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Le 11 septembre 1984, Jean-Paul II était à Montréal

On nous a finalement annoncé l'arrivée de Jean-Paul II. Les gens applaudissaient, criaient... La joie était sur tous les visages.
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Le 11 septembre 1984, il y a 30 ans déjà, j'étais «une échalote» de 6 pieds. Je pesais 185 livres. Il y avait quelques mois que je fréquentais Danielle, ma première brune aux cheveux longs. À 17 ans, je savais tout. J'avais des principes moraux que j'adaptais à l'humeur de mes hormones. Elles étaient en feu.

Et puis, à cette époque, je dormais peu. Cependant, j'étais souvent couché...

Dans ma tête, mes parents étaient des vieux conservateurs dépassés. Je me foutais pas mal de leurs nuits d'inquiétude à mon sujet. Puisque j'étais le benjamin, c'est-à-dire le «bébé» de la famille, papa a été bien patient avec moi. Maman me l'avait confié: «Tu es bien chanceux d'être le plus jeune de la famille, parce que si tu avais été l'aîné, ton père te mettrait à la porte. Il t'aime, tu sais!» Je n'en doutais pas un instant, mais sa dernière violente correction - une «maudite volée» (!) donnée cinq ans plus tôt - résonnait encore dans ma tête. Je lui en voulais beaucoup.

Puisque je savais vraiment tout, je n'ai même pas terminé la 5e année de mes études secondaires. De toute manière, j'avais trop peu de temps à consacrer à l'école. Je veillais jusqu'aux petites heures du matin... Je ne voulais pas que mon amoureuse manque d'affection. C'était vraiment un job à temps plein!

Le 11 septembre 1984, en matinée, je suis sur la route, entre Granby et Montréal, dans «un autobus jaune» en direction du Stade olympique. Naturellement, elle m'accompagne. Nous sommes inséparables!

Nous allons voir le pape Jean-Paul II. Je me rappelle peu du voyage. Je dormais fort probablement.

Des milliers de jeunes étaient impatients de voir le roi du Vatican. C'était vraiment un jour de fête nationale pour les jeunes catholiques québécois. L'ambiance était à la fête. À les observer, j'avais l'impression que la majorité allait au spectacle d'une rock star. L'attente me semblait interminable. J'avais mal aux jambes.

Nous nous sommes assis au 2e étage du stade. Michel Jasmin animait la foule. C'était vraiment agréable ce jeu de tissu blanc qui faisait des vagues dans les estrades.

On nous a finalement annoncé l'arrivée de Jean-Paul II. Les gens applaudissaient, criaient... La joie était sur tous les visages.

Le chef des catholiques a pris place sur l'estrade et le spectacle a commencé: Céline Dion, les frères Groulx et 2000 danseurs nous ont présenté une mémorable création artistique. Et puis, Jean-Paul II a pris la parole. Il nous a exhortés à prendre garde aux paradis artificiels. Il faisait référence aux problèmes économiques encore d'actualité de nos jours.

Aujourd'hui, en relisant le texte de son allocution, je vois toute la richesse et la portée de ce qu'il disait, mais à 17 ans, absolument pas. J'avais l'impression qu'il me faisait la morale... comme mon père. Je me souviens de mes pensées de ce jour: «Énerve-toi pas, le vieux!»

Je trouvais mes jeunes compatriotes bien naïfs et peu à l'écoute. Ils acclamaient Jean-Paul II pour chaque bout de parole. «Voyons! Pourquoi l'ovationner à ce moment-ci? Il vient de nous sermonner...»

Le pape disait: «Gardez-vous, aux heures obscures, de vous évader. Ayez le cran de résister aux marchands d'illusions qui exploitent votre soif de bonheur et vous font payer cher un moment de «paradis artificiel» obtenu avec un peu de fumée, une dose d'alcool ou de drogue. Ce chemin raccourci prétend conduire au bonheur, en réalité il ne mène nulle part. Il vous détourne de cette maîtrise intelligente de soi qui construit l'homme. Ayez le courage de ne pas prendre ce chemin facile, ou d'en remonter la pente».

Et puis: «Préparez-vous à l'engagement digne et vrai du mariage. Réagissez à bien des entraînements et ne confondez pas l'expérience prématurée de la jouissance avec le don de soi dans l'amour...» J'ai quitté la rencontre avec Jean-Paul II déçu.

J'ai maintenant 47 ans. Je suis allé à l'université et mon taux de testostérone commence à baisser. J'ai eu quatre enfants, qui ont aussi eu 17 ans. Chacun a adapté ses principes moraux au rythme de ses hormones. Un de mes enfants mesure 6 pieds. À son tour, il a été gros comme «une échalote». Et puis, chacun m'a clamé un jour tout savoir... vraiment tout! Et lorsqu'ils parlaient de moi, ils m'ont tous dit un jour: «Énerve-toi pas, le vieux!»

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