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Plaidoyer pour une éducation citoyenne à la laïcité

Sous l'effet des tergiversions médiatiques, la conscience de l'idéal politique d'un «vivre ensemble» se heurte de plus en plus à une péréquation à plusieurs inconnus qui ne se résout pas vraiment.
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Les événements malheureux de Charlie hebdo, comme bien d'autres en lien avec le terrorisme religieux, viennent aujourd'hui attiser le feu des consciences modernes de nos humanités qui semblaient endormies. Sous l'effet des tergiversions médiatiques, la conscience de l'idéal politique d'un « vivre ensemble » se heurte de plus en plus à une péréquation à plusieurs inconnus qui ne se résout pas vraiment.

La quête d'un bonheur social peine à sa mise en œuvre. Cette demande citoyenne, qui certes ne date pas d'hier, convoque aujourd'hui les instances politiques en fonction à un véritable travail de réflexion fondamentale. Une tâche difficile, certes, mais résolument nécessaire. Elle suggère que des actions concrètes soient posées pour assurer la paix sociale. Il en va d'une responsabilité politique dont l'impératif renvoie à une nécessité démocratique, celle d'une éducation citoyenne à la laïcité ! Elle devrait porter, entre autres, sur une compréhension renouvelée du principe même d'une humanité commune.

Ensuite, cette éducation demanderait un travail de réflexion dont le but viserait à développer une compréhension renouvelée des réalités identitaires dans leurs acceptations respectives. Ces identités s'inscrivent aujourd'hui dans un espace géopolitique désormais mondialisé.

Enfin, cette éducation devrait aller au-delà d'un parti, pris ou pas, notamment lors de l'élaboration et la précision des termes utilisés. Les discours politiques restent, malgré les diverses tentatives, toujours empreints de dissonances sémantiques et conceptuelles entre les termes de neutralité et/ou de laïcité.

Humanité(s)

Le principe renvoie plus explicitement à l'idéal démocratique du « vivre ensemble ». Il se pose en termes de rapprochement ou pas des individualités à la fois communes et particulières. Ce débat d'envergure a fait l'objet des préoccupations de nos civilisations. Il a entre autres mis en évidence les nombreux conflits conduisant à des guerres de religion sous toutes ses formes. Ces mêmes conflits occupent, malgré la modernisation de l'humain tout autant l'espace politique. Après coup de l'histoire, et à la lumière des derniers événements, ce débat suscite l'attention des citoyens.

En creux se pose en fait plus fondamentalement la question de savoir d'où vient l'idée de distinguer l'humain sacré de l'humain profane, l'humain laïc de l'humain religieux et quelle est sa pertinence aujourd'hui ? Des réponses visant à réviser ces constructions, certes d'ordre philosophique, sociologique, voire juridique, s'avèrent nécessaires. Elles permettraient à l'humain contemporain de comprendre à nouveau frais le principe même d'une humanité commune, certes composé d'humanités, et en fonction de repenser l'étendue des droits et libertés ainsi que leur application.

Le monde se trouve dans la province

À l'ère du rapprochement des mondes, des « ismes » déclinés sous les préfixes de « multi » et de « pluri », de la cybernétique, etc., les libertés et ses expressions éprouvent, malgré la présence de mécanismes de régulation sociale en occident, tant juridiques que politiques, de grandes difficultés à se côtoyer. Les identités humaines, induites par les appartenances sociales, ethniques, religieuses multiples, tentent de composer ensemble dans des espaces restreins, celui d'une province. À l'heure de la mondialisation, ces identités craignent leur éclatement, leur dissolution, voire leur disparition.

La question s'avère d'autant plus vive quand il s'agit d'une identité en principe majoritaire, celle d'un pays, d'une province. La revendication légitime, visant à préserver les identités propres, serait-ce au nom des « droits de l'homme » - devrions-nous d'ailleurs plutôt les nommer « droits des humanités » ? - se présente, dans la mise en œuvre sociopolitique d'une province, comme un véritable casse-tête chinois. Entre autres, le port de signes ostentatoires ou pas, heurte les sensibilités de beaucoup, surtout quand il s'agit d'employés de l'état. Il semblerait que les traces du sacré dans l'espace public, malgré la modernité ambiante, résistent encore aux dispositions du profane, autrement dit du laïc ? Sur le terrain de controverses politiques prônant la neutralité québécoise, et/ou sa laïcité, nos humanités ambitionnent et revendiquent malgré le Progrès, comme ce fut le cas pour les générations passées, l'idéal sociétal d'un « vivre ensemble » qui visiblement peine à advenir ?

Partis, pris ou pas

D'un côté le citoyen québécois, habitant du monde, se voit inviter un peu dans l'urgence des évènements, à l'adhésion d'une version de la charte sur la laïcité. Amendant la Charte des droits et libertés du Québec, elle inscrirait légalement par la même occasion le Québec dans une laïcité officielle à l'intérieur dans un dominium étatique. De l'autre, ce même citoyen québécois va se voir bientôt demander, mais un peu moins dans l'urgence, de se positionner sur la neutralité religieuse de « l'État » québécois.

Urgence ou pas, d'une posture à une autre, il y a là une sorte de rendez-vous lancé aux générations d'aujourd'hui. Il s'agit d'apprendre à penser notre rapport à l'autre dans le respect des identités rassemblées dans un espace géopolitique commun sous la gouverne d'instances étatiques, dites neutres. Ce qui paraît difficile dans cette demande se situe dans la formulation du discours politique, et ce indépendamment des partis en question. L'amalgame sémantique entre neutralité et laïcité ainsi que leurs désignations conceptuelles glissantes s'avèrent extrêmement polysémiques et obscures pour le commun des mortels. Il serait donc raisonnable, avant de statuer sur la question, d'une part d'apprendre à préciser les termes, de faire ou pas la distinction entre neutralité et laïcité - à défaut d'en clarifier les termes -, et à partir de là de repenser le « vivre ensemble » en termes de droits et libertés et de leur étendu.

Vers où va la responsabilité d'une telle éducation et sa mise en œuvre? Il y a là d'une responsabilité politique, celle d'une éducation à la citoyenneté contemporaine !

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Avril 2018

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