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Laïcité: content et déçu des réponses des candidats péquistes

Laïcité: content et déçu des réponses des candidats péquistes
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Jeudi soir dernier, lors du 5e débat de la course à la chefferie du Parti québécois, une question sur la laïcité fut posée, à savoir, étant donné les divisions à la fois dans la société et parmi les députés eux-mêmes engendrées par le projet de loi 60 de Bernard Drainville, s'il ne fallait pas reconsidérer ce modèle de laïcité à la française basé sur l'interdiction des signes religieux. C'est Alexandre Cloutier qui a donné le ton en répondant que dans la ligne des Parizeau, Landry, Duceppe, il se rangeait sur cette question du coté des recommandations du rapport Bouchard-Taylor, à savoir de restreindre cette interdiction au personnel en autorité (policier, juge, etc.), mais en y ajoutant les enseignants, le tout assorti du retrait éventuel du crucifix de l'Assemblée nationale. Les autres candidats et candidate signifièrent leur accord à cette proposition d'un « Bouchard-Taylor plus ».

Je suis content que ma question ait provoqué ce consensus parmi les aspirants. Il ne s'agit pas d'une remise en question de la position de Bernard Drainville (comme le titrait le Journal de Montréal, le lendemain du débat) puisque celui-ci avait déjà reculé par rapport à ses propositions initiales en laissant entendre que si des élections n'avaient pas été déclenchées, en bout de course, il aurait accepté la position de la CAQ, qui est, à peu de chose près, celle autour de laquelle les candidats se sont entendus jeudi soir, et cela, afin de faire adopter son projet de loi sur la laïcité.

Mais je suis déçu aussi. Parce que le modèle retenu est toujours le même celui d'établir une soi-disant laïcité par l'interdiction des signes religieux. Faire moins de la même chose ne rend pas ce modèle acceptable et moderne. Réserver l'interdiction de signes religieux aux personnes en autorité laisse faussement entendre que leur autorité professionnelle serait diminuée ou de quelque manière aliénée par le port d'un signe religieux. Il s'agit d'une croyance qui ne repose sur aucun fait. C'est donc de l'obscurantisme. Je m'inscris donc en faux contre ce modèle de laïcité à la française. J'aurais souhaité, mais c'est naïf, qu'en réponse à ma question. On ose questionner ce modèle parce que d'autres modèles ont été,je suppose, proposés en Commission parlementaire sur le projet de loi 60 dont le mien.

J'y proposais essentiellement que, dans l'espace préalablement déclaré laïc, tous les signes religieux, y compris ceux portés par des personnes, soient, par convention démocratique, désactivés de leur fonction cultuelle et ne représentent plus qu'une fonction culturelle québécoise, celle de rappeler trois valeurs importantes et rassembleuses pour notre peuple: liberté, fidélité, partage.

Agir ainsi placerait, selon moi, les personnes devant un choix moral, un choix de conscience: si je ne peux accepter que mon signe religieux change ainsi de fonction quand je suis au travail dans une institution publique officiellement laïque, je peux décider de le laisser à la maison. Donc je parle d'une laïcité qui n'interdit pas, mais qui appelle à plus de conscience et à plus de liberté. C'est donc une laïcité à la québécoise que j'aurais aimé que nos candidats à la chefferie puissent évoquer.

Comme le répondait PKP à une question d'un journaliste après le débat, à savoir s'il interdirait le port de signes religieux aux employés des CPE: on a encore trois ans pour y réfléchir. Et bien, moi aussi, j'espère qu'il y aura une réflexion plus poussée sur cet enjeu de la laïcité qui pourrait être, et pourquoi pas, une laïcité à la québécoise.

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