Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

C'était plus facile d'être flic dans le temps!

Maintenant, nos policiers sont bardés tout comme des «Robots Cops». On leur dit que c'est dangereux et ils le croient.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
La police de Montréal monte la garde devant l'hôtel de ville durant une manifestation.
Amru Salahuddien/Anadolu Agency via Getty Images
La police de Montréal monte la garde devant l'hôtel de ville durant une manifestation.

Je me suis fait dire ça par un jeune aspirant policier il y a quelques jours. Car pour lui, les gangs et les criminels sont plus violents aujourd'hui. Alors, sans trop réfléchir, je lui ai raconté comment ça se passait entre les années 60 et 90.

Lors des funérailles du sergent-détective Gilles Jean, j'avais été impressionné par le décorum. Des policiers marchant au pas cadencé, suivant la fanfare des pompiers, les gens qui saluaient au passage et moi qui avais un an de service. Courant après un voleur, l'homme avait foncé dans un appartement comme nous le faisions tous et que beaucoup continueront à faire. Une balle était venue le cueillir en pleine poitrine.

Être flic ne signifiait pas être blindé.

Je lui ai aussi raconté comment nous devions nous frotter quotidiennement aux matamores de la rue Saint-Laurent. Nous étions armés d'un petit bâton de 12 pouces en bois et d'un revolver Colt .38 qui avait peine à transpercer un manteau de cuir. Nous n'avions pas de veste anti-balles, pas de poivre, pas de teasers, pas de Walkie Talkie. Nous possédions nos poings, notre tête et beaucoup de chance.

Il faut se souvenir qu'à l'époque, il y avait sur la Main une dizaine de clubs et tout autant sur la Catherine. Je me souviens d'un Indien de l'ouest du pays mesurant plus de deux mètres et 130 kilos de muscles, qui avait ce joli tatouage sur la poitrine «I hate cops». Ce bonhomme nous en donnait pour notre argent les vendredis soirs de beuverie.

Nous avons aussi conduit en plein hiver, des voitures avec des trous dans le plancher, des pneus souvent usés à la corde et un chauffage déficient. Les appels urgents devenaient des courses folles et se finissaient régulièrement par une séance de pugilat.

Nous devions affronter les frères Dubois, avec leur QG du 157, Sainte-Catherine. Les Devils Disciples, les Italiens et les truands du coin comme le gang Brissette et quelques autres.

Je me suis rendu compte qu'en 32 ans de service, on a tenté de me tuer avec des revolvers, des fusils d'assaut, des fusils de chasse, une voiture, un camion, des bâtons de baseball, des barres de fer et des couteaux, bien sûr. En fait 31 fois... Sans veste, sans poivre... Comme tous ceux de mon époque. La question ne se posait pas... Quand il faut y aller... Faut y aller.

Les vestes anti-balles sont apparues dans les années 80, nous devions nous les acheter et les mettre sous notre chemise. Puis, le département fournira deux vestes par voitures, donc 10 hommes portaient ces mêmes vestes sous la chemise.

Maintenant, nos policiers sont bardés tout comme des Robots Cops. On leur dit que c'est dangereux et ils le croient.

J'ai fait le calcul à partir de 1968, jusqu'à 1996, 24 policiers de Montréal ont été tués en devoir. Entre 2000 et 2019, il y en a deux. Peut-être sont-ils plus conscients que nous l'étions. Mais non... Ce n'était pas moins dangereux à mon époque. Juste que nous avions un job à faire... On appelait ça, à l'époque, un «agent de la paix» et on y croyait.

La section des blogues propose des textes personnels qui reflètent l'opinion de leurs auteurs et pas nécessairement celle du HuffPost Québec.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.