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Les provocations nord-coréennes concernant son arsenal nucléaire sont un moyen d'attirer l'attention sur ce «royaume» fermé, mais très appauvri, de demander de l'aide internationale pour nourrir ses campagnes et de rappeler au monde son existence. La tactique marchait sous Kim Il-sung et Kim Jong-il, elle marchera sous Kim Jong-un.
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North Korean army officers punch the air as they chant slogans during a rally at Kim Il Sung Square in downtown Pyongyang, North Korea, Friday, March 29, 2013. Tens of thousands of North Koreans turned out for the mass rally at the main square in Pyongyang in support of their leader Kim Jong Un's call to arms. (AP Photo/Jon Chol Jin)
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North Korean army officers punch the air as they chant slogans during a rally at Kim Il Sung Square in downtown Pyongyang, North Korea, Friday, March 29, 2013. Tens of thousands of North Koreans turned out for the mass rally at the main square in Pyongyang in support of their leader Kim Jong Un's call to arms. (AP Photo/Jon Chol Jin)

120 000 kilomètres carrés de territoire. Une population qui frôlait les 25 millions en 2011. 204 habitants par kilomètre carré, classé 40e au monde pour la densité de population. Un taux d'urbanisation de 63%, dopé par une accélération massive à la suite de la guerre de Corée. Une autonomie importante accordée aux régions dans les prises de décisions. Un pourcentage de terres arables satisfaisant, une proximité avec des économies florissantes (Chine, Corée du Sud, Singapour, etc.) À première vue, la Corée du Nord ne ressemble pas à l'idée qu'on se fait d'un des pays les plus défavorisés du globe. D'autant plus qu'au niveau scientifique, force est de constater qu'ils sont assez bons, puisqu'ils ont réussi à se doter de la technologie nucléaire malgré tous les efforts mondiaux pour l'en empêcher.

Un peu d'histoire. La civilisation coréenne serait apparue en 2333 avant Jésus-Christ, mais aucun document n'atteste ce fait avant la période de la Dynastie Han (Chine), en l'an 206 avant J-C. Un royaume, puis trois royaumes, deux États, dont celui de Balhae, pouvant s'apparenter à l'actuelle Corée du Nord (incluant une partie de la Mandchourie.) Puis, la dynastie Joseon, qui régna jusqu'en 1910 sur l'ensemble du territoire coréen. Vient alors la Deuxième Guerre mondiale, la résistance coréenne à l'occupation japonaise, la libération et la proclamation de la République. Le désarmement de l'armée japonaise par l'URSS au Nord et par les États-Unis aux Sud contribuera grandement à séparer le Nord communiste du Sud, et introduisit la fameuse notion du «38e parallèle» (ligne de séparation entre les deux Corées, où le général américain MacArthur proposa sérieusement de répandre du cobalt radioactif...) En 1948, la Corée du Nord proclame clandestinement la République populaire démocratique de Corée. La guerre éclatera deux ans plus tard. Au final, environ un million et demi de morts, une frontière inchangée et une polarisation des positions des belligérants. Un des premiers « échecs » pour les États-Unis avant la guerre du Vietnam...

La Corée du Nord me fait penser au Royaume de Doriath, illustré dans le livre Le Silmarillion, de J.R.R. Tolkien, publié en 1977 à titre posthume par son fils. Doriath est un Royaume caché protégé par l'anneau magique d'une demi-déesse nommée Mélian. N'entre pas dans à Doriath qui veut : les visiteurs sont encadrés par la Garde et emmenés devant le Roi. On ne sait pas ce qui s'y passe, ses réalités restent cachées face aux autres. À cette différence près: le Royaume de Doriath est extrêmement riche et puissant, ce qui n'est pas le cas ici...

Le billet de Charles-Étienne Fillon se poursuit après la galerie

Images des manoeuvres militaires de cette fin de mois de mars

Kim Il-sung, premier dirigeant du pays, est idolâtré par les Nord-coréens. Ses descendants, Kim Jong-il et Kim Jong-un, le sont tout autant, incarnant les rejetons du royal «vainqueur» de la guerre de Corée. Le culte de la personnalité est extrêmement fort en Corée du Nord, bien évidemment alimenté par un réseau de propagande extrêmement efficace. Ce culte de la personnalité est l'une des fondations du régime nord-coréen, avec le contrôle de l'information et le patriotisme, l'appartenance au Parti unique. Les seules manifestations d'importance tolérées y sont appelées par le régime lui-même en guise de démonstration de soutien, et rassemblent des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes. De l'extérieur, l'appui au régime semble total. Les rares dissidents meurent, sont emprisonnés ou s'exilent de peine et de misère. Tous les ingrédients d'une dictature...

Si la Corée du Nord possède des terres arables, elles ne suffisent pas à nourrir convenablement les populations de ce pays durement frappé par les sanctions internationales. L'Institut pour l'Unification nationale, en Corée du Sud, évalue le nombre de morts liés à la famine à 10 000 pour l'année 2012 seulement et cette famine sévit depuis de longues années. En fait, personne ne sait réellement combien de personnes sont mortes de faim ou de malnutrition. Les vagues successives de sanctions internationales adoptées par l'ONU et le Conseil de sécurité ont frappé de plein fouet les petits paysans, et les élites originalement visées continuent d'accumuler et de dépenser. Un article paru récemment faisait même état de « l'occidentalisation » très partielle de la Corée du Nord, notamment à Pyongyang où les boutiques à la mode poussent rapidement pour ceux qui en ont les moyens. Il y a fort à parier que les nouvelles sanctions, adoptées à la suite des nouvelles provocations de Kim Jong Un, ne feront pas exception à la règle et ne démontreront à nouveau qu'une seule chose: les sanctions économiques contre des pays dictatoriaux, rebelles ou autres ne font qu'affecter drastiquement la qualité de vie des pauvres, et touchent faiblement les classes dirigeantes.

Les provocations nord-coréennes concernant son arsenal nucléaire sont un moyen d'attirer l'attention sur ce «royaume» fermé, mais très appauvri, de demander de l'aide internationale pour nourrir ses campagnes et de rappeler au monde son existence. La tactique marchait sous Kim Il-sung et Kim Jong-il, elle marchera sous Kim Jong-un. Faut-il prendre cette menace au sérieux? Bien sûr, ce serait stupide de faire autrement. Un animal blessé lancera une charge ultime, et ce pays possède réellement des ogives. On a envahi l'Irak pour beaucoup moins. Mais en attendant, de travailler pour venir en aide aux paysans nord-coréens, uniquement victimes de la localisation géographique de leur naissance, devrait être la priorité. Un peuple qui mange, qui boit et qui travaille son taux d'alphabétisation est un peuple qui peut réfléchir à son avenir...

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