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Des erreurs de novice

Une fois de plus la semaine dernière, Justin Trudeau nous a offert une triste manifestation de son inexpérience politique. Alors que la presse lui chauffe les arrières à propos d'une histoire de conflit d'intérêts, il s'obstine à tenter de redéfinir ce que constitue un conflit d'intérêts.
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Une fois de plus la semaine dernière, Justin Trudeau nous a offert une triste manifestation de son inexpérience politique. Alors que la presse lui chauffe les arrières à propos d'une histoire de conflit d'intérêts, il s'obstine à tenter de redéfinir ce que constitue un conflit d'intérêts.

Récemment, les médias du Canada anglais se sont offusqués, et avec raison, que le premier ministre soit un invité d'honneur à des événements partisans du Part libéral du Canada. Jusque-là, c'est pas si pire.

Le problème, c'est que le prix d'entrée à ces soirées est de 1500 dollars. À ce tarif-là, il est difficile de prétendre que les invités ne s'attendent pas à une forme de retour d'ascenseur. Si ce n'est pas ça, il vaut mieux que le dessert soit divin, en tout cas!

Dans ces soupers regroupant typiquement une quarantaine de convives, Justin Trudeau agit comme tête d'affiche pour attirer les dons et les invités. Même si c'est un exercice qui doit être particulièrement dégradant considérant sa fonction, ça lui permet de remplir les coffres du PLC à coup de plusieurs dizaines de milliers de dollars en un claquement de doigts.

Pour un premier ministre qui allait parader dans le métro le lendemain de son élection, voulant donner l'impression de la transparence et de l'accessibilité, un tel comportement est fondamentalement incompatible et frôle l'hypocrisie.

Questionné à ce propos, Justin Trudeau offre aux Canadiens une explication digne d'un avocat de petites créances dans ses pires journées. Selon lui, le Parti libéral agit dans la légalité et ainsi, il ne peut pas y avoir de problème d'éthique. En gros : c'est chien, mais c'est légal. Comme perception de la Loi, c'est un peu boiteux. Surtout quand ça vient de la seule personne qui a le pouvoir ultime de changer ce qui est légal ou pas.

Puisque les dons ne dépassent pas la limite légale, ce serait correct que le premier ministre mette à son agenda des soirées mondaines avec des donateurs privés, même si c'est au détriment de ses tâches quotidiennes et de ses fonctions.

Wow!

Qu'il prenne de son temps pour participer au financement de son parti pendant qu'il est au pouvoir est déjà frustrant pour les citoyens. Qu'il le fasse alors qu'il a encore une bonne douzaine de promesses électorales à remplir, c'est une insulte à leur intelligence.

Justin Trudeau nous a prouvé qu'il comprend les dimensions légales de l'enjeu. Certes, il nous a aussi démontré qu'il est totalement inconscient (ou insouciant) du symbolisme de cette bavure.

On s'attend tous d'un premier ministre qu'il fasse une distinction entre son travail de chef de parti politique et son travail de chef d'État. Malheureusement, le nôtre marchande son titre comme une vulgaire enchère, prêt à se pavaner devant le plus offrant pour préparer sa réélection.

Ce genre d'épisode aurait peut-être pu se produire avec un politicien plus expérimenté et nous l'aurions réprimandé tout aussi vigoureusement. Toutefois, le politicien expérimenté aurait immédiatement cessé de participer à ces événements pour éviter de nourrir la controverse. Il aurait compris que ça ne passe pas. Justin Trudeau, lui, persiste. Plutôt que d'admettre le malaise et de promettre d'être plus sensible à l'enjeu, il préfère patiner comme un pee-wee pour essayer de nous justifier son comportement. «Non mais c'est légal, on respecte les limites. En plus, les donneurs sont tous publics!»

Comme si le problème se limitait à un dépassement possible des dons autorisés ou à un bris de procédure. Il faut une personne complètement déconnectée pour faire une aussi pauvre lecture des inquiétudes de la population.

Le vrai problème, c'est que le premier ministre est en train de dilapider son capital politique pour défendre l'indéfendable. C'est qu'il ne réalise pas qu'en démocratie, l'accès au pouvoir ne peut pas être monnayé ou mis aux enchères.

Constater que le chef de notre gouvernement ne comprend pas la notion d'apparence de conflit d'intérêts est déprimant, au mieux. Ce n'est pas une question partisane ou politique, c'est une question démocratique. C'est la pierre angulaire de notre système, sa norme la plus élémentaire.

Si la politique est un sport, les politiciens apprennent normalement l'importance du décorum et de l'intégrité au tout début, alors qu'ils sont encore novices. Tragiquement, il semble que Justin Trudeau soit encore un novice.

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