Puisque c'est l'été, qu'il fait beau et chaud, je me risque à un roman que je ne ferais pas en temps ordinaire... J'ai dû attraper une sorte d'insolation!
Lorsque le vieil historien Martinho Toscano meurt subitement d'une crise cardiaque, emportant avec lui ses recherches et ses secrets, la Fondation pour l'histoire des Amériques, un organisme New Yorkais privé à but non lucratif, se tourne vers Tomás Noronha pour compléter les travaux et surtout découvrir ce que Toscano cherchait à cacher. De paraboles en énigmes, péniblement, il va parvenir à mettre à jour tous les secrets sur la véritable identité de l'explorateur Christophe Colomb : Italien, Espagnol, Portugais? Un catholique ou bien un juif? Mais Noronha ignore encore que le plus difficile l'attend dans le détour de ce Codex 632, Le Secret de Christophe Colomb.
Il y a quelque chose de fascinant à ces romans qui refont l'histoire, fouillant les manuscrits anciens, jusqu'au papyrus parfois. Les théories du complot n'auraient, autrement, aucun succès. Qu'est-ce qu'on nous cache? De quelles idées reçues sommes-nous les victimes? Dans le genre, il y a eu de très grands romans. Je pense à Le Nom de la rose et au Pendule de Foucault d'Umberto Eco, et à un immense succès planétaire -- quoique nettement plus caricatural -- comme Le Code Da Vinci. C'est dans ce genre-là, donc, que s'inscrit l'auteur portugais J. R. Dos Santos avec son personnage Tomás Noronha dont voici la première aventure, Codex 632, Les Secrets de Christophe Colomb (qui parait quelques années après ses trois aventures subséquentes, aléa de l'édition...).
Il y aura toujours pour moi un problème structurel majeur à ce genre de suspense historique en forme de jeu de piste : le lecteur, quelles que soient ses connaissances, en sait bien moins sur le sujet du livre - ici, la découverte du Brésil et surtout l'identité réelle du découvreur des Amériques -- et il est donc à la remorque des trouvailles des protagonistes et en fonction de ce que le narrateur accepte de révéler ou de taire. Ce lecteur est pris en otage et son libre arbitre lui est retiré. Le rôle est passif, voire ingrat, mais, s'il est convenu, il ne peut être acceptable qu'à une condition : le roman doit être mené avec habileté, concision et honnêteté, sinon le récit sombre dans la fabrication et le roman à clefs perd sa voûte!
Dans le Codex 632, l'intrigue de départ est alléchante : retrouver toutes les traces laissées par l'illustre navigateur Christophe Colomb afin de révéler une identité encore aujourd'hui voilée par le mystère. Le professeur Noronha démonte graduellement les messages codés laissés par l'historien Toscano et parvient à des résultats étonnants.
Cependant, le roman est inégal. De trop longues tergiversations sur le patronyme de Colomb (Colón, Colombo, etc.) et des scènes répétitives alourdissent la lecture. Le personnage de Tomás Noronha est un cliché du genre; il tombe amoureux d'une Lolita (qu'on voit venir de loin), trompant ainsi sa femme dont il s'était éloigné et vers laquelle il revient, repenti! À croire qu'il n'y a pas moyen d'être un expert en hiéroglyphes et habile détrousseur de messages chiffrés sans être un beau et séduisant professeur, prêt à s'offrir la plus jolie gamine. Les codes du genre semblent aussi inaltérables que la série Harlequin... Noronha, de plus, a une propension à croire ses sujets d'intérêts bien au-dessus de ceux de ses semblables, ce qui, ma foi, le rend insupportable.
Et pour terminer, la version française est une traduction de l'anglais. Or, la version originale est en portugais. Si traduire est trahir, imaginez le second niveau!
Bref! Je ne me suis toujours pas réconcilié avec le suspense ésotérique. Codex 632, Le Secrets de Christophe Colomb de José Rodrigues Dos Santos s'adresse aux friands du genre, sans plus!
José Rodrigues Dos Santos, Codex 632, Le Secret de Christophe Colomb, Éditions HC. Traduit de l'anglais par Cindy Kapen (Codex 632 : The Secret of Christopher Columbus, 2005 [O Codex 632, 2005]). Mai 2015. 372 pages.
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