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En mode séduction, François Legault a promis des femmes dans un éventuel cabinet ministériel de la CAQ, comme s'il pouvait en être autrement en 2012. Puis, en présentant les femmes de son parti en point de presse, il a souligné qu'elles pourraient s'occuper des enfants et des aînés. Sans commentaire.
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Dans mon dernier billet, je présentais quelques-uns des visages de François Legault. Mais mon portrait aurait été incomplet si je n'avais pas ajouté ce visage-ci. François Legault pompe sérieusement ma fibre féministe depuis le début de la campagne. Certaines de ses déclarations auraient pu être prises pour des maladresses, mais leur accumulation au fil des semaines commence à brosser un portrait général un peu inquiétant. En 2012, la suite de ses déclarations a de quoi saisir. Jetons-y un coup d'oeil.

Il a d'abord publié un tweet en juillet qui a beaucoup fait réagir, où il affirmait que les femmes accordaient moins d'importance au salaire que les hommes. Ça sentait le préjugé et l'affirmation sans fondement, mais bon, ça se pardonnait.

En campagne, il a ensuite expliqué le peu de candidates féminines à la CAQ par le fait que le principal critère de sélection était la compétence. Gros malaise. Mais bon, il s'était peut-être juste mal exprimé.

Dans le même souffle, cependant, il affirmait que si les femmes étaient si réticentes à l'appuyer, c'était qu'elles avaient peur du changement. Déjà, c'en était trop.

À la suite de cette sortie, la présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Louise Chabot, a dû réagir par voie de communiqué, qualifiant les propos de François Legault de «misogynes», rien de moins :

« Contrairement à ce que semble penser François Legault, la réflexion des femmes avant de voter va bien au-delà de la couleur de la cravate des candidats. Elles réfléchissent tout autant que les hommes et si la majorité d'entre elles ne se sent pas attirée par la CAQ, c'est peut-être parce que les idées proposées par ce parti ne leur plaisent pas. Les femmes n'ont jamais eu peur du changement, à la condition que cela ne signifie pas un retour en arrière. »

Et vlan. En effet, François Legault s'était interrogé le jour même sur sa tenue vestimentaire, comme si le jugement des femmes se réduisait à des détails superficiels.

Malgré tout, François Legault n'a pas su tenir sa langue et a récidivé lundi. En mode séduction, il a promis des femmes dans un éventuel cabinet ministériel de la CAQ, comme s'il pouvait en être autrement en 2012. Puis, en présentant les femmes de son parti en point de presse, il a souligné qu'elles pourraient s'occuper des enfants et des aînés. Sans commentaire.

Finalement, alors qu'en début de campagne, François Legault n'avait pas hésité à nommer des hommes ministres avant leur élection, il n'a pas voulu se prononcer sur les postes que pourraient occuper ces femmes au sein d'un éventuel gouvernement caquiste, soulignant qu'il fallait tenir compte de beaucoup de critères, comme la représentation régionale. Deux poids, deux mesures, donc.

Émis par un mononcle dans un party de famille, ces propos m'auraient fait sourciller, mais j'aurais pu me dire que ledit mononcle avait juste oublié de prendre le train de la modernité. Mais dans la bouche d'un homme qui aspire à devenir premier ministre du Québec en 2012, ce manque de tact et de sensibilité à la cause féminine est franchement inacceptable.

Comme le disait Louise Chabot le 17 août dernier : «Quand un politicien multiplie en si peu de temps de tels propos, il y a de quoi s'interroger sérieusement sur son opinion profonde à l'égard de l'égalité entre les femmes et les hommes ». Et c'était sans compter ses propos d'aujourd'hui. La maladresse a ses limites, et on sent que François Legault les a atteintes.

7 novembre 1998

La carrière de François Legault

François Legault en campagne

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