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Les futurs profs sont-ils des cancres?

La situation n'est pas aussi désastreuse qu’on le pense.
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Tous les ans, à pareille date, les résultats des étudiants en enseignement au fameux TECFÉE causent un certain émoi dans les médias. On nous accuse d’échouer dans des proportions catastrophiques à cette évaluation en deux parties, qui a pour fonction d'évaluer notre écriture et notre maitrise du code linguistique.
Peter Muller via Getty Images
Tous les ans, à pareille date, les résultats des étudiants en enseignement au fameux TECFÉE causent un certain émoi dans les médias. On nous accuse d’échouer dans des proportions catastrophiques à cette évaluation en deux parties, qui a pour fonction d'évaluer notre écriture et notre maitrise du code linguistique.

Bonjour M. le ministre,

Tout d'abord, je tiens à vous féliciter pour votre élection. Je ne suis pas toujours d'accord avec votre formation politique, mais je salue votre aplomb, votre volonté de faire bouger les choses dans le monde de l'éducation et de travailler avec les acteurs du milieu. C'est la première fois en 30 ans qu'un enseignant est à la tête du ministère de l'Éducation et cela me rend très heureux.

Tous les ans, à pareille date, les résultats des étudiants en enseignement au fameux TECFÉE causent un certain émoi dans les médias. On nous accuse d'échouer dans des proportions catastrophiques à cette évaluation en deux parties, qui a pour fonction d'évaluer notre écriture et notre maitrise du code linguistique. Denise Bombardier, dans le Journal de Montréal, parle même d'une «faiblesse endémique», ce qui n'est pas peu dire. Je ne crois pas que la situation soit aussi désastreuse qu'on le dise.

Comme tout le monde, ils ont seulement besoin d'être formés adéquatement avant d'être évalués.

D'abord, permettez-moi de rappeler que quiconque enseigne au Québec a réussi son TECFÉE et qu'après quatre passations, près de 98% des étudiantes et des étudiants ont atteint la note de passage de 70%. Alors, ne nous alarmons pas, les profs du Québec de demain sont bien loin d'être les cancres que l'on dépeint dans les médias. Comme tout le monde, ils ont seulement besoin d'être formés adéquatement avant d'être évalués.

Vous avez annoncé, M. Roberge, vouloir déplacer ce fameux test au début du baccalauréat, afin d'en faire une condition d'entrée. À mon avis, c'est une très mauvaise idée, principalement pour deux raisons. D'abord, c'est contre un principe logique en enseignement qui veut qu'on évalue seulement ce que l'on a enseigné. Ensuite, en contexte de pénurie de personnel enseignant (qui risque de s'aggraver avec l'ouverture des classes de maternelle 4 ans), il est plutôt irresponsable de diminuer encore le nombre d'inscriptions dans nos Facultés d'éducation.

Agissez pour valoriser la langue française! En tant que futur enseignant de français, je ne pourrai qu'applaudir! Cependant, je vous invite à ne pas attaquer la communauté étudiante dans vos actions, mais à vous pencher plutôt sur les mesures de soutien offertes par les universités.

Une formation inégale

Saviez-vous que la formation linguistique varie énormément d'une Faculté d'éducation à l'autre? Certaines, comme à l'Université de Montréal, possèdent une panoplie de mesures pour aider les étudiants: test diagnostic, un cours de français de trois crédits obligatoire, un cours supplémentaire pour ceux qui ont plus de difficulté, du tutorat par les pairs, un centre de communication écrite et du soutien systématique pour ceux qui échouent. Résultat? L'Université de Montréal se classe au premier rang à la première passation du TECFÉE. Il y a toutefois d'autres endroits où l'on considère qu'une formation en ligne de 8h est suffisante... Si vous voulez mon avis, c'est ça qui est alarmant!

Il faudrait s'assurer que les universités soutiennent les étudiants en leur offrant une formation linguistique de qualité.

Ce que je vois dans ma Faculté, M. le ministre, ce sont des jeunes allumés, motivés, qui élaborent une foule de projets pour leurs élèves et qui ont à cœur l'éducation! Il faudrait simplement s'assurer que les universités les soutiennent en leur offrant une formation linguistique de qualité. Quand on le fait bien, surprise, les étudiants réussissent!

Je vous souhaite donc un bon mandat et j'espère que vos chantiers sur la valorisation de la profession enseignante et sur la langue seront couronnés de succès. Commencer en insistant sur les bons éléments serait un bon premier pas pour y arriver.

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