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«L'année la plus longue»: le livre de l'année bissextile

Avec ce premier roman, Daniel Grenier fait une entrée très remarquée.
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2016, année bissextile. Une fois tous les 4 ans, le 29 février s'impose dans nos vies et on ne peut s'empêcher d'avoir un moment de sympathie pour les pauvres mortels nés à cette date. Quand j'étais jeune, j'avais toujours une pensée émue pour le joueur de hockey Henri Richard, qui devait attendre 4 ans pour célébrer officiellement son anniversaire. Comme si ce n'était déjà pas assez de vivre dans l'ombre de son légendaire frère Maurice.

Il y a dans cette entorse au calendrier une matière riche à développer pour quiconque a un esprit curieux. Juste d'expliquer comment on en est arrivé à cette solution d'un 366e jour aux quatre ans pour être en harmonie avec les lunes, c'est déjà un beau défi.

On peut penser que Daniel Grenier appartient à cette catégorie, car il a bâti son roman L'année la plus longue sur la prémisse d'une naissance le 29 février.

C'est le cas du pivot de son récit, Thomas Langlois, qui voit le jour en l'année bissextile 1980. Pour son père, Albert Langlois, cette naissance sera le déclenchement d'une obsession pour retrouver les traces d'un lointain ancêtre, Aimé Bolduc, né lui-même un 29 février 1760. Le décor est planté pour un voyage dans le temps et l'Amérique. Sur plus de 400 pages et 300 ans d'histoire.

En faisant d'Aimé un personnage qui vieillit au rythme d'une année tous les 4 ans, Daniel Grenier peut lui faire jouer un rôle dans l'occupation anglaise de Québec, la guerre de Sécession aux États-Unis, l'avènement du cinéma, la prohibition et, bien sûr, dans le germe de sa descendance, même si cela n'est pas une évidence.

Cela nous vaut des pages tour à tour épiques et émouvantes, qui tiennent du roman de guerre, d'histoire, d'amour, empruntant même à la littérature fantastique. En effet, on ne vit pas autant de vies sans parfois flirter avec les fantômes ou donner l'impression d'en être un.

Parallèlement au destin rebondissant d'Aimé, qui en passant change constamment de nom, il y a la vie de Thomas, qui se partage entre les États-Unis et le Québec. Aux États-Unis, parce que sa mère est Américaine et que c'est là qu'il naît, à Chattanooga, Tennessee ; et au Québec, parce qu'il y rejoint un jour son père qui vit à Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie.

L'auteur ne s'en cache pas, il voulait faire un grand roman américain, et sa conception de l'Amérique inclut le Québec. Le titre de travail de son récit était d'ailleurs Appalaches, du nom de cette chaîne qui unit naturellement le nord et le sud.

En toile de fond, l'écrivain évoque aussi la présence autochtone, des premiers occupants de ces vastes contrées, histoire de secouer l'amnésie que l'on cultive à leur égard.

Daniel Grenier a du souffle. Son écriture séduit et captive à la fois. Il est aussi habile à raconter une scène de la vie quotidienne dans le Montréal des années 1860 qu'une bataille sanglante dans une forêt du Mississippi, ou le lendemain du bogue de l'an 2000 qui n'a pas eu lieu. Pour que le projet de lecture de L'année la plus longue soit un succès, il faut un lecteur volontaire, car le récit n'est pas chronologique. La configuration finale du casse-tête qui nous est proposé met du temps à s'imposer.

Il n'y avait pas grand chose pour m'attirer vers ce livre. Le roman de guerre, d'histoire, de science-fiction (il y a un peu de ça aussi vers la fin du livre), le fantastique ne sont pas des genres qui m'intéressent particulièrement. Je dois confesser que c'est une forme de narcissisme qui m'y a conduit. Des personnes m'ont dit qu'on parlait de moi dans le roman de Daniel Grenier, me donnant même le numéro des pages. Avouez que c'est assez pour avoir la curiosité piquée. Mais lire ces lignes où un journaliste décrit l'effondrement des tours du World Trade Center en direct à la télévision ne rimait à rien si je n'avais pas tout lu le reste. Ce que j'ai fait et, pour moi, cette lecture aura été une autre retombée des événements du 11 septembre dans ma vie : la découverte d'un auteur extrêmement prometteur.

Et je ne suis pas le seul à le penser. Avec ce premier roman, paru aux éditions Le Quartanier l'automne dernier, Daniel Grenier fait une entrée très remarquée. Son livre est en passe de devenir LE livre de cette année bissextile 2016.

L'année la plus longue est finaliste pour le Prix littéraire des collégiens qui sera remis en avril, et pour le Prix des libraires, attribué en mai. Il fera également partie de la rentrée littéraire d'automne en France aux Éditions Flammarion.

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