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Montréal: des consultations chères, complexes et mal documentées

Un «chantier de réflexion» sur la façon de consulter s'imposerait à cause de l'afflux de nombreux dossiers complexes.
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Montréal semble avoir atteint sa limite en ce qui concerne sa capacité de mener des consultations publiques. L'Office de consultation publique de Montréal (OCPM) craint de manquer de ressources si la cadence se maintient. Et la documentation fournie par la Ville n'est pas toujours adéquate.

Les mandats donnés à l'OCPM se multiplient depuis l'arrivée au pouvoir de Valérie Plante et son équipe. Dès les lendemains de son élection, en 2017, la nouvelle mairesse annonçait son intention de faire fréquemment appel à l'organisme.

«On a présentement neuf mandats qu'on mène de front, et on n'est qu'en avril. Autrefois, une bonne année c'était six ou huit consultations.»- Dominique Ollivier, présidente de l'OCPM

Mais l'OCPM a atteint la limite de ce qu'elle peut faire avec les fonds et les ressources actuellement disponibles. Pour illustrer le problème, sa présidente Dominique Ollivier souligne qu'il y a 29 commissaires à l'OCPM et que 27 d'entre eux sont actuellement occupés par une consultation. Puisqu'il y a trois commissaires par mandat, l'organisme ne peut pas en accueillir une seule de plus sans embaucher un nouveau commissaire.

L'an dernier, l'organisme a demandé 650 000 $ supplémentaires à la Ville de Montréal pour mener à terme ses mandats, en plus du budget annuel de 1,9 M$. Mais, signe que la limite est atteinte, environ 300 000$ ont été renvoyés à la Ville parce que des consultations ont été reportées à 2019.

Selon Mme Ollivier, l'administration Plante devra prévoir «au moins» 2,4 M$ pour 2019. Ce qui est effectivement le montant prévu au budget de la Ville.

Dossiers complexes, mal documentés

Mais plus encore que le nombre de dossiers, c'est leur complexité qui change la réalité de l'Office de consultation publique de Montréal.

À l'origine, les activités de l'OCPM se limitaient principalement aux projets immobiliers précis. Les paramètres précis comme la hauteur du bâtiment, le nombre de logements prévus et les qualités architecturales étaient connus et les citoyens pouvaient suggérer d'autres options.

L'administration Plante fait souvent appel à l'Office pour consulter les citoyens en amont de la planification d'un projet, d'un secteur ou d'un programme. Le public participe à l'élaboration de ces paramètres plutôt que de les commenter.

Dans le rapport annuel de l'organisme dévoilé mercredi, l'OCPM réclame un «chantier de réflexion» sur la manière de mener ce genre de consultation. L'organisme craint qu'une documentation trop floue ne soit contre-productive.

«L'Office se rend compte que la documentation accompagnant ce type de mandat est souvent incomplète. Pour que ces exercices puissent être pleinement productifs et qu'ils permettent de dégager des propositions constructives, un important chantier de réflexion s'impose, tant pour déterminer le type de documentation minimale qui doit les accompagner que pour s'assurer que l'exercice de consultation lui-même arrive au bon moment dans la chaîne de décision», lit-on.

Mme Ollivier prend en exemple la planification du secteur des Faubourgs, qui comprend la brasserie Molson et la Maison Radio-Canada. Une liste plus exhaustive des projets immobiliers en préparation aurait été la bienvenue.

«Il y a des terrains vacants dans ce secteur, mais ces terrains sont déjà visés par des projets. Alors demander aux gens de rêver à ce qui est possible sans tenir compte de ces projets, ce n'est pas efficace», souligne-t-elle.

La consultation sur le secteur des Faubourgs, qui comprend la brasserie Molson et la Maison Radio-Canada, mériterait une plus ample documentation, selon l'OCPM.
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La consultation sur le secteur des Faubourgs, qui comprend la brasserie Molson et la Maison Radio-Canada, mériterait une plus ample documentation, selon l'OCPM.

C'est la Ville de Montréal qui fournit la documentation en question pour ce type de consultation. Mais il semble que les ressources disponibles à la Ville soient également étirées: comme nous le rapportions le mois dernier, la consultation sur le racisme systémique a été retardée parce que la Ville tardait à fournir le document de référence.

Selon Mme Ollivier, c'est la principale raison du report des autres mandats qui auraient dû être entamés l'an dernier.

Les consultations en amont seraient également plus onéreuses en termes d'organisation.

«Elles requièrent plus de ressources et plus de temps, puisqu'il faut souvent, en l'absence de projet concret, déployer un arsenal d'outils pour en expliquer les enjeux, pour faire émerger des consensus et pour faire participer les gens en allant à leur rencontre dans leur milieu de vie», lit-on dans le rapport.

Selon le rapport annuel, l'année 2018 a été la plus achalandée de l'histoire de l'OCPM. Plus de 24 000 personnes ont participé à une activité pendant l'une ou l'autre de 10 consultations, et plus de 2000 mémoires ont été reçus. Plus de la moitié des participants se sont prononcés sur la fermeture controversée de la voie Camillien-Houde aux automobilistes de transit.

Voir aussi: Une visite du chantier de la Maison de Radio-Canada

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