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Levons le voile sur la grève étudiante

Cette lettre ne se veut pas être un discours en faveur ou contre l'augmentation des frais de scolarité. Elle a pour unique objectif de lever le voile sur le discours parfois trompeur véhiculé par les dirigeants des mouvements étudiants quant au recours à la grève comme moyen de pression.Le discours entourant le mouvement de protestations étudiantes est fortement emprunté des mouvements syndicaux. Les termes « grève », « négociations », « assemblée », « vote de grève », « lignes de piquetage » sont utilisés sans nuance par les dirigeants des associations étudiantes et leur fédération.
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CP

Cette lettre ne se veut pas être un discours en faveur ou contre l'augmentation des frais de scolarité. Elle a pour unique objectif de lever le voile sur le discours parfois trompeur véhiculé par les dirigeants des mouvements étudiants quant au recours à la grève comme moyen de pression.

Le discours entourant le mouvement de protestations étudiantes est fortement emprunté des mouvements syndicaux. Les termes «grève», «négociations», «assemblée», « vote de grève », «lignes de piquetage» sont utilisés sans nuance par les dirigeants des associations étudiantes et leur fédération.

La grève est un droit syndical, qui ne peut être acquis qu'en cour de négociation de la convention collective avec droit acquis par scrutin (50% des membres votants étant pour ce moyen de pression). Les grèves protègent les salariés. Ceux-ci peuvent recevoir une compensation de leur centrale syndicale et les briseurs de grève sont prohibés. De plus, un employé ne peut être « puni » pour avoir été en grève. Lors du retour au travail, l'employé conserve son ancienneté, il ne peut subir de démotion ou être renvoyé.

Malheureusement, les étudiants semblent persuadés qu'ils sont, au même titre que des employés syndiqués, protégés par la loi et qu'ils ne pourront être « punis » pour avoir eu recours à une grève. Or, cette croyance n'est en aucune façon fondée!

Les étudiants ne sont ni syndiqués, ni travailleurs. Ils n'ont aucune convention collective, aucun contrat de travail, aucune condition d'emploi à revendiquer. Pourtant, les dirigeants de leurs associations étudiantes leur laissent croire qu'ils jouissent des mêmes droits que des travailleurs en grève et que les mêmes principes syndicaux s'appliquent... Ils vont jusqu'à intimider les étudiants qui renoncent à ce moyen de pression en invoquant l'interdiction de franchir les lignes de piquetage.

Admettons une situation où 60% des étudiants ont voté pour la grève. Ce 60% peut-il interdire aux 40% contre la grève et aux nombreux étudiants n'ayant pas voté d'assister à leurs cours? Absolument pas! C'est aberrant de voir à quel point les étudiants semblent mal informés ou manipulés par ce faux-semblant syndical...Si la grève généralisée a lieu, si les cours n'ont d'autres choix que d'être annulés pour cause

de conditions anormales pendant plus de 3 semaines, les étudiants pourraient voir leur session annulée... Se feront-ils rembourser leurs frais de scolarité pour la session d'hiver qui s'élève à plus de 1000$ par étudiant)? Certainement pas ! Les universités pourront-elles obliger les chargé(e)s de cours et professeur(e)s à reprendre les cours? Certainement pas !

Alors qui est perdant? Au final, les étudiants pourraient mettre en péril leur diplôme, échouer leur session et perdre l'argent qu'ils y ont investi ! Argent qui représente près du 2/3 de l'augmentation des frais qui est, quant à elle, étalée sur 5 ans. Alors que les grèves se veulent un moyen de priver les organisations d'une ressource importante (la main d'oeuvre), la « grève étudiante » ne privera qu'un seul groupe: les étudiants eux-mêmes!

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