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Sommes-nous encore une société?

Une société doit trouver les ressources nécessaires à l'épanouissement de ses enfants. En standardisant, elle nivelle et c'est toujours vers le bas. Faisons des cruches et soyons-en fiers. Laissons aux prochaines générations le soin de régler tout ça.
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Depuis quelques semaines, plusieurs choses m'interpellent. Comment qualifier une société qui coupe dans l'alimentation et les soins des vieux? Comment peut-on couper dans ceux des enfants? Comment pouvons-nous endurer les usines à chiots et les mauvais traitements qu'ils subissent.

Si la richesse et l'évolution d'une société se définissent par les soins qu'elles apportent à ses vieux, ses enfants et ses animaux, on est mal partis.

L'indécence des ventripotents membres du parlement, des présidents de grandes banques et des dirigeants de sociétés face à la détérioration du tissu social devient tous les jours de plus en plus patente et cruelle. Mais il n'y a pas qu'eux, il y a ceux qui composent tout comme moi cette société progressiste.

« Il faut couper dans le gras ». Quelle jolie phrase vide de sens.

Comment demander aux employés des CHSLD de couper dans les petits biscuits du soir, de diluer les jus, donner une demi-toast, diminuer les portions de moitié, rationner dans tout. Pire, laisser les vieux dans leur souillure par manque de personnel. « Faire plus avec moins »... Le prix Nobel qui a pondu cette phrase devrait être envoyé dans un de ces centres pour goûter aux plaisirs de la vieillesse dorée. Nos vieux se sont battus avant nous. Ils ont travaillé, peiné et tenté de nous rendre plus instruits, plus outillés. Maintenant qu'ils sont dérangeants, inutiles et faibles, le gouvernement, donc nous, les parque dans des mouroirs nauséabonds et silencieux. Il est vrai que peu d'entre nous les visitent. Aujourd'hui, des génies de la structure viennent couper dans les services. Certains régimes totalitaires l'ont déjà fait!

Maintenant, comment et pourquoi couper dans ce qui sera notre avenir? Sommes-nous si nombrilistes? Le gouvernement, donc nous, a décidé de couper dans tout ce qui n'est pas livres ou pédagogie. Ramasser un tas de moutons qui recevront la même chaudière de moulée et tant pis pour les plus faibles. Nous, qui avons tant reçu, comment pouvons-nous laisser pour compte des enfants qui à la toute fin, faute d'intervenants formés, deviendront des inadaptés sociaux.

Ne pas donner de lait le matin aux enfants, enlever les collations n'est peut-être pas mortel, mais immoral. Mais couper dans les services d'appoint, embourber des classes tout en sachant que se sera un échec, changer les diagnostics pour ne pas encombrer le réseau de la santé, c'est criminel. La prochaine génération sera composée de plus d'enfants autistes, Asperger, TDAH qui, faute de suivi, auront des besoins plus criants lorsqu'ils seront devenus adultes. C'est vrai, on les parquera, on le fait déjà avec les vieux! Ou... iront-ils garnir le lot des mésadaptés sociaux qui grouillent dans nos rues, ceux que l'on a si bien désinstitutionnalisés. Bien sûr, ils seront le lot d'un autre ministère.

Je ne peux passer sous silence un mot malheureux d'une officier de police gradée, lors d'une enquête de pédophilie : « Pas la peine de téléphoner, ça se passe entre autistes. » Ou celui d'un médecin: « Il n'est pas autiste, juste tannant! »

Oui, pour certains, ce sont des bibittes rares, des « Rain Man ». Mais ces bibittes rares parsèmeront notre futur. Ils seront pour plusieurs nos chercheurs, nos scientifiques, nos musiciens, nos mécaniciens, nos artistes de talent, nos enseignants et futurs parents.

Une société doit trouver les ressources nécessaires à l'épanouissement de ses enfants. En standardisant, elle nivelle et c'est toujours vers le bas. Faisons des cruches et soyons-en fiers. Laissons aux prochaines générations le soin de régler tout ça.

Il y a aussi les bêtes: quand on pense que le Québec est la pire province, et de loin, en matière de protection animale, on peut dire que nous sommes un peuple distinct. La multiplication des usines à chiots, les exactions commises sur tous les animaux et le peu de cas qu'on en fait me font me poser cette question : sommes-nous une société?

Il nous reste du pain et des jeux, mais ça, les Romains les ont eus avant nous.

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