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Le pape François, une bombe diplomatique?

François marche-t-il sur le pas de Jean XXIII, un de ses prédécesseurs? L'histoire se souvient qu'en octobre 1962, durant la crise des missiles à Cuba, ce dernier s'était imposé en médiateur entre les États-Unis et l'Union soviétique.
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Le 14 août, au moment où le Pape François débarquait de son avion à l'aéroport Incheon de Séoul pour sa visite en Corée du Sud, en vue, notamment, d'apporter un message de paix et de réconciliation en Asie, les dirigeants de la Corée du Nord lançaient trois missiles de courte portée dans la mer du Japon. L'après-midi même, ils en larguaient deux autres.

C'est le moyen qu'a trouvé le régime communiste pour manifester son mécontentement et menacer son voisin du Sud - de qui il est séparé depuis 1953 - et ses alliés occidentaux. Ces missiles de Pyongyang sont une menace en vue de forcer la Corée du Sud à annuler ses exercices militaires annuels prévus avec les Américains. Ceux-ci doivent avoir lieu à partir du 18 août, c'est-à-dire au lendemain de la visite du pape Jorgue Bergoglio, d'origine argentine.

Bien qu'habituée à la manière un peu rustre de s'exprimer des dirigeants coréens du Nord, la diplomatie sud-coréenne n'était visiblement pas contente de la situation. Elle n'a pas manqué de répondre: « Il est assez inconvenant de tirer ce genre de projectiles le jour de l'arrivée du pape qui vient apporter sa bénédiction à tous les habitants de la péninsule coréenne, qu'ils vivent au Sud ou au Nord ».

En plus de cette riposte, les autorités de Pyongyang ont refusé que quelques catholiques de leur pays se rendent rencontrer le pape à Séoul. Pourtant leur constitution garantit théoriquement la liberté de culte et de croyance, mais la réalité est autre.

La présidente Park Geun-Hye espère beaucoup cette visite du roi du Vatican au « pays du matin calme ». Le 14 août, dans son discours d'environ neuf minutes, qui a précédé celui du souverain pontife, au salon Chungmu de la Maison Bleue de Séoul, elle n'a pas hésité de l'exprimer :

« Notre pays est divisé depuis très longtemps et cela a causé beaucoup de souffrances. De nombreuses familles n'ont pas pu se rencontrer depuis la division. Il y a 70 000 familles qui sont ainsi divisées.

Et puis, elle a osé : « Nous espérons la réunification de la Corée » et « que la Corée du Nord va renoncer aux armes, en particulier l'arme atomique, et que nous pourrons vivre tous en paix. Nous souhaitons que les deux Corée se débarrassent de toutes ces armes et vivent en paix. Pour cela, il faudrait d'abord que la Corée du Nord arrête d'abord son programme nucléaire ».

Le pape n'a pas répondu directement à sa demande. Il a préféré rester sobre en se contentant simplement de lancer que « la diplomatie en tant qu'art du possible est basée sur la ferme et persévérante conviction que la paix peut être atteinte par l'écoute tranquille et le dialogue, plus que par les récriminations mutuelles, les critiques stériles et le déploiement des forces ».

On le comprend, le Saint-Père marche sur des œufs en Asie. Néanmoins, sa seule présence dans la région semble vouloir exprimer son désir de « faire un petit quelque chose » pour aider les régions à la paix fragile de la planète. On a qu'à regarder son agenda pour tirer quelques conclusions : Il n'y a pas longtemps, il est allé en Israël et en Palestine. En septembre, il ira en Albanie. Et puis, il compte se rendre en Inde dans la même période.

François marche-t-il sur le pas de Jean XXIII, un de ses prédécesseurs? L'histoire se souvient qu'en octobre 1962, durant la crise des missiles à Cuba, ce dernier s'était imposé en médiateur entre les États-Unis et l'Union soviétique.

Avec le décès de Nelson Mandela et le retrait de la vie publique de dalaï-lama, peu de leaders politiques et religieux réussissent à s'imposer en ambassadeurs de la paix. François réussira-t-il? Sera-t-il un futur Prix Nobel de la Paix? Tout est possible.

Le 18 août, le pape François a présidé une « messe pour la paix et la réconciliation » à la cathédrale de Myeongdong, à Séoul, peu de temps avant de regagner son pays de quelques kilomètres carrés. Dans son homélie, il n'a pas osé interpeller directement la Corée du Nord, préférant s'adresser aux « Coréens » dans leur ensemble pour les appeler à la réconcialition.

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