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Mosquées: TVA sévèrement blâmé pour le reportage erroné sur les femmes exclues d'un chantier

Le reportage accusait les dirigeants de deux mosquées d'avoir demandé et obtenu l'exclusion des femmes d'un chantier le vendredi.

TVA a reçu un blâme sévère du Conseil de presse jeudi pour un reportage erroné visant deux mosquées de Montréal en décembre 2017. L'affaire avait mené à des manifestations de l'extrême droite et des antifascistes.

Dans une décision rendue le 1er février, le Conseil de presse, qui a reçu 79 plaintes concernant ce reportage, reproche des «manquements graves à la déontologie journalistique» de la part de la journaliste Marie-Pier Cloutier.

Celle-ci a diffusé un reportage le 12 décembre 2017, où elle affirmait que deux mosquées du quartier Côte-des-Neiges avaient effectué des pressions pour que les femmes soient exclues d'un chantier situé tout près les vendredis, jour de prière pour les musulmans. Elle affirmait qu'une clause avait été incluse dans le contrat de l'entreprise.

La nouvelle a été reprise par plusieurs médias, dont le HuffPost Québec, et a eu des échos jusqu'à l'Assemblée nationale.

Une enquête de la Commission de la construction du Québec a toutefois conclu qu'il n'y avait eu aucune pression de la part de la direction des mosquées et que l'affaire découle «d'un mélange de problèmes de gestion sur le terrain et de communications entre les intervenants dans la chaîne de sous-traitance».

Une des mosquées impliquées dans l'affaire a affiché un message d'appui aux femmes peu après les allégations de TVA.
Olivier Robichaud (Photo d'archives)
Une des mosquées impliquées dans l'affaire a affiché un message d'appui aux femmes peu après les allégations de TVA.

TVA a ensuite publié une mise au point, mais le mal était fait. Des militants d'extrême droite se sont présentés devant les mosquées et se sont trouvés face à face avec des manifestants antifascistes.

Dans son analyse des faits, le Conseil de presse reproche à Mme Cloutier d'avoir diffusé la nouvelle sans avoir obtenu la version des faits des dirigeants. Elle a aussi dit qu'elle avait filmé la demande écrite des mosquées alors que ce document n'existe pas.

Le reportage n'est pas disponible sur le site de TVA Nouvelles, mais un enregistrement de l'entrevue a été mis sur YouTube.

«Le Conseil considère que la journaliste a induit en erreur les représentants de l'une des mosquées en affirmant qu'elle détenait une preuve écrite alors qu'il n'en existait pas, les privant ainsi de la possibilité de s'exprimer en connaissance de cause.»Extrait de la décision du Conseil de presse

Le Conseil reproche aussi à TVA d'avoir attendu plus d'un an avant de publier des excuses officielles à l'égard des dirigeants et des fidèles des deux institutions.

Le grief concernant l'entretien de préjugés attisant la haine et le mépris a toutefois été rejeté.

«Bien que le Conseil reconnaisse que le reportage ait été réalisé dans un contexte sensible, il n'a pas constaté de propos discriminatoires qui entretiennent les préjugés et incitent à la haine et au mépris dans les produits journalistiques mis en cause. [...] Le Conseil estime que [la journaliste] ne peut être tenue responsable du contexte dans lequel son reportage a été réalisé ni des réactions du public», lit-on.

Les médias de Québecor, dont TVA, ne reconnaissent pas le Conseil de presse. L'organe, qui agit comme tribunal d'honneur pour la profession journalistique, déplore d'ailleurs l'absence de collaboration de la chaîne télévisée pendant le traitement des plaintes.

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