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Les maîtres de la honte

De grâce, si vous ne voulez pas d'animaux n'en prenez pas. Si vous en prenez, ne les abandonnez pas.
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Un des intervenants, pourtant un dur à cuire, dira de ces euthanasies: «Chaque fois, c'est un peu de moi qui meurt».
Télé-Québec
Un des intervenants, pourtant un dur à cuire, dira de ces euthanasies: «Chaque fois, c'est un peu de moi qui meurt».

Cette semaine, j'ai été confronté —et le mot est faible — au documentaire Les animaux de la honte. Je l'avoue sans gêne, je n'ai pas pu le terminer. Moi, un ex-flic, ayant vu presque tout ce qui se faisait comme macchabés. Cette fois le cœur brisé, j'ai fondu en larmes, accablé par une nausée persistante pour le reste de la soirée.

D'entrée de jeu, on nous annonce que le Québec vient en tête de liste pour la cruauté animale. Une tête de liste dont j'aurais volontiers pu me passer.

Le documentaire raconte comment nous, les Québécois, traitons nos animaux de compagnie. Des chiens dont on ne veut plus, tirés à la carabine. D'autres, amenés vers un refuge attaché au parechoc de leur voiture, pour ne pas la salir. Puis, un fermier qui possède un refuge raconte: «Le chien derrière a trébuché et le gars ne l'a pas vu tomber. Il est arrivé comme ça.»

Certains sont abandonnés dans des champs de cultivateurs ou attachés au bord de l'autoroute. Un de mes amis a ramassé un chien comme ça, le pauvre chiot errait au bord de l'autoroute. Il gardera le nom de «Lucky», il aura vécu 17 ans d'un bonheur sans pareil. Mais pour un chien sauvé ainsi, des centaines d'autres disparaissent. Partout dans tous les refuges, les places deviennent de plus en plus rares pour eux.

Un des intervenants, pourtant un dur à cuire, dira de ces euthanasies: «À chaque fois, c'est un peu de moi qui meurt».

C'est encore pire pour les refuges incapables d'accepter les centaines de chats qu'on laisse à la porte dans des boîtes de carton et qu'on euthanasie faute de place. Regarder ces petits êtres mourir, puis mis dans un sac-poubelle, fut pour moi insoutenable. Pourtant tous les jours qui passent, des centaines de malheureux se retrouvent dans ces sacs mortuaires de plastique vert comme nos déchets, car pour notre société, c'est strictement ce qu'ils sont.

Dans ce documentaire, une dame raconte qu'une autre est venue rapporter le chien qui n'avait pas la bonne couleur pour son appartement. Un autre voulant avoir un chien pour l'été au chalet: «Ça va amuser les enfants!»

J'ai arrêté le visionnement quand un homme explique la boîte à sommeil: une chambre à gaz où on y entasse quelques chiens et ils crèvent en hurlant. C'en était trop! Je me suis revu ti-cul à Shawinigan, passant devant le poste de police possédant justement une de ses boîtes d'où sortait un tuyau noirâtre. Le tuyau de la mort. J'allais, malgré le refus des policiers, flatter des chiens qui se feraient gazer et les flattais au retour de l'école quand ils étaient morts. Je croyais maintenant ces temps révolus.

Vers minuit, lors de la dernière promenade de mes deux chiens, Léo et Rosie, je me suis surpris à m'excuser auprès d'eux pour notre comportement collectif. Je sais ils n'ont rien compris, mais il le fallait.

Comment nous, les êtres dits «humains» pouvons-nous accepter cet état de choses?

J'en suis encore au moment où je couche ces lignes sur cette page, complètement chamboulé. Comment nous, les êtres dits «humains» pouvons-nous accepter cet état de choses? Nous sommes là à condamner les Chinois qui tuent les chiens pour les manger. Nous, nous les tuons pour les tuer ou les abandonnons pour que quelqu'un d'autre fasse le sale travail à notre place.

Pouvons-nous collectivement devenir adultes et responsables? Ces êtres humains, oui... Pas des tables, pas des chaises, pas des emballages papier, des êtres qui souffrent, qui comprennent très bien ce qui se passe, pourrions-nous juste nous en occuper? Ce documentaire aurait dû s'appeler Les maîtres de la honte, car les bêtes n'y sont pour rien.

De grâce, si vous ne voulez pas d'animaux n'en prenez pas. Si vous en prenez, ne les abandonnez pas.

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