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Le futur du Tour de France: les femmes et plus de drapeaux

La centième édition du Tour de France aura, en juillet 2013 (s'il échappe à un scandale de dopage), couronné comme jamais l'universalité du cyclisme.
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La centième édition du Tour de France aura, en juillet 2013 (s'il échappe à un scandale de dopage), couronné comme jamais l'universalité du cyclisme. Un Britannique né au Kenya, dégrossi en Afrique du Sud et formé au Centre mondial du cyclisme d'Aigle (Suisse), Chris Froome, l'a emporté ; un Colombien, Nairo Quintana, en a été la révélation : deuxième, meilleur grimpeur, meilleur jeune ; un Slovaque de 23 ans, Peter Sagan, a conquis le maillot vert pour la deuxième fois ; un premier Sud-africain, Daryl Impey, a porté le Maillot Jaune ; plus significatif peut-être encore : les "vieilles nations" du cyclisme (France, Italie, Belgique, Espagne, Pays-Bas) ont été balayées, remportant moins de 20% des étapes face aux pays moins traditionnels : Grande-Bretagne, Allemagne, Australie, Colombie, Portugal, Irlande, Slovaquie...

Le futur du Tour s'inscrit donc dans sa globalisation, amorcée dans les années 80. Le Tour de France en tire-t-il le meilleur parti ? Ce n'est pas certain. À l'heure où les générations de fans, en France, et où les nouvelles technologies permettront de plus en plus, à travers le monde, de partager "l'expérience du Tour", ses organisateurs tireront de plus en plus leurs revenus de sa résonance universelle. Demain, des champions cyclistes venus d'Erythrée, du Rwanda, de Chine, émergeront. Le milliard de téléspectateurs actuels, servis par 80 chaînes de télévision, devra croître. La notion de "drapeau" sera de plus en plus prégnante.

Ne plus évoquer des "équipes nationales", mais "identitaires"

Le modèle économique actuel (organisateurs privés, équipes privées) n'est peut-être pas le plus apte à répondre aux enjeux du futur. David Lappartient, le président de la Fédération française et de l'Union européenne de cyclisme, a émis en début d'année l'idée d'un Tour disputé par "équipes identitaires" : maillot national, financement privé. On n'en était d'ailleurs pas très éloigné dans le peloton 2013 à travers les exemples des Britanniques de Sky, des Australien de GreenEdge ou encore des Kazakhs d'Astana.

Lappartient n'a pour le moment reçu qu'une indifférence à peine polie d'un milieu très conservateur. Sa démonstration est pourtant placée sous le signe du bon sens : avec des maillots aux couleurs des drapeaux, les audiences du Tour seraient considérablement accrue partout dans le monde, car les plus grands événements du sport mondial (JO, Coupes du monde) se déroulent ainsi. Ses revenus seraient en conséquence, et permettraient à tous, organisateurs comme acteurs, de mieux vivre, dans un nouveau partage de revenus. Sans doute ne devait-il pas faire référence aux "équipes nationales", formule qui fit le succès du Tour au milieu du siècle dernier, mais qui disparut en 1968. Elle est en effet obsolète dans la mesure où elle ne propose aucun modèle économique viable.

L'association "public - privé" défendue par Lappartient mériterait en revanche d'être débattue sur le fond, imaginant des sélections par grands pays de cyclisme (Etats-Unis, Australie, Russie, Grande-Bretagne, Colombie et Allemagne autant que France ou Italie), par grandes régions (Scandinavie ou Balkans) et continents (Afrique, Asie...) pour regrouper les talents plus isolés.

Jacques Marchand, journaliste historique du Tour, a également décliné l'idée dans son dernier livre ("Quel Tour pour demain", éditions Le Pas d'oiseau), où il évoque même un "championnat du monde des nations des courses de longue durée (...) dont le classement, comme dans toutes les autres disciplines du sport collectif, s'établirait par nations." C'est aller un peu loin, mais permet de réfléchir au delà du modèle actuel du Tour de France, à la longue très fragilisé par les nombreuses affaires de dopage, liées autant aux managers des teams qu'à des champions emblématiques. Il est savoureux de constater que pour des arguments marketing très contemporains, l'équipe FDJ.fr avait décidé, pour la centième édition du Tour, d'arborer un maillot bleu qui n'était pas très éloigné de celui d'une équipe de France...

Des équipes mixtes avant l'édition 200 !

Cette réflexion sera peut-être prise de vitesse par une autre, qui ouvrirait le Tour de France aux femmes. Un « Tour féminin » (d'ailleurs remporté trois fois par Jeannie Longo) a existé dans les années 80, mais a disparu faute de moyens. À l'heure de la parité, souci majeur entre autres du CIO (aucune discipline non mixte n'entrera plus au programme des JO), l'idée de sa renaissance a été portée ces dernières semaines par deux championnes olympiques, la Néerlandaise Marianne Vos et la Britannique Emma Pooley, à travers une pétition à Amaury Sport Organisation, l'opérateur privé. Elles ont déjà rassemblé plus de vingt-mille signatures. Elles réclament un événement à la mesure des progrès évidents effectués depuis vingt ans par le cyclisme au féminin, et la large pratique d'un vélo sportif par de plus en plus de femmes. Marianne Vos et Emma Pooley n'évoquent pas encore des équipes mixtes dans la même épreuve, comme les proposent par exemple La Haute Route, la plus exigeante des épreuves cyclistes de masse. Cela viendra sans doute, avant l'édition 200 du Tour de France...

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