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Avant de réclamer plus de pouvoirs en immigration...

Avant de réclamer plus de pouvoirs en immigration comme le fait François Legault, le Québec devrait commencer par mieux gérer l'immigration qu'il contrôle.
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Il y a un an, le Québec était plongé dans le débat sur la Charte des valeurs québécoises. Heureusement, la Charte de la division est maintenant enterrée.

J'avais alors exprimé l'avis que le débat sur cette charte occultait un problème plus profond au Québec, celui de l'immigration. Les résultats des politiques d'immigration économique du Québec sont désastreux. Peu d'immigrants économiques réussissent leur intégration à long terme au Québec. Ceux qui demeurent ici souffrent d'un taux de chômage élevé. À titre d'exemple, ce taux atteint jusqu'à trois fois le taux de chômage des Québécois nés au Canada dans le cas de l'immigration maghrébine qui représente près de la moitié de l'immigration économique du Québec (si on inclut les immigrants européens d'origine nord-africaine). Les critères sont trop permissifs : vous avez un secondaire V fort et vous parlez très bien le français? Allez hop, bienvenue au Québec, parfois même sans entrevue!

Ma formation politique est favorable à l'arrivée d'immigrants au Québec. Mais on ne devrait pas accepter n'importe qui. Le Québec a un devoir moral de mieux choisir ses immigrants : les conséquences d'un mauvais choix sur le candidat, sur sa famille et sur l'économie québécoise sont trop sérieuses pour se limiter à la langue comme critère principal et ensuite espérer que le candidat décrochera un emploi. Voilà pourquoi il faut s'assurer de recruter des candidats qui veulent s'établir ici en permanence et qui sont en position d'occuper un emploi dès leur entrée au Canada puisqu'un emploi est une des meilleures façons de s'intégrer à sa nouvelle terre d'accueil.

L'Australie a adopté une réforme en ce sens en 2012. En vertu du système SkillSelect, les candidats voulant demander un visa doivent d'abord remplir en ligne sur un site - qui fait penser à un site de rencontres - une « expression d'intérêt » comprenant des informations personnelles et professionnelles. Les candidats qualifiés peuvent y être « rencontrés » par les employeurs australiens et mis en nomination pour obtenir des visas. Ces demandes sont ensuite analysées selon les critères établis par le ministère. Ce système permet donc aux employeurs de jouer un rôle clé dans la sélection des immigrants économiques. Immigration et Citoyenneté Canada (« CIC ») vient d'annoncer qu'un système semblable appelé « Entrée express » entrera en vigueur en 2015.

Un des avantages du nouveau système est qu'il rend moins importante la question souvent débattue au Québec du nombre d'immigrants à recevoir. En temps de croissance économique, le nombre augmentera pour combler les postes vacants et a contrario, en récession, le nombre diminuera puisque moins d'employeurs auront de postes à combler. L'autre avantage est que les employeurs choisiront des candidats affichant des valeurs qui faciliteront leur intégration.

Avant de réclamer plus de pouvoirs en immigration comme le fait François Legault, le Québec devrait commencer par mieux gérer l'immigration qu'il contrôle. Espérons que Kathleen Veil, la ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion du Québec, harmonisera l'approche de son ministère avec celle de CIC pour mettre les employeurs québécois à contribution dans le processus d'immigration et ainsi mieux filtrer les candidats qui veulent faire du Québec leur nouvelle terre d'accueil.

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