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«Il va falloir qu’on se retrouve tous au final», dit Catherine Fournier aux péquistes

La députée démissionnaire tend la main à son ancien parti, mais n'a pas l'intention de revenir sur sa décision.
Catherine Fournier, députée provinciale de Marie-Victorin, a quitté le Parti québécois pour siéger comme indépendante le 11 mars 2019.
Olivier Robichaud/HuffPost Québec
Catherine Fournier, députée provinciale de Marie-Victorin, a quitté le Parti québécois pour siéger comme indépendante le 11 mars 2019.

TROIS-RIVIÈRES - La députée Catherine Fournier, qui a claqué la porte du Parti québécois (PQ) il y a deux semaines, n'a pas l'intention de revenir sur sa décision même si les militants se sont entendus en fin de semaine pour entamer une profonde réflexion sur le parti.

Des jeunes militants, qui avaient signé une lettre en appui à la démarche de Mme Fournier, n'ont pas tenu de grands coups d'éclat lors du Conseil national tenu en fin de semaine à Trois-Rivières. Ils se sont finalement ralliés au plan d'action proposé par les instances du PQ.

«Je souhaite bonne chance au Parti québécois parce qu'il va falloir qu'on se retrouve tous au final. Il va falloir que les péquistes fassent partie de l'équation si on veut rassembler tous les souverainistes. Tant mieux si ça s'est bien passé», a déclaré Mme Fournier en entrevue avec le HuffPost Québec.

Vu la tournure positive des événements, estime-t-elle qu'elle a jeté l'éponge trop tôt? «Personnellement, je n'y crois pas, donc je n'étais pas à l'aise de rester dans ce contexte-là et d'être sincère dans mon engagement.»

La députée démissionnaire «respecte énormément» les jeunes sceptiques qui ont choisi de rester au Parti québécois malgré tout.

On n'est pas exactement au même point dans notre réflexion et c'est bien correct ainsi.Catherine Fournier, députée de Marie-Victorin

Mme Fournier a dévoilé en marge du Conseil national du PQ que près de 1500 signataires avaient appuyé sa démarche pour rassembler les forces souverainistes. Dimanche, le chiffre frôlait 2000 signataires sur sa plateforme web «Oui, il faut que ça bouge».

Dans les prochaines semaines, elle va compiler les idées reçues par le biais de sa plateforme, mais aussi sur les réseaux sociaux. Le flou subsiste toujours sur la forme finale que prendra son rassemblement de souverainistes tant souhaité.

Même si elle n'était pas au Conseil national, Mme Fournier en vient elle aussi au constat qu'il existe un certain fossé générationnel sur la façon de voir la politique.

«Les nouvelles générations, c'est sûr qu'elles vont peut-être être davantage attachées à une cause plutôt qu'à une institution, un parti politique. On peut retrouver ce phénomène-là au Québec et à l'échelle mondiale», s'avance-t-elle.

Des tensions sur l'âge

La journée de dimanche au Conseil national a révélé des divisions entre les jeunes et les moins jeunes.

Les membres du Comité national des jeunes du Parti québécois (CNJPQ) et autres jeunes militants étaient bien déterminés à faire adopter un maximum de propositions lors de l'adoption des règles du Congrès national extraordinaire.

S'ils ont réussi à faire en sorte que plus de jeunes pourraient être observateurs, ils ont cependant échoué dans leur tentative d'augmenter le quota de jeunes délégués.

Autant euthanasier toutes les vieilles sacoches!Marc Laviolette, militant de Suroît

Élisabeth Gendron, vice-présidente à l'organisation et à la mobilisation du CNJPQ, a demandé à ce que la moitié des délégués présents cet automne soit âgés de moins de 40 ans, de façon à mieux refléter la démographie québécoise. Cette option a été écartée.

L'ex-candidate péquiste de la circonscription de Hull, Marysa Nadeau, a donc suggéré que la moitié des délégués aient plutôt moins de... 45 ans.

Les propositions ont eu pour effet de soulever les passions des militants plus âgés, qui y ont vu une tentative de les tasser du parti. «Autant euthanasier toutes les vieilles sacoches!» s'est indigné Marc Laviolette, ex-syndicaliste et militant bien connu du PQ.

«Là, je trouve qu'on est rendus dans l'âgisme! Ça n'a plus d'allure. Moi, je suis membre, j'ai 63 ans et je m'implique à tous les jours au Parti québécois. Mais là, là, je la trouve grave et pas à peu près», a enchaîné Roland Savard, un militant de La Prairie visiblement émotionnel.

Des militants au Conseil national du Parti québécois à Trois-Rivières.
Parti Québécois
Des militants au Conseil national du Parti québécois à Trois-Rivières.

Mathieu Castonguay, président de l'association de Saguenay-Lac-Saint-Jean, est intervenu pour appeler les membres à mettre de l'eau dans leur vin, comme l'ont fait les jeunes la veille.

«Hier, il y a des jeunes qui étaient sceptiques, ils ont décidé de faire confiance au processus et de revenir, et c'est une profession de foi, d'une certaine façon», a enchaîné le militant de 29 ans, qui s'est défendu de faire de l'âgisme.

Cette idée d'un quota de 50% pour les moins de 45 ans a finalement été rejetée au terme d'un vote très serré.

Mme Nadeau est donc revenue au micro pour proposer d'augmenter l'âge à 48 ans, sous les huées des militants. «Ça fait deux semaines qu'on dit dans les médias que tout est sur la table et quand c'est le temps de joindre la parole aux actes, vous chokez!» a-t-elle critiqué.

Les militants se sont finalement prononcés en faveur d'un quart de délégués de 30 ans et moins.

«On a gagné presque toutes nos propositions», a fait valoir la présidente de l'aile jeunesse, Frédérique Saint-Jean, après le vote, dimanche midi.

Se retrouver plus tôt que tard

La présidente du PQ, Gabrielle Lemieux, s'engage à faire en sorte que les péquistes présents au congrès prévu cet automne soient les plus représentatifs de la société possible. La démarche sera ouverte à tous ceux qui voudront y participer, dit-elle.

Pour Catherine Fournier, le PQ passe à côté de la réelle problématique.

«La question du véhicule, ce n'est pas quelque chose qui m'intéresse. Je trouve en fait que c'est une façon de s'enfarger dans les fleurs du tapis», suggère-t-elle.

Malgré les critiques à son égard, la démissionnaire se dit confiante qu'elle réussira à travailler de pair avec ses anciens collègues pour faire avancer la cause.

«Je peux comprendre que les dernières semaines ont été difficiles de part et d'autre, par ailleurs. Il y a eu beaucoup de vagues, mais la poussière va retomber. Moi, je suis confiante qu'on va arriver à travailler ensemble dans le futur. En fait, je le souhaite», mentionne-t-elle.

«Je suis certaine qu'on va se retrouver plus tôt que tard.»

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