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Téo Taxi ferme ses portes: doit-on s’en inquiéter ou y voir une opportunité?

Les déboires de Téo pourraient être une opportunité pour le gouvernement afin de résoudre le problème de transition de l'industrie du taxi.
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Téo proposait un nouveau modèle d’affaires où les risques financiers ne sont plus supportés par les chauffeurs, mais bien par l’entreprise.
CP/Paul Chiasson
Téo proposait un nouveau modèle d’affaires où les risques financiers ne sont plus supportés par les chauffeurs, mais bien par l’entreprise.

Touché par d'importantes difficultés financières, l'entreprise Téo Taxi a annoncé officiellement qu'elle mettait fin à ses activités. Doit-on s'en inquiéter ou est-ce une opportunité pour notre société?

Avant l'arrivée de Téo, les usagers avaient l'option de deux types de services de transport urbain soit les taxis et Uber. Chacun fonctionne selon un modèle d'affaires différent.

Le modèle d'affaires des taxis est basé sur l'achat de licences d'exploitation qui peuvent appartenir soit à des particuliers ou à des regroupements de chauffeurs. Les revenus des travailleurs sont variables et les risques associés dépendent uniquement d'eux-mêmes. Ces travailleurs sont pour la plupart dépendant de services de répartiteurs pour assurer une distribution équitable des courses.

Uber propose un modèle basé sur une technologie qui remplace le service de répartiteurs par une application logicielle. Les chauffeurs peuvent alors gérer de façon autonome leur course, ce qui leur donne plus de liberté. Ces derniers n'ont pas à payer de frais de licence au gouvernement, mais doivent donner des redevances pour utiliser les services d'Uber.

Téo proposait un nouveau modèle d'affaires où les risques financiers ne sont plus supportés par les chauffeurs, mais bien par l'entreprise.

Arrive alors Téo qui propose un nouveau modèle d'affaires où les risques financiers ne sont plus supportés par les chauffeurs, mais bien par l'entreprise. Contrairement à Uber, ce nouveau modèle respecte la législation gouvernementale en rachetant les licences des taxis et assure un salaire décent pour les chauffeurs.

L'utilisation de véhicule électrique devait leur permettre de réduire les coûts d'exploitation et ainsi assurer la viabilité de l'entreprise. Malheureusement, le marché a fait en sorte que les bénéfices n'étaient pas au rendez-vous assez rapidement et l'entreprise a dû lancer la serviette.

Premier et dernier kilomètre

L'un des segments desservis encore par l'entreprise privée est celui du premier/dernier kilomètre. Ce segment représente les déplacements entre la maison ou le bureau des usagers et l'accès aux réseaux de transport collectif.

Le réseau de transport collectif actuel comprend en première ligne des trains qui acheminent les passagers des banlieues vers le centre-ville. Par la suite, les grands axes de déplacement sont couverts par les métros. On a finalement le réseau d'autobus qui sillonne le réseau de routes secondaires.

Cependant, lorsqu'un usager veut se déplacer d'un bureau à l'autre ou bien se rendre à une station de métro la plus proche, il doit soit prendre un taxi ou un transport actif (ex.: marche, vélo). C'est ce qu'on appelle le problème d'accès au premier/dernier kilomètre (first-mile/last-mile, en anglais).

Historiquement, nos gouvernements ont choisi de laisser l'entreprise privée s'occuper de ce segment probablement pour des questions de coûts, mais également des questions historiques, car l'industrie du taxi existe depuis très longtemps.

À mon avis, les déboires de Téo sont une opportunité pour le gouvernement afin de résoudre ce problème de transition de l'industrie du taxi.

Ce n'est que très récemment que l'industrie du taxi fait face à la compétition d'autres joueurs dans leur cours, comme Uber et Lyft. Ces derniers proposent des modèles d'affaires différents et viennent miner de façon appréciable la viabilité du modèle de l'industrie du taxi, basé sur les licences. Face à cette nouvelle concurrence qui ne respecte pas les mêmes règles, l'industrie du taxi et les chauffeurs font face à la dégringolade des prix de leurs licences.

Nouveau commencement

À mon avis, les déboires de Téo sont une opportunité pour le gouvernement afin de résoudre ce problème de transition de l'industrie du taxi.

Le gouvernement (seul ou en partenariat avec le privé) pourrait décider qu'il s'occupe dorénavant d'offrir des services de taxi dans les grandes villes, afin de résoudre le problème du premier/dernier kilomètre.

Ce service serait une continuité dans l'offre de transports collectifs. Il pourrait être basé sur le modèle technologique que Téo proposait. Le gouvernement offrirait alors un service intégré couvrant les transports de porte-à-porte, des banlieues vers la ville.

Pour ce faire, le gouvernement pourrait investir dans le rachat des licences des taxis et investirait dans le réseau de véhicules de taxis électriques (comme le proposait Téo). Ceci permettrait à cette industrie d'assurer une meilleure transition vers une économie verte et durable. Ce concept d'intégration verticale des services de transports pourrait s'appliquer dans un premier temps dans la région à grande densité.

Finalement, il faudra que le gouvernement légifère correctement afin de mettre les règles claires pour toute l'industrie et que ce nouveau modèle de transports urbains ne soit pas miné par l'arrivée d'autres entreprises étrangères.

Lors de sa création, Alexandre Taillefer avait une vision de son entreprise qui visait à révolutionner le monde du taxi. Son approche était responsable et respectueuse des employés et de l'environnement.

Le problème dans le pari que M. Taillefer a pris était de penser qu'il pouvait faire des bénéfices rapidement basés sur des concepts de développement durable. Ce type de développement est très louable et devrait être valorisé par nos entreprises. Cependant, il est difficile à rentabiliser, d'où l'importance que les gouvernements s'en mêlent et aient une vision à long terme. Après tout, il le fait déjà pour les autres segments du réseau de transport collectif (bus, métro, train).

Il faut parfois faire preuve d'audace et cesser de se faire dicter notre développement par les banques et les gros investisseurs.

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