entré dans l'Histoire. Le Colisée qu'il a fait vibrer est en désuétude, un nouvel amphithéâtre est bien sorti de terre, mais il attend toujours le hockey professionnel.

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Jean Béliveau en images

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