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Léo Bureau-Blouin: quitter la politique... pour mieux revenir?

À 20 ans, il est arrivé à l'Assemblée nationale avec de grands espoirs. Il a quitté déçu, mais confiant de pouvoir servir la société autrement.

Propulsé sur la scène politique en 2012 après le printemps étudiant, Léo Bureau-Blouin est devenu le plus jeune député de l'Assemblée nationale à tout juste 20 ans. Mais son passage en politique a été de courte durée, puisqu'il a été battu en 2014 dans Laval-des-Rapides. Loin d'être amer de la tournure des événements, l'ancien leader étudiant estime que cette défaite a plutôt été «salutaire» dans son cas.

Regrette-t-il de s'être lancé en politique trop tôt? Le HuffPost Québec lui a posé la question dans le cadre de notre série d'entrevues Politique: quand vient le divorce.

Cet hiver, Léo Bureau-Blouin est de retour à Québec. Non pas pour y siéger, mais plutôt pour passer son Barreau après des études en droit commencées lorsqu'il était député.

Près de cinq ans se sont écoulés depuis la fin de sa courte carrière politique. Contrairement à d'autres députés sortants, il n'a pas eu le temps de vivre un blues post-électoral. Il s'est plutôt replongé la tête dans ses livres de droit pour rattraper le temps perdu pendant la campagne électorale. Mais surtout, il a recommencé à ouvrir ses visières et à vivre sa vie d'étudiant, de «jeune».

J'avais peut-être des attentes très, très hautes. En même temps, c'est cet idéalisme qui fait aussi qu'on fait changer les choses.Léo Bureau-Blouin

Il a voyagé. Beaucoup. Après ses études en droit à l'Université Laval, il décroche la prestigieuse bourse Rhodes grâce à laquelle il complète deux maîtrises à l'Université Oxford. Puis, direction Washington pour un stage à la Banque mondiale. Aussitôt son Barreau complété cet hiver, il prendra le chemin de la Cour suprême à Ottawa pour assister le juge en chef Richard Wagner.

Ne sera-t-il pas en quelque sorte un loup dans la bergerie? Léo Bureau-Blouin rigole. «Jusqu'à preuve du contraire, il reste que la Cour suprême reste le plus haut tribunal au pays, dit-il. Pour moi, c'est sûr que c'est une façon de voir comment ça fonctionne et je pense que ça peut être utile en politique, même pour un indépendantiste, de savoir comment ça se passe à Ottawa.»

«Il ne faut pas laisser à d'autres cette place-là, il faut la prendre aussi. Je pense que les gens qui croient à un Canada plus décentralisé ou à un Québec indépendant doivent aussi faire valoir leur voix au Canada», ajoute-t-il.

Le jour de son assermentation, le 17 septembre 2012, Léo Bureau-Blouin est arrivé en skinny jeans et avec une cravate tout croche, car il n'en avait jamais porté avant. «Comme quoi, vraiment tout le monde peut être député», blague-t-il.
La Presse canadienne
Le jour de son assermentation, le 17 septembre 2012, Léo Bureau-Blouin est arrivé en skinny jeans et avec une cravate tout croche, car il n'en avait jamais porté avant. «Comme quoi, vraiment tout le monde peut être député», blague-t-il.

Quand le téléphone ne sonne plus

Même avec l'énergie et la fougue de sa jeune vingtaine, Léo Bureau-Blouin admet maintenant qu'il était «complètement crevé» après son bref passage dans le gouvernement minoritaire du Parti québécois.

«Au début, tu dis non à aucune demande de rencontre, à aucune demande d'entrevue, parce que justement tu veux faire ta place et tu veux montrer aux gens dans ta circonscription et de ton parti politique que tu es capable d'en prendre», dit-il.

Si bien que le soir de sa défaite en avril 2014, le jeune Léo vivait des émotions contraires. Oui, il était triste de perdre son siège et de décevoir tous ceux qui avaient cru en lui, mais il se sentait aussi le «coeur léger», comme s'il venait de se libérer d'un poids immense.

Après tout, il venait de vivre deux années intenses comme président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et dix-huit mois comme adjoint parlementaire à la première ministre pour les dossiers jeunesse.

«Tu perds tes élections et là, le téléphone ne sonne plus, il n'y a rien qui se passe. Ça, c'est dur au début parce que tu cherches un peu le sens à ta vie. Te te dis: "ben là, qu'est-ce que je fais? OK, je vais faire mon épicerie..."»

Oui, cette année et demie en politique était «beaucoup de pression» pour un jeune de 20 ans et il a parfois été désillusionné. Malgré tout, Léo Bureau-Blouin ne regrette pas de s'être lancé dans l'arène.

«J'avais peut-être des attentes très, très hautes. En même temps, c'est cet idéalisme qui fait aussi qu'on fait changer les choses, mais des fois ça a amené certaines déceptions, relate-t-il. Au final, on est un député parmi tant d'autres.»

Les reconnaissez-vous? Léo Bureau-Blouin (gauche), Martine Desjardins (centre) et Gabriel Nadeau-Dubois (droite) pendant la grève étudiante de 2012. Seul GND est actuellement député.
La Presse canadienne
Les reconnaissez-vous? Léo Bureau-Blouin (gauche), Martine Desjardins (centre) et Gabriel Nadeau-Dubois (droite) pendant la grève étudiante de 2012. Seul GND est actuellement député.

La politique, pas tout de suite

Un député parmi tant d'autres? Chose certaine, Léo Bureau-Blouin a marqué l'esprit du couple Jolicoeur, qui lui a loué une chambre, pendant ses mois comme député, dans un immeuble historique de la rue d'Auteuil à Québec.

C'est là où l'ancien premier ministre René Lévesque a vécu pendant son temps à l'Assemblée nationale. Plusieurs élus y vivent encore.

«Avez-vous l'intention de devenir premier ministre?» demande Francine Jolicoeur à Léo Bureau-Blouin, lors du passage du HuffPost Québec.

«Peut-être un jour...» lâche le principal intéressé avec un rire nerveux.

Mais pas question, pour le moment, de remettre sa «face sur le poteau». Il veut plutôt contribuer à la reconstruction du mouvement progressiste au Québec en coulisses. Est-ce que ça passera par des alliances entre partis? Est-ce qu'un nouveau parti politique devra émerger? «C'est à cette réflexion-là que j'aimerais plus contribuer», dit-il.

Il faut accepter que l'échec fait partie de l'expérience.Léo Bureau-Blouin

«Je trouve que l'échiquier politique est super fragmenté et je trouve que les forces progressistes en général ne sont pas du tout en position de force. Je pense que les Québécois aussi se cherchent beaucoup et se demandent un peu où est-ce qu'on s'en va. Je trouve juste que ce n'est pas un climat qui est super inspirant», laisse-t-il tomber.

Il croit tout de même encore à l'engagement politique, qui est essentiel à son avis, et encourage tous ceux qui voudraient s'y lancer à le faire. Son exemple prouve bien qu'il y a toujours une vie après la politique.

«Souvent, les gens ont l'impression qu'ils vont être marqués au fer rouge après pour toute leur vie et qu'ils ne pourront pas revenir en arrière et tout ça. Je pense qu'il ne faut pas avoir trop peur. Il faut accepter que l'échec fait partie de l'expérience et ce n'est pas grave si jamais ça ne marche pas.»

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