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Parlons pot: le Québec absent du débat et de l'industrie

La légalisation de la marijuana à des fins récréatives annoncée par le gouvernement Trudeau amènera des changements sociaux et économiques importants, mais la discussion au Québec tarde à démarrer, contrairement à ce qui se passe dans plusieurs provinces.
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Qu'on soit d'accord ou pas, on peut saluer la récente prise de position de la Direction régionale de la santé publique de Montréal sur les modèles de commercialisation de la marijuana récréative. Celle-ci a le grand mérite de lancer le débat. Car malgré le nombre croissant d'articles parus sur le sujet, il est étonnant de constater que ce qui devrait être un dossier chaud n'attire jusqu'à maintenant qu'une attention anecdotique au Québec.

Un débat public qui se fait attendre

La légalisation de la marijuana à des fins récréatives amènera des changements sociaux et économiques importants, mais la discussion au Québec tarde à démarrer, contrairement à ce qui se passe dans plusieurs provinces.

Au-delà de l'attention médiatique, quelques articles de fond côtoient beaucoup trop d'articles sur les accidents de chihuahuas et autres sujets triviaux qui reflètent l'avancement du débat public. En effet, en parlant à plusieurs acteurs de cette industrie en devenir, on se rend compte que la réflexion sectorielle québécoise est à peine commencée.

Même posture d'attente du côté politique. Contrairement au Nouveau-Brunswick, qui a créé un comité pour l'étude de ce dossier et à l'Ontario où la première ministre Kathleen Wynne a exprimé a exprimé clairement sa préférence pour une distribution nationalisée par le réseau de la LCBO, et à la Colombie-Britannique où les villes mettent en place des cadres réglementaires pour contrôler et régulariser le statut de la légion de dispensaires ayant pignon sur rue, les leaders québécois sont jusqu'ici restés cois.

«Chose certaine, une industrie très lucrative est en émergence»

Serait-ce que la discussion se déroule derrière les portes closes? Rares sont les inscrits au registre des lobbyistes du Québec sur ce dossier. Les discussions ont d'abord lieu au niveau fédéral? Oui. Mais plusieurs facettes du dossier, notamment les enjeux commerciaux, sont de juridiction provinciale et, à ce titre, le registre ontarien des lobbyistes demeure beaucoup plus densément peuplé.

Le Québec: grand absent d'une industrie florissante

Le Québec brille également par son absence dans le marché lui-même avec un seul producteur de marijuana médicale autorisé par Santé Canada. Pour leur part, l'Ontario en compte 20 et la Colombie-Britannique, huit.

Ce phénomène est plutôt curieux étant donné l'importance du bassin de consommateurs au Québec, la tolérance sociale face à la consommation dans les lieux publics et celle du système de justice par rapport à la consommation et à la possession simple.

Règles de divulgation financière trop strictes par rapport à l'Ontario? Influence du crime organisé? Adoption plus lente qu'ailleurs de l'usage médical du cannabis par le Collège des médecins?

On peut supposer qu'un ensemble de facteurs contribue certainement à ce lent démarrage. Chose certaine, une industrie très lucrative est en émergence qui touchera, de près ou de loin, tout le monde - consommateurs, cultivateurs, distributeurs, enseignants, employeurs, forces de l'ordre, personnel du milieu de la santé, etc. Une industrie estimée à 10 milliards de dollars par plusieurs.

Bruce Linton, PDG de Canopy Growth, sans doute le plus important producteur autorisé de marijuana médicale au Canada, soulignait en conférence à Ottawa la semaine dernière que cette estimation ne comprend que les produits et sous-produits de la marijuana existant déjà. Selon lui, de nouveaux liquides et produits comestibles gonfleront la taille de l'industrie, tout comme les revenus d'exportation que le Canada pourra engranger grâce à sa position de chef de file dans le marché mondial du cannabis.

Et le Québec n'est pas dans la course. Pas encore du moins.

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