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Le retour en grâce de l'identité chrétienne en France

RELIGIONS - Il faut croire que le chocolat ne suffit plus. Les cloches de Pâques, les vraies, sonnent l'heure de l'identité chrétienne comme refuge. Même dans un vieux pays laïque comme la France, l'identité catholique revient en grâce parmi les politiques.
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Il faut croire que le chocolat ne suffit plus. Les cloches de Pâques, les vraies, sonnent l'heure de l'identité chrétienne comme refuge. Même dans un vieux pays laïque comme la France, l'identité catholique -- bien plus que la laïcité -- revient en grâce parmi les politiques, sous pression d'un électorat apeuré par l'Islam politique agressif, la mondialisation et le multiculturalisme.

Louis Aliot en voile intégral

Passons rapidement sur la procession de pénitents à laquelle a participé Louis Aliot (FN) à Perpignan pendant le week-end de Pâques. Elle n'a lieu qu'une fois par an et n'occupe donc pas la voie publique comme les prières de rue hebdomadaires de certaines Mosquées. Il n'y a ni à les interdire ni même à s'en offusquer. Après tout, un responsable politique du Front national a certainement le droit de vouloir se faire pardonner en pénitence... Comme on a le droit de relever ce trait de caractère.

Louis Aliot a beau parler d'un hobby, à titre privé, on ne peut s'empêcher de penser qu'un homme politique envoie un signe ostensiblement politique lorsqu'il défile en voile intégral noir façon chapeau pointu. En l'occurrence, le chapeau pointu s'appelle une caparutxe. Elle a été imitée depuis par le Klu Klux Klan, qui la préfère en blanc. Question de goût. À Perpignan, la caparutxe est noire mais ne signifie pas pour autant l'amitié entre les peuples.

La mode a été relancée par une confrérie dite du "très précieux sang de notre seigneur Jésus Christ", qui organise cette procession dite de Sanch pour mimer ces frères en noirs qui accompagnaient jadis les condamnés à mort jusqu'à leur dernière sépulture. Ce qui est pas tout à fait incohérent pour un Parti attaché aux valeurs chrétiennes, sans pour autant renoncer au fait de vouloir rétablir la peine de mort dans son programme. Mais le vrai message politique de Pâques était ailleurs...

L'ode médiatique au Congrès de l'UOIF

Au Bourget, comme chaque année, avait lieu le fameux Congrès annuel de l'UOIF, cette branche particulièrement radicale de l'islam politique liée aux Frères musulmans, qu'ils soient égyptiens, tunisiens ou palestiniens comme le Hamas. Chaque année ou presque, des journalistes se contentent de le présenter comme un simple Rassemblement des musulmans de France et reprennent, sans les questionner, les chiffres gonflés de ses organisateurs. Sauf peut-être l'année de la présidentielle. En 2012, quelques semaines seulement après les meurtres commis par Mohamed Mérah, la venue au Bourget de l'un des prédicateurs islamistes les plus antisémites qui soit, Youssef Al Qaradawi, le maître à penser de l'UOIF, l'homme qui a légitimé les attentats kamikazes et juge licite de tuer les Juifs "par le sabre ou le fusil", était passée moins inaperçue.

On s'est alors rappelé la très grande complaisance dont cette organisation bénéficiait sous Nicolas Sarkozy. La place qu'on lui a faite au sein du Conseil français du culte musulman. Mais cette année : amnistie. Oubliée la façon dont les Frères musulmans proches de l'UOIF ont tenté de gâcher le printemps démocratique de plusieurs pays arabes, vive le rassemblement annuel du Bourget ! Jean-Jacques Bourdin, dans son émission phare retransmise sur RMC-BFM TV, a même assuré la promotion de l'événement. On peut dire que cela n'arrive pas à toutes les associations...

Quant au Figaro, on finirait par oublier qu'il a su -- dans le passé -- publier de vraies enquêtes sur l'UOIF. C'était du temps où la droite optait sans hésitation pour un positionnement républicain et laïque. Cette année, l'article du Figaro saluait le valeureux combat de l'UOIF contre le mariage gay et la théorie du genre, salué par ce titre émouvant : "Les musulmans défendent la famille".

Il faut dire que l'UOIF invitait des représentants de La Manif pour tous, comme Ludovine de la Rochère. Même si la vedette de cette rencontre annuelle reste bien sûr Tariq Ramadan, cité comme parole d'Évangile dès qu'il s'agit de la famille... À croire que les prédicateurs islamistes peuvent être agités comme repoussoirs quand ils croisent des militants altermondialistes dans un Forum Social, puis être recyclés comme demi-saints quand ils servent à défendre la domination masculine et la norme hétérosexuelle chère à d'autres conservateurs catholiques. Ceci dit, il n'y a pas qu'à droite qu'on envoie des signaux gros comme des appels de phare à l'électorat catholique.

Manuel Valls au Vatican

Le premier ministre a fait savoir qu'il se rendrait à la canonisation de Jean XXII et de Jean-Paul II dimanche 27 avril au Vatican... L'homme qui a renforcé son positionnement républicain en défendant la laïcité face à l'islamisme cherche visiblement à reconquérir l'électorat catholique. Sans doute pour faire oublier qu'il est devenu la bête noire d'une certaine extrême droite chrétienne comme ministre de l'intérieur chargé d'éviter les débordements des manifestants contre le mariage pour tous. Après avoir poussé au retrait du projet de loi sur la famille et souhaité une pause dans ces réformes de société en guise d'"apaisement", voici donc venu le temps de la séduction. Quoi d'autre ? À moins de souhaiter un miracle pour redresser les comptes de la Nation, il n'y a vraiment aucune raison pour qu'un premier ministre se rende à la canonisation de papes...

Cette visite n'a rien avoir avec celle de François Hollande, qui s'est rendu au Vatican pour rencontrer le pape François de chef d'État à chef d'État, notamment de sujets politiques comme la Syrie. La présence du premier ministre à cette cérémonie est purement gratuite, décorative et déplacée. Dans un pays où ses minorités religieuses se demandent déjà si elles ne sont pas mal aimées et discriminées, certains diraient même qu'elle est "particulièrement choquante". En tout cas, c'est ce qu'écrivait le Parti socialiste quand François Fillon, alors premier ministre, avait choisi d'assister à la béatification de Jean-Paul II.

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