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Le nouveau gouvernement libéral ne peut échouer à ce premier test sur le projet de loi 3 sans compromettre tout l'édifice qui sous-tend son redressement des finances publiques.
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On a assisté cette semaine aux premières flammèches entre le gouvernement Couillard et le mouvement syndical sur fond de caisse de retraite dans certaines villes du Québec.

Le nouveau gouvernement libéral ne peut échouer à ce premier test sur le projet de loi 3 sans compromettre tout l'édifice qui sous-tend son redressement des finances publiques.

Heureusement pour lui, les syndicats ont commis deux erreurs de taille. La première, c'est de jouer les bullies durant la séance du conseil de ville à Montréal sous l'oeil complice des policiers, la deuxième, en se braquant sur leurs positions durant leur témoignage sur le projet de loi qui veut renflouer les caisses de retraite dans le monde municipal.

Le président de la Fraternité de policiers et policières de Montréal, Yves Francoeur, aurait eu intérêt à prendre un profil bas durant sa comparution, à la suite des événements déplorables de lundi qui donnent à penser qu'on est, trop souvent, un syndiqué avant d'être un représentant de l'ordre.

Voilà que le chef syndical des policiers annonce des «perturbations sociales» avant de décréter que la commission parlementaire est une «farce». Le discours des carrés rouges a traversé la barricade.

Pierre Moreau, le ministre des Affaires municipales, a eu raison de lui remonter les bretelles en lui rappelant le serment qu'il a prêté en devenant policier.

Les différentes organisations syndicales se sont présentées comme des défenseurs du statu quo dont le message est simple: aux contribuables de ramasser la facture.

Ceci dit, le projet de loi 3 n'est pas parfait et devra être amendé pour inclure, notamment, un opting out (droit de retrait) pour les villes qui ont conclu des ententes avec leurs employés. Le niveau de capitalisation (90-100-120%) est aussi à définir.

L'os demeure, évidemment, les déficits passés des caisses de retraite qui, selon la législation, devraient être assumés à 50-50 par les villes et les employés.

Je crois que les deux parties ont intérêt à se rejoindre sur cette question. Les syndicats ont le fardeau de sauver les régimes à prestations déterminées (le retraité connait le montant de sa pension) qui sont en voie de disparition.

Ce type de régime (contrairement aux cotisations déterminées) assure un filet social pour une population vieillissante à condition qu'il y ait suffisamment d'argent dans la caisse.

Le projet de loi 3 a été taillé pour Montréal et Québec, mais il concerne tous les Québécois qui ont dû, à plusieurs reprises, pomper des centaines de millions de dollars pour combler les déficits des caisses des employés de la Métropole.

Quand on sait que plus de 60% des contribuables n'ont aucun fonds de pension! La solidarité est, doit-on déduire, une solidarité de caste dans le secteur public.

Depuis des années, des villes demandent au Québec de venir corriger leur générosité du passé. Le gouvernement a lancé le mouvement, suivi par le gouvernement Couillard qui a mis ses culottes dans ce dossier.

Le ton a baissé lors de l'étude du projet de loi et Pierre Moreau a manifesté plus d'ouverture sur des modifications et il faut s'en réjouir.

La question des retraites est très sensible et rejoint une large partie de la population, directement ou non. Le gouvernement est conscient que c'est un enjeu chaud, sans doute plus chaud que celui des compressions à venir dans les programmes gouvernementaux.

En début de mandat, il n'a donc pas le droit de capituler, car il est en train d'établir le modèle qui sera appliqué à l'appareil de l'État et, par la bande, un modus operandi pour les ministres.

Pierre Moreau trace le sillon pour les Martin Coiteux (Conseil du Trésor) et Gaétan Barrette (Santé)... qui auraient intérêt à prendre des notes.

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