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Mensonges et imputabilité

Monsieur Parent, le navire n'est plus près des récifs, il y est en plein dedans. Vous êtes un capitaine que personne n'écoute. Vous n'avez pas besoin de Brutus pour vous assassiner, vous êtes en plein. J'en suis peiné, mais il est temps de démissionner. C'est aussi ça l'imputabilité.
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Le Journal de Montréal du 2 octobre dernier nous apprenait que dans l'affaire Ian Davidson, la direction de la police de Montréal a menti à la population. Davidson avait plusieurs clés USB et ce ne sont pas 200 noms, mais des milliers de noms de sources qu'elles contenaient. Ceci, je l'ai dit il y a deux ans déjà. Ce ne sont pas les seuls sombres secrets que cache la direction du SPVM. Les mensonges servent à préserver l'image, mais à quel prix?

Ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est que si un citoyen devient criminel en commettant une action répréhensible, il doit être jugé et recevoir une juste peine. Alors pourquoi des policiers, des officiers de direction, des enquêteurs de sections spécialisées ou des amis du pouvoir peuvent échapper à cette loi universelle?

À l'époque où j'étais encore policier, j'ai maintes fois dénoncé certaines façons de faire de quelques officiers, pas toujours avec succès. Dans les années 2000, j'ai continué à rapporter ces façons de faire, sans plus de résultats. Aujourd'hui, l'un de ceux que je dénonçais croupit en prison, non pas du fait de son service, mais bien grâce à la SQ et la GRC. Un deuxième s'est suicidé pour ne pas s'y trouver, mais les atermoiements dans cette histoire ne sont pas dignes d'un corps de police de grande envergure.

Faut-il, encore une fois, énumérer la longue liste de policiers poussés vers la porte pour ne pas avoir à les condamner publiquement. Se débarrasser des pommes pourries en les mettant à la retraite n'est pas la solution. Quand la jambe est gangrénée, on ne met pas un cataplasme: on la coupe. À force de ne pas vouloir couper dans la chair, on finit par en mourir. Quelques policiers m'ont fait comprendre que ce qui se passait dans la police devait rester dans la police. Il y a quand même des limites et là, elles sont non seulement atteintes, mais dépassées.

J'ai toujours appuyé le directeur du SPVM Marc Parent, mais comme beaucoup d'ex-policiers et policiers encore en service, je suis estomaqué par le manque criant de transparence qui est devenu l'apanage de ce département. Messieurs les directeurs Gilbert, Vignola et De Lucas se retournent probablement dans leurs tombes.

Monsieur Parent, le navire n'est plus près des récifs, il y est en plein dedans. Vous êtes un capitaine que personne n'écoute. Vous n'avez pas besoin de Brutus pour vous assassiner, vous êtes en plein seppuku (rituel japonais par lequel les samouraïs se donnaient la mort pour sauver la face). J'en suis peiné, mais il est temps de démissionner. C'est aussi ça l'imputabilité.

Encore une fois, quand disposerons-nous d'une force d'enquête indépendante possédant tous les outils nécessaires. Une force qui se montrera intraitable envers les manipulateurs, les menteurs et les traitres. Une force à l'abri des amis des amis politiques.

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Avril 2018

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