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Tea Party: la spontanéité simulée

Une nouvelle étude de l'Institut national du cancer a révélé que la formation du Tea Party était planifié depuis plus de 10 ans par des groupes proches des industries du tabac et des combustibles fossiles. Une stratégie de longue date pour promouvoir les idées antiscience et antigouvernement d'entreprises puissantes.
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AP

Une nouvelle étude de l'Institut national du cancer a révélé que la formation du Tea Party (mouvement politique opposé à toute forme d'impôts qui serait apparu spontanément après la crise de 2008, ndlr) était planifié depuis plus de 10 ans par des groupes proches des industries du tabac et des combustibles fossiles.

Ce mouvement n'est pas un soulèvement populiste spontané mais plutôt une stratégie de longue date pour promouvoir les idées antiscience et antigouvernement de ces entreprises puissantes.

Tabac et combustibles fossiles

Deux organisations sont citées dans l'étude: "Americans for Prosperity" et "Freedomworks".

Ces dernières étaient auparavant une seule et même entité fondée par les frères milliardaires David et Charles Koch, largement financée par l'industrie du tabac. Ces groupes, qui préfèrent le laissez-faire à la science et s'opposent à toute forme de régulation ou de taxation sur le tabac et les combustibles fossiles, ont donc commencé à préparer l'émergence du Tea Party il y a plus de 10 ans dans le but de promouvoir leurs intérêts communs.

Les partisans du laissez-faire

Cette histoire inquiétante sur l'existence de liens entre les adeptes du laissez-faire, l'industrie du tabac et le mouvement du Tea Party n'est en fait pas isolée. C'est une tendance bien plus répandue que je décris dans mon dernier livre, The Future: Six Drivers of Global Change (Le Futur: Six facteurs responsables du changement climatique, en français).

Après l'ère progressiste et le New Deal qui ont permis de restreindre l'influence des entreprises sur la politique américaine à la suite de la fameuse époque des Robber Barons (Barons Voleurs, en français), les partisans du laissez-faire se sont à nouveau retrouvés motivés et radicalisés par l'effervescence sociale des années 60.

En 1971, un éminent avocat de l'industrie du tabac, Lewis Powell, a rédigé pour la Chambre de Commerce un plan détaillé expliquant comment faire en sorte que le pouvoir politique serve davantage les entreprises. Deux mois plus tard, le président Nixon lui donnait un siège à la Cour Suprême.

Le Powell Manifesto

Guidés par ce qu'on appellera plus tard le Powell Manifesto, les adeptes du laissez-faire ont alors mené une stratégie visant à augmenter de façon drastique l'influence des entreprises sur la politique américaine. Powell lui-même a travaillé avec des juges pro-entreprises pour trouver une interprétation des lois favorable aux intérêts des industriels, principalement en développant la notion de personnification des entreprises. Une stratégie qui a eu pour conséquence directe de faire exploser le lobbyisme.

Alors que ce dernier pesait 100 millions de dollars en 1975, il représentait en 2010 plus de 3,5 milliards de dollars. Les grandes sociétés ont aussi eu la possibilité d'utiliser des contributions de campagne de plus en plus importantes pour promouvoir l'élection de personnalités politiques pro-entreprises à tous les niveaux du gouvernement.

De riches donateurs ont ensuite fondé des think tanks conservateurs pour influencer l'opinion publique en faveur du laissez-faire. Et le Tea Party est clairement une extension de cette stratégie de Powell de promouvoir le profit des entreprises au détriment du bien de tous.

La "théorie" du réchauffement climatique

Notre démocratie a été piratée par cette expansion du pouvoir des entreprises qui nous empêche d'agir sur plusieurs problèmes majeurs. Ce qui se passe avec le changement climatique en est un exemple flagrant.

L'objectif des adeptes du laissez-faire de considérer le réchauffement de la planète comme "une théorie et non un fait" a entraîné assez de doutes autour de la question pour faire obstacle à toute avancée.

Les conséquences potentielles du réchauffement climatique n'ont pourtant jamais été aussi évidentes qu'elles ne le sont aujourd'hui. Pensez simplement à ce que l'on a vu aux États-Unis l'année dernière. Une chaleur record dans l'histoire du pays, la sécheresse qui a touché 60% des habitants ou encore le passage de l'ouragan Sandy qui a engendré plus de 110 milliards de dégâts.

Malgré cela, le Congrès reste paralysé à cause de nombreux législateurs refusant tout bonnement de reconnaître la véracité scientifique de ces changements météorologiques. Pour que notre planète ait le droit à un futur, nous devons revoir nos priorités et nous soucier de sa durabilité avant de nous inquiéter des profits des entreprises.

Nous devons reprendre le contrôle de notre destinée. Réduire l'influence des entreprises sur la politique américaine et redynamiser une prise de décisions basée sur la raison est vital à la durabilité de notre système démocratique.

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