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Le moyen est le message: Justin Trudeau et le Parti libéral du Canada

En politique, le fond du message demeure très secondaire, surtout en notre époque où les partis cherchent tous à se recentrer et où la dynamique médiatique tend à personnaliser les oppositions politiques autour de quelques figures publiques avec des sondages évaluent sans cesse la popularité des chefs.
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Fait intéressant: il y a peu de temps, on reprochait constamment au Parti libéral du Canada (PLC) de se chercher politiquement, de n'avoir pas de message clair à offrir aux citoyens et aux citoyennes. C'était une des principales raisons avancées par les journalistes et les experts patentés de la politique canadienne pour expliquer la déconfiture du PLC aux élections de 2008 (26,2% des votes exprimés et 76 sièges à la Chambre des communes) et de 2011 (18,9% et 34 sièges). C'était l'ère de Stéphane Dion et Michael Ignatieff, deux leaderships mal assurés, deux universitaires qui peinaient parfois à communiquer avec la population.

Depuis l'arrivée de Justin Trudeau à la tête du «natural government party», pour reprendre l'expression du politologue canadien Reginald Whitaker, le problème du positionnement idéologique des libéraux fédéraux n'est plus invoqué.

Pourtant, à ma connaissance, il n'y a pas eu de congrès de réorientation ni de changement de cap majeur pour ce parti depuis que Trudeau fils en a pris la tête. Mise à part la question de la marijuana et de sa décriminalisation, évoquée dernièrement par Trudeau, la seule différence se situe du côté du style de la chefferie et de sa garde rapprochée.

Qu'on ne l'aime pas pour différents motifs (et c'est mon cas), il n'en demeure pas moins que Trudeau réussit là où ont échoué ses deux malheureux prédécesseurs: il sait séduire et il a plus d'aisance en public, dans les bains de foule.

La performance de Trudeau jusqu'à ce jour en est presque exclusivement une de forme, de style, le fond du message n'a pas encore été touché. Il faut espérer pour lui que son équipe de proches conseillers saura lui trouver les bonnes idées, au bon moment, pour que la séduction continue à opérer, car laissé à lui-même, Trudeau semble arriver rapidement au bout de ses idées. Nous avons tous vu et entendu ce dernier sur des capsules vidéo, en entrevue, où il avance des banalités et des lieux communs, avec style et un sourire charmant certes, mais des simplicités tout de même.

Lorsqu'il quitte sa zone de confort, il se retrouve rapidement en terrain escarpé, notamment lorsqu'il a affirmé par le passé que les Québécois francophones qui ne parlent pas anglais sont paresseux. Ma bourde préférée demeure toutefois celle où il a affirmé que le Canada de Stephen Harper lui rendait sympathique l'idée de la souveraineté du Québec.

On peut donc conclure qu'en politique, le fond du message demeure très secondaire, surtout en notre époque où les partis politiques cherchent tous à se recentrer, puisque c'est au centre qu'on suppose le plus grand bassin d'électeurs et d'électrices. En notre époque aussi où la dynamique médiatique tend à personnaliser les oppositions politiques autour de quelques figures publiques, et où les sondages évaluent sans cesse la popularité des chefs.

On peut conclure aussi que la forme du message résume à elle seule, ou presque, le message. En effet, si la question du fond du message des libéraux semble s'être réglée d'elle-même, et ce sans changement idéologique ou de programme, donc en disant sensiblement la même chose, mais différemment, on peut donc dire avec le philosophe canadien Marshall McLuhan que le moyen de communiquer le message «est» le message («the medium is the message»).

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