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Le sénateur Patrick Brazeau revient sur sa tentative de suicide

«La vie vaut la peine d'être vécue.»

Beaucoup de choses peuvent changer en trois ans. Le sénateur Patrick Brazeau le sait plus que quiconque - et il n'a pas hésité à le souligner sur Twitter la semaine dernière.

«Il y a trois ans aujourd'hui, j'ai fait une tentative de suicide parce que je n'avais pas d'emploi, pas d'argent, pas d'estime de moi... j'ai survécu pour écrire ce message. La vie vaut la peine d'être vécue», a-t-il tweeté le 19 janvier dernier, ajoutant qu'il allait bientôt se marier avec sa fiancée, Marie-Claire, et tenait joyeusement dans ses mains son nouveau-né, un sixième enfant pour lui.

Au début de 2016, l'esprit de Brazeau se trouvait dans la noirceur, a-t-il révélé en entrevue téléphonique avec le HuffPost Canada. Le 18 janvier de cette année-là, il a tenté d'en finir. Il a survécu, en partie grâce à un voisin qui a appelé les services d'urgence à temps pour que les ambulanciers puissent défoncer sa porte et le trouver sérieusement blessé dans sa maison.

Il s'est réveillé deux jours plus tard après avoir été placé dans un coma artificiel, rapportait alors l'Ottawa Citizen.

«Je suis juste heureux d'être en vie... et je suis un gars pas mal chanceux d'avoir encore ma famille avec moi», a-t-il dit au Citizen l'an dernier.

Patrick Brazeau et sa fiancée, Marie-Claire.
Courtoisie de Debby Simms
Patrick Brazeau et sa fiancée, Marie-Claire.

Il a révélé au HuffPost Canada avoir fait la publication commémorative parce qu'il souhaitait que d'autres personnes qui se trouvaient mal en point ou souffrant d'un problème de santé mentale puissent voir qu'il y a une lumière au bout du tunnel.

«Je crois que c'était un message d'espoir parce que les personnes qui vivent des problématiques de santé mentale, ça n'a pas d'importance de quelle confession ou de quelle couleur vous êtes, ou combien d'argent vous avez, ça peut arriver à n'importe qui. C'est un aveu que cela m'est arrivé et que j'ai été en mesure de lentement passer au travers», a-t-il indiqué.

Le sénateur a aussi encouragé les gens qui luttent avec des problèmes de santé mentale et des pensées suicidaires d'aller chercher de l'aide auprès de leurs proches, comme leurs amis et leur famille.

«C'est uniquement quand j'ai décidé de parler de ces problèmes que ça m'a ouvert les yeux... Je suis certainement dans le meilleur état d'esprit de ma vie en ce moment.»

Tourmente personnelle

La vie de Brazeau a pris un mauvais tournant lorsqu'il a été impliqué dans une série de scandales - une période aussi marquée par l'abus de substances, selon CBC News.

Il a été exclu du caucus conservateur en 2013 après avoir été arrêté pour agression sexuelle et violence conjugale. Il a ensuite plaidé coupable à des accusations de voies de fait et de possession de cocaïne. Il a été acquitté d'agression sexuelle, et les autres accusations ont été abandonnées en échange du plaidoyer de culpabilité. Brazeau a obtenu une absolution inconditionnelle en 2015 et ne traîne pas un casier judiciaire.

Le sénateur Patrick Brazeau en point de presse à son retour au sénat, le 27 septembre 2016.
La presse canadienne
Le sénateur Patrick Brazeau en point de presse à son retour au sénat, le 27 septembre 2016.

Il était aussi un des quatre sénateurs accusés d'avoir réclamé injustement des frais de voyage en 2013, ce qui lui a valu une suspension de trois ans du sénat. La Couronne a retiré les accusations de fraude et d'abus de confiance en 2016.

«Je suis arrivé à un point où j'étais fatigué de me battre», a-t-il révélé à la CBC l'automne dernier quand il discutait de sa tentative de suicide. «Fatigué de voir mon nom dans les journaux, d'entendre les gens parler de moi, dire des choses négatives, quand je connaissais la vérité, mais je ne pouvais juste pas en parler. Je me sentais impuissant.»

