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Gérer la crise du «Hirak» du Rif marocain… oui, mais, comment?

Le «Hirak» du Rif au Nord du Maroc est une lourde préoccupation qui a fait couler assez d’encre, de pixel et de sang.
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À Montréal, le jeudi 20 juillet 2017, environ trente citoyens se sont rassemblés devant le local d’Amnistie internationale Canada francophone pour appuyer les revendications du «Hirak» du Rif marocain.
Abdelhafid Daoudi
À Montréal, le jeudi 20 juillet 2017, environ trente citoyens se sont rassemblés devant le local d’Amnistie internationale Canada francophone pour appuyer les revendications du «Hirak» du Rif marocain.

À Montréal, le jeudi 20 juillet 2017, environ trente citoyens se sont rassemblés devant le local d'Amnistie internationale Canada francophone pour appuyer les revendications du «Hirak» du Rif marocain. Ce billet compte répondre à un certain nombre de questions qui demeurent sur les lèvres des personnes qui étaient attirées par une telle mobilisation. Parmi celles-ci, d'où vient le «Hirak»? Par quels moyens s'est-il propagé? Comment le gérer?

Mise en contexte

Le «Hirak» du Rif au Nord du Maroc est une lourde préoccupation qui a fait couler assez d'encre, de pixel et de sang. Cette mouvance contestataire a vu le jour le 28 octobre 2016, date de la mort du Rifain Mohsen Fikri, écrasé par le compacteur d'un camion-ordure lorsqu'il a tenté de sauver sa marchandise saisie par les autorités marocaines sous prétexte qu'elle ne respectait pas les règles en vigueur. Les Marocains restent très touchés et réclament des revendications qui touchent à la santé, l'économie et l'enseignement.

Les réseaux sociaux sont encore marqués par la phrase blessante et irresponsable: «Thane Mou» (écrase sa mère), prononcée lors de ce terrible événement.

La naissance du «Hirak» du Rif est due essentiellement aux jeunes Rifains. Puis, il a été approprié par plusieurs citoyens. Simultanément, la «génération numérique» demeurait fidèle au «Hirak». En effet, de nombreuses voix numériques s'élèvent partout dans le monde pour s'exprimer quant aux revendications de cette marche.

Malgré que les autorités marocaines aient interdit la manifestation du 20 juillet 2017 au Maroc, les Marocains se sont mobilisés. Rappelons que le 20 juillet est une date importante dans la mémoire marocaine. Elle correspond à la commémoration de la «Bataille d'Anoual» où Abdelkarim Al-Khattabi et les résistants rifains ont réalisé une victoire inoubliable sur l'armée espagnole en 1921.

Pistes et stratégies d'intervention

Dans le «monde de transparence» dans lequel nous vivons, il est pertinent de donner des réponses favorables aux revendications du «Hirak» de façon graduelle et transparente selon les vrais moyens de l'État, plutôt que de perdre la confiance des citoyens. Car, cela prendra énormément de temps et de génération pour y remédier.

Il n'est jamais trop tard pour se rattraper, car la démocratie est un concept évolutif.

Après huit mois de contestation, le système étatique marocain n'a pas encore donné suite à ceci. Au contraire, les leaders de cette mobilisation sont détenus. Il n'est jamais trop tard pour se rattraper, car la démocratie est un concept évolutif. Maintenant, il faut faire un double effort: politique et psycho-social pour surmonter ces difficultés tout en construisant à la fois la confiance des citoyens et en répondant aux besoins socioéconomiques des Marocains afin de gagner la confiance des citoyens.

La clé de voûte pour décoder cette crise est non seulement la libération de tous les détenus politiques, mais aussi de les impliquer dans le processus des prises de décisions et dans le choix des plans d'action. Les décideurs marocains doivent avoir l'ouverture d'esprit qui leur permet de réaliser que la gestion des changements est une fonction partagée entre l'État et les citoyens. Le changement doit passer par la personne et selon une démarche transparente et continue. L'intégrité est incontournable pour avancer.

L'implication des citoyens est la base de la mobilisation des intelligences. De surcroît, la participation active de l'expertise des Marocains du monde et des nouvelles compétences et visages est un atout dynamique pour faire une transition porteuse d'un avenir prometteur pour tous les Marocains. Mais encore, cela ne suffit pas, il faut absolument un changement de la culture politique actuelle et une rupture avec les mauvaises pratiques.

Pour y arriver, il est important que le système marocain développe une vision positive et optimiste claire et éclairée de l'avenir du pays. Précisément, il est pertinent de saisir que la «Haraka comme telle est Baraka» (le mouvement est une bénédiction; proverbe marocain qui signifie l'avantage de travailler) pour l'État marocain et le peuple marocain. Car, ce moment n'est qu'une station tournante de l'histoire du Maroc; elle pousse le système à passer à l'acte afin de continuer à effectuer des réformes politiques entamées en 2011 dans une optique de rattrapage et de modernisation.

Ces manifestations permettent au système marocain de s'autocritiquer et de procéder à de sérieuses remises en cause afin de s'adapter aux circonstances de 2017.

Simplement, le « Hirak » du Rif est un outil d'apprentissage organisationnel. L'État doit s'adapter aux changements liés à la pression de la culture numérique. Ces manifestations permettent au système marocain de s'autocritiquer et de procéder à de sérieuses remises en cause afin de s'adapter aux circonstances de 2017.

Conclusion

À l'aide des TIC, le «Hirak» a permis de dévoiler la scène politique marocaine. Avec l'émergence d'une nouvelle génération, un profond désir de renouveau politique est en train de se développer. Le Maroc souffre d'une situation de crise qui nécessite une approche multidisciplinaire fondée sur les valeurs de l'esprit de collectivité, associée à un courage politique. Finalement, j'invite tous les acteurs à se souvenir de la citation du peintre, du Roi de la France Louis XIII, Nicolas Poussin: «ce qui vaut la peine d'être fait vaut la peine d'être bien fait».

Avril 2018

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