Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.
ATTENTATS - Ce dernier jour de deuil national restera marqué par les premières mesures vraiment martiales. Par ce qu'il en est fini, de fait, avec le vieil idéal d'une gauche qui, dans l'imaginaire populaire, a laissé longtemps à la droite la revendication de la sûreté des citoyens. Qu'on est loin de la fameuse loi Peyrefitte dite "Sécurité et Liberté" tant combattue avant 1981 !
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

ATTENTATS - La Marseillaise donne des frissons. Surtout chantée hier a capella, par les étudiants et les lycéens qui entouraient Manuel Valls et François Hollande à la Sorbonne, par la foule place de la République pleurant les martyrs de vendredi, par les Parisiens venus se recueillir devant les restaurants mitraillés, par les 900 parlementaires debout dans les ors de Versailles. Aux armes, citoyens...

Précisément, ce dernier jour de deuil national restera marqué par les premières mesures vraiment martiales. Parce qu'il en est fini, de fait, avec le vieil idéal d'une gauche qui, dans l'imaginaire populaire, a laissé longtemps à la droite la revendication de la sûreté des citoyens. Qu'on est loin de la fameuse loi Peyrefitte dite "Sécurité et Liberté" tant combattue avant 1981! Qu'on est loin de la bataille que dut mener Lionel Jospin pour afficher une fermeté qu'on déniait à la gauche! Qu'on est loin tout simplement du fameux "sentiment d'insécurité" admis par la gauche qui longtemps a eu du mal à qualifier les dangers menaçant l'ordre public!

Les éditos d'Anne Sinclair pendant le deuil national :

• Matin de guerre

• Matin de guerre, Jour 2

• Matin de guerre, Jour 3

Il est vrai que, ce 13 novembre, "le combat changea d'âme" comme disait Hugo de la bataille de Waterloo. Ou plus exactement, d'ennemi. Ce n'est plus la délinquance petite ou moyenne qui irrite nos concitoyens, mais "l'abomination", "l'attaque ignoble", les "méprisables tueurs", pour reprendre les termes de François Hollande, qui ont atteint la France et menacent le monde. L'avenir dira si un Président issu de la gauche saura y répondre, sans que la France y perde ses valeurs, en intégrant des propositions de droite, voire d'extrême droite, - unité nationale oblige ? - qui auraient fait hurler hier de la part d'un Président socialiste - la déchéance de nationalité dans certains cas pour les bi-nationaux, par exemple - mais qui paraissent plus acceptables, bien que symboliques, après le cataclysme du 13 novembre.

L'avenir dira si c'est une bonne chose de réviser la Constitution sous le coup de l'émotion. Soyons honnête : on a assez brocardé Nicolas Sarkozy qui, face au gré des événements, modifiait les lois, pour au moins examiner de près des changements constitutionnels qui vont peut-être pérenniser des situations d'urgence.

L'avenir dira, si comme l'ensemble de la planète désormais, nous avons raison de réviser nos priorités de politique étrangère. Soyons honnêtes là aussi, on se range derrière des propositions faites depuis longtemps par la droite et que la gauche combattait fermement. Cela mérite sans doute une argumentation plus longue qu'un discours ou alors, si l'analyse de la France était jusqu'ici erronée, une révision fondamentale, un vrai mea culpa.

Ce discours, très applaudi, était cependant largement à la hauteur des événements. Il avait sa part d'habileté (conformément à l'adresse reconnue au Président), et était ferme et volontaire (contrairement à la souplesse qui lui est généralement reprochée). Manuel Valls avait ce matin sur France Inter pour tâche de prononcer les mots que François Hollande n'a pas voulu prononcer : islam radical, islamisme, fondamentalisme, prêches de haine.

Il restera ce qui nous attend de plus difficile après ce carnage : comprendre ce qui nous arrive, penser la haine que nous inspirons, penser les menaces profondes qui pèsent sur nos démocraties. Oui, aux armes citoyens. Aujourd'hui. Mais demain ?

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST:

Marche silencieuse à Montréal - 15 novembre

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.