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François Legault et le dirigisme économique raté

Il est temps de dire «non» au gouvernemaman étatiste de M. Legault et de faire confiance aux entrepreneurs québécois qui, eux, savent ce qui est meilleur pour leur entreprise et leurs actionnaires.
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Certains électeurs ont l'illusion que l'ADN de l'ADQ est encore présent au sein de la CAQ, malgré les démissions de Sylvie Roy et de Gérard Deltell. Ils pensent que la CAQ encourage une économie de marché libre et une diminution du rôle de l'État en faveur d'une plus grande place à la liberté et à la responsabilité individuelle.

Désolé de vous décevoir, mais si on porte un tant soit peu attention aux propos du chef de la CAQ, on constate que celui-ci ne cesse de proposer plus d'intervention gouvernementale dans l'économie.

Par exemple, M. Legault se lamente régulièrement que le Québec est en voie de devenir une économie de succursales et non de propriétaires et exige une intervention étatique musclée. Lors de la vente de Texel, une entreprise de la Beauce, à Lyndal, une entreprise du Texas, qui a investi 125M$ au Québec pour en faire l'acquisition, M. Legault a déchiré sa chemise. « Il devient urgent que le gouvernement se dote d'un plan pour arrêter la perte de sièges sociaux québécois. (...) Un mandat spécial et un fonds spécial devraient être confiés à Investissement Québec pour faire une veille sur les sièges sociaux québécois qui risquent d'être vendus au cours des prochaines années », a-t-il écrit sur sa page Facebook.

Pourtant, une étude menée par Michael Bloom du Conference Board du Canada montre, après une analyse macro-économique de quelque 200 compagnies et de 540 transactions et une étude détaillée de quelque 30 acquisitions, que les acquisitions de compagnies canadiennes par des compagnies étrangères sont généralement neutres à positives pour le pays. Bien que dans certains cas, les emplois liés à la gouvernance (ex. : membres de conseil d'administration) diminuent après une acquisition par une firme étrangère, il n'y a aucune preuve de diminution de l'emploi dans les sièges sociaux canadiens. Par contre, l'impact au niveau opérationnel est plutôt positif car il y a souvent moins de dédoublements de produits ou de territoires. De plus, après leur acquisition, les entreprises bénéficient d'investissements accrus et le nombre d'emplois augmente. Elles profitent également de l'expertise et du savoir-faire étranger. Enfin, l'impact d'une acquisition sur les communautés (ex. : philanthropie) semble minime.

Ces conclusions se confirment dans la réalité québécoise. Par exemple, le groupe aluminium élargi, issu du regroupement d'Alcan et des actifs existants de Rio Tinto dans le secteur de l'aluminium, est devenu aujourd'hui le nouveau leader mondial de l'aluminium, un titre dont elle ne pourrait pas se réclamer si la Caisse en avait empêché l'acquisition comme l'aurait souhaité M. Legault. Son siège social est demeuré à Montréal. La compagnie australienne a continué à investir des centaines de millions de dollars dans le développement de sa « succursale » canadienne (tout récemment à Laterrière) et celle-ci a poursuivi ses activités de philanthropie au Québec (par exemple, le nouveau planétarium Rio Tinto à Montréal).

L'exemple de Van Houtte est aussi éloquent. Les ventes de Van Houtte sont en hausse significative depuis son acquisition par l'Américaine Green Mountain (puis par Keurig), propulsées par les ambitions canadiennes que lui a confiées sa nouvelle compagnie mère. Ces ambitions n'auraient certainement pas été insufflées par un morne bureaucrate de la Caisse de dépôt. L'embauche et les investissements dans le quartier défavorisé de St-Michel de Montréal sont à la hausse. Gérard Geoffrion, président à l'époque de la vente, avouait avoir retrouvé le plaisir de «gérer de la croissance et de créer des emplois de valeur» sous la gouverne des propriétaires étrangers. Pas mal, pour ce que François Legault appelle une « succursale »!

Il y a une foule d'autres exemples de PME - qui n'intéressent pas les politiciens car leur vente ne fait pas la manchette - qui ont bénéficié de devenir des « succursales » de multinationales étrangères. Deaubois Inc. s'est imposé comme chef de file à titre de fabricant et distributeur de mortiers spécialisés et bétons pré-mélangés à l'intention des marchés industriels et de détail. The Quikrete Companies Inc., d'Atlanta, Georgie a acheté l'entreprise et y a transféré toute la production de cette dernière effectuée au New Hampshire. A. Richard Ltée, une entreprise familiale de Berthierville, Québec, fondée en 1890, a été acquise par Hyde Tools inc. de Southbridge, Massachusetts. L'acheteur fut si impressionné par la qualité des produits qu'il a transféré à Berthierville toute sa production nord-américaine de truelles de haute qualité et le directeur-général de l'usine québécoise conseille régulièrement la direction américaine. Plus récemment, les actionnaires québécois de Techniseal ont réalisé un important profit en vendant leurs actions à Old Castle, un important manufacturier de produits et matériaux de construction mondial. Old Castle permettra à Techniseal, qui est leader mondial dans le domaine du sable polymère et manufacturier renommé de produits pour le nettoyage et la protection des pavés de béton, de commercialiser ses innovations technologiques développées à Candiac à travers toute la planète.

Des dirigistes comme M. Legault ont créé naguère la Société générale de financement. Ce panier percé a perdu de centaines de millions de nos taxes à « protéger » des « fleurons » québécois. Quant à Investissement Québec, le chouchou de M. Legault, la Vérificatrice générale semble plutôt dire dans un rapport cinglant que c'est un citron . Depuis la fusion de 2011 avec la SGF, à l'exception de l'exercice 2012-2013, IQ n'a même pas été capable de faire assez de profits pour couvrir les intérêts sur l'argent que le gouvernement lui a confiés!

Il est temps de dire « non » au gouvernemaman étatiste de M. Legault et de faire confiance aux entrepreneurs québécois qui, eux, savent ce qui est meilleur pour leur entreprise et leurs actionnaires.

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Mai 2017

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