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Laïcité: qu’en est-il des signes religieux autochtones?

Un enseignant de la CSDM lance le débat dans une publication sur Facebook devenue virale.
Xavier Watso, enseignant en arts dramatiques à la CSDM
Facebook/Xavier Watso
Xavier Watso, enseignant en arts dramatiques à la CSDM

QUÉBEC - La spiritualité autochtone serait-elle interdite selon le projet de loi sur la laïcité du gouvernement Legault? Un enseignant de la nation des Abénakis soulève la question, alors qu'il promet d'afficher des symboles de sa religion en classe jusqu'à la fin de l'année scolaire.

Xavier Watso, qui enseigne les arts dramatiques dans une école de Montréal, a décidé de porter des symboles de sa religion et de sa culture pour démontrer son soutien envers d'autres collègues qui sont visés par l'interdiction prochaine de la Coalition avenir Québec (CAQ).

«J'ai des amis et des collègues en dehors de la Ville de Montréal, qui travaillent sur réserve, à Kahnawake ou sur ma réserve à Odanak, qui pratiquent presque quotidiennement certains rituels et certains aspects de la spiritualité autochtone. Pour eux, (le projet de loi) les affecterait au quotidien», explique M. Watso en entrevue avec le HuffPost Québec.

«Quand on parle d'autodétermination des peuples autochtones, ça inclut aussi de permettre aux Premières Nations de prendre le contrôle de l'éducation de leurs jeunes et ça passe par la passation des savoirs traditionnels et de notre culture», ajoute-t-il.

L'enseignant pratique lui-même certains rituels. Au début de chaque année scolaire, à l'abri du regard des élèves, il brûle de la sauge pour purifier sa classe et pour marquer le commencement d'un nouveau cycle. Il arbore aussi un totem sur son bureau.

Mais le projet de loi viendrait interdire les symboles religieux que l'on porte sur soi, comme une croix dans le cou, une kippa ou un voile.

M. Watso porte pour sa part un chandail orné de rubans, un médaillon perlé et des mocassins. Ces vêtements peuvent être portés par les peuples des Premières Nations lors de cérémonies officielles et religieuses, selon Patrimoine Culturel Canada.

En 2017, la Cour suprême du Canada a aussi décrété que les croyances spirituelles autochtones sont garanties par les dispositions de la Charte canadienne des droits et libertés sur la liberté de religion.

«C'est pour nous une marque de respect envers notre spiritualité que d'avoir ce chandail-là ou ce collier-là», affirme M. Watso.

À son avis, si le gouvernement du Québec tente de lui retirer ses symboles, l'enseignant dit que les peuples autochtones ne se laisseront pas faire. Dans une publication sur Facebook, il prévoit même une «crise d'Oka #2» si c'est le cas.

La réponse du gouvernement

Contacté à ce sujet, le cabinet du premier ministre François Legault a référé le HuffPost à une porte-parole de la ministre responsable des Affaires autochtones. Elle a référé le HuffPost au porte-parole du leader parlementaire Simon Jolin-Barrette, qui est responsable du projet de loi sur la laïcité.

«En ce qui a trait aux signes religieux, les enseignants des commissions scolaires visées par la Loi sur l'instruction publique pour les autochtones cris, inuit et naskapis ne sont pas visés; ces commissions scolaires font l'objet d'un régime législatif distinct», a répondu Marc-André Gosselin, l'attaché de presse de M. Jolin-Barrette.

Il spécifie toutefois que les enseignants autochtones employés dans des écoles publiques visées par le projet de loi sont, à titre individuel, assujettis à l'interdiction lorsqu'il s'agit de signes religieux comme une croix catholique par exemple. La clause de droits acquis s'applique dans ce cas également.

En ce qui concerne les signes spirituels autochtones, ceux-ci ne sont pas visés par le projet de loi sur la laïcité, confirme l'attaché de presse.

Pour voir la publication de Xavier Watso:

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