Mais Brazeau est maintenant d'avis que la vie permet d'obtenir une autre chance de se faire valoir, et il croit que les Canadiens seraient d'accord.

«Les Canadiens sont des gens intelligents, ils sont justes et ce sont des gens qui donnent des deuxièmes chances.»

Brazeau souhaite utiliser son expérience personnelle avec la santé mentale et le suicide afin d'aider les autres - particulièrement les garçons et les hommes qui pourraient être plus réticents à aller chercher de l'aide.

«J'ai traversé des situations personnelles difficiles, mais aussi professionnelles... j'ai trouvé très difficile d'avoir de fausses accusations contre moi et malheureusement à ce moment-là j'étais... vous savez, j'avais encore un peu de fierté et un ego un peu trop gros et je ne me suis pas nécessairement empressé pour demander de l'aide», a-t-il convenu.

«Je crois que le problème dans la société est particulièrement avec les hommes aujourd'hui parce qu'on a été élevés à être fiers et endurants et... vous savez, à ne pas demander de l'aide.»

Brazeau a pris exemple sur sa propre éducation pour expliquer la façon dont les garçons et les hommes sont encouragés à réprimer leurs émotions.

«J'ai été élevé avec beaucoup de principes, à être endurant et à faire face aux choses différemment, mais malheureusement ce n'est pas toujours la façon dont nous les hommes devrions gérer le stress et l'agression et d'autres problèmes de santé mentale et la dépendance», a-t-il évoqué.

«Il y a une stigmatisation et c'est encore tabou, mais moi, en tant qu'homme, et en tant que père, ami et frère, je peux essayer de faire de mon mieux pour démarrer cette conversation pour que les gens écoutent les expériences que j'ai vécues. Peut-être qu'ils pourraient y voir un lien ou se sentir un peu plus près de ce que je dis, et peut-être que cela pourrait les amener à quelque chose de mieux.»

Patrick Brazeau tient dans ses bras son nouveau fils.
Courtoisie Debby Simms
Patrick Brazeau tient dans ses bras son nouveau fils.

Brazeau a été nommé au sénat par le premier ministre Stephen Harper en 2008 alors qu'il était le chef national du Congrès des Peuples autochtones - devenant alors la troisième plus jeune personne de l'histoire à siéger à la chambre haute et le 15e autochtone à devenir sénateur.

Mais il est peut-être mieux connu pour son combat de boxe contre Justin Trudeau, qui était un député de l'opposition à l'époque.

Patrick Brazeau félicite Justin Trudeau après leur combat de boxe dont les profits de l'organisation ont été donnés à la recherche contre le cancer, le 31 mars 2012 à Ottawa.
La Presse canadienne
Patrick Brazeau félicite Justin Trudeau après leur combat de boxe dont les profits de l'organisation ont été donnés à la recherche contre le cancer, le 31 mars 2012 à Ottawa.

À 44 ans, Brazeau pourrait bien passer les 31 prochaines années en tant que sénateur canadien.

«Je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi de vivre ce que j'ai dû passer à travers, mais vous savez, c'est le temps de passer à autre chose, c'est le temps de focaliser sur où je peux amener la meilleure contribution à la discussion et j'ai hâte d'être un joueur d'équipe en le faisant.»

Brazeau a indiqué qu'il planifiait demander une étude sur la santé mentale au cours de la prochaine année.

«Je ferai quelque chose par moi-même pour essentiellement mettre les projecteurs sur les hommes parce que nous savons que les hommes se suicident plus que les femmes, et qu'ils demandent moins d'aide. Ce phénomène a aussi envahi les communautés autochtones», a-t-il révélé.

«Je ne sais pas ce que sera la conclusion de l'étude, mais il y aura certainement un accent sur les hommes et les jeunes garçons. J'ai hâte de redonner et de pouvoir aider quelqu'un dans le besoin.»

Ce texte initialement publié sur le HuffPost Canada a été traduit de l'anglais.

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