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Mon psychologue est une console de jeu

Des chercheurs ont détourné la Kinect pour en faire un outil diagnostic de la dépression. Le principe: créer une interface conviviale permettant à l'utilisateur de répondre à un questionnaire interactif et de se soumettre au regard de la Kinect.
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Coup d'éclat en psychologie: des chercheurs de l'Institute for Creative Technologies de l'USC (University of Southern California) ont détourné la Kinect pour en faire un outil diagnostic de la dépression.

Le principe est ingénieux et fascinant: créer une interface conviviale permettant à l'utilisateur de répondre à un questionnaire interactif et de se soumettre au regard de la Kinect:

D'une précision avoisinant les 90%, cette initiative s'inscrit dans la tendance croissante à intégrer les nouvelles technologies en psychologie. À la différence près que cet outil est conçu par des professionnels de santé pour s'y substituer brièvement (à un niveau de pré-diagnostic).

Relations entre psychologie et informatique

La psychologie a d'abord cherché à adapter ses outils traditionnels sur ordinateur. Des domaines comme les jeux vidéo ou les jeux de hasard et d'argent ont donné naissance à un certain nombre de tests d'auto-évaluation (l'Indice Canadien du Jeu Excessif entre autres). Généralement, ce sont de simples adaptations de questionnaires existant par le passé sur papier.

Ce que l'informatique apporte dans ce cas précis, c'est la délivrance de réponses automatisées et le traitement du score du test. D'une certaine façon, pas besoin de psychologue pour délivrer les résultats. Il s'agit d'avantage d'outils pour alerter les usagers sur des comportements potentiellement à risque. Tests à valeur préventive avant tout, ce sont des instruments très pratiques pour toucher des personnes isolées ou enfermées avec leurs difficultés.

Nous avons vu les adaptations, mais qu'en est-il pour les outils créés par et pour les supports informatiques. Il en existe désormais de plus en plus que l'on peut passer à distance ou via un programme? On trouve de tout: des tests d'évaluation intellectuelle ou encore des outils de remédiation cognitive. La liste est relativement longue. Vous noterez que la nuance à faire ici est simple: on attend encore un retour ou une expertise humaine derrière. Pas encore de psy robotisé. Ce sont souvent des outils d'accompagnement, guidés par le psychologue.

Une utilisation passionnante est encore assez méconnue: utiliser l'informatique pour soigner. L'utilisation des univers virtuels en thérapie existe depuis quelques années. Par exemple, le plus simplement en utilisant les jeux vidéos comme support de soin pour travailler avec des enfants et des adolescents (Tomb Raider, les Sim's, Need For Speed...).

Mais plus sophistiqué, un exemple fameux vient du laboratoire de Cyberpsychologie de l'UQO (Université du Québec en Outaouais). On s'y sert de l'immersion virtuelle pour soigner des patients. Les patients sont installés dans un cube de projection, dont les 6 faces servent d'écran.

Si c'est encore abstrait, regardez cette vidéo:

Les personnes sont plongées dans cet univers virtuel contrôlé par les soignants. Dans la lignée des thérapies cognitivo-comportementales, les cas les plus souvent traités sont les phobies, les comportements évalués comme socialement dangereux. On confrontera les patients aux situations ou choses qui les perturbent. Le but est d'amener les patients à retrouver une capacité de contrôle. Mais là encore à la différence du projet de l'USC, il n'y a pas d'autonomie totale de l'outil informatique.

Ce rapide tour d'horizon pour vous montrer qu'à ce jour la technologie ne remplace pas intégralement les soignants, mais on s'en approche dans les soins de première ligne. D'ici à ce que la Kinect soigne la dépression il y a un pas, mais nous avons franchi l'étape où les nouvelles technologies ont acquis un certain degré d'autonomie.

Des observateurs rappelaient que les Lois de la Robotique n'étaient plus une simple loi fictionnelle. On peut raisonnablement penser que le jour où un objet technologique sera totalement autonome en sciences humaines est encore un peu loin (toujours plus proche qu'on ne le pense, c'est sûr). Mais par contre le contenu du diagnostic et la façon dont il est présenté posent déjà un certain nombre de problèmes aux soignants de tous bords. La question sera: comment garantir l'intégrité de ces outils, de leur utilisation?

Feriez-vous confiance à une application interactive de détection de l'autisme sans professionnel derrière? On pourra dire: il faut des homologations, des certifications...Autant de considérations techniques difficiles, mais exigeantes, qui nous concerneront tous.

Bref, un champ défiant l'imagination s'ouvre aux psychologues, médecins, chercheurs. Espérons simplement qu'ils sauront se tenir à jour de ces évolutions, au risque sinon de seulement s'en satisfaire sans en assurer la qualité ou d'en promouvoir des utilisations créatives.

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