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Un «revenu décent» pour les employés de Loblaw?

Plus de 15 000 personnes ont signé une pétition en ce sens; le PDG de la compagnie s'est déjà opposé à une augmentation du salaire minimum.
Le président-directeur général et président du conseil d'administration de Loblaw, Galen G. Weston, à l'assemblée générale annuelle de la compagnie, le 3 mai dernier à Toronto
Nathan Denette/La Presse canadienne
Le président-directeur général et président du conseil d'administration de Loblaw, Galen G. Weston, à l'assemblée générale annuelle de la compagnie, le 3 mai dernier à Toronto

Une nouvelle pétition lancée par des militants des droits des consommateurs exhorte le plus grand employeur du secteur privé au Canada à augmenter le salaire de ses employés.

Plus de 16 000 personnes ont signé la pétition, qui demande au détaillant de nourriture de fournir un «revenu décent» à ses travailleurs.

Les instigateurs de cette pétition affirment que plusieurs facteurs les ont encouragés à mettre sur pied une telle campagne, notamment la décision du gouvernement conservateur ontarien de ne pas instaurer un salaire minimum à 15 dollars de l'heure (tel qu'annoncé par le précédent gouvernement).

Ils citent également la position de Galen Weston Jr, président-directeur général et président du conseil d'administration de Loblaw, qui s'est récemment opposé à l'augmentation du salaire minimum.

En 2017, Weston s'était attiré les foudres du groupe Leadnow, après avoir affirmé que la hausse du salaire minimum en Alberta et en Ontario, qui devait entrer en vigueur en 2018, coûterait 190 millions de dollars à la compagnie. Le groupe Leadnow lui reprochait de faire pression auprès des gouvernements provinciaux pour que ceux-ci ne passent pas à l'action.

Weston, dont la fortune était estimée à 14 milliards de dollars en 2017, ce qui en fait la troisième plus importante au Canada, s'était opposé à la proposition d'un actionnaire, l'an dernier, qui voulait augmenter le salaire des employés. Les autres actionnaires ont finalement rejeté cette proposition.

Les instigateurs de cette pétition n'ont pas un taux horaire précis en tête: le «revenu décent» est un concept selon lequel le salaire varie d'une région à l'autre, selon le coût de la vie. Il se définit comme le revenu dont une personne aurait besoin pour vivre «décemment». Cela couvrirait donc les dépenses essentielles, comme la nourriture, le logement, les vêtements, le transport et quelques soins de santé, comme le dentiste ou l'optométriste.

Selon le Réseau ontarien pour un revenu décent (Ontario Living Wage Network), le salaire décent serait fixé à 21,75 $ de l'heure à Toronto, et à 16,05 $ à Thunder Bay.

Au Québec, l'Institut de recherche sur les informations socio-économiques (IRIS) a publié une étude en avril dernier, selon laquelle le revenu viable moyen au Québec serait de 26 574 $ par année, soit l'équivalent de 15,28 $ de l'heure.

À VOIR: Une étude de l'IRIS établit ce que devrait être un revenu décent. L'article se poursuit après la vidéo.

Loblaw détient de nombreux détaillants aux quatre coins du pays, incluant notamment Pharmaprix, Maxi et Valu-Mart. Il emploie 122 000 personnes, ce qui en fait le plus grand employeur du secteur privé au Canada, selon des données compilés par le Globe and Mail.

Dans une entrevue accordée au magazine Canadian Grocer, un porte-parole de Loblaw a qualifié l'entreprise d'employeur majeur, et a affirmé qu'elle entretenait «une relation très constructive avec ses collègues et leurs syndicats, incluant des discussions à propos d'indemnités et d'équité.»

«Son propre patron»

L'un des instigateurs de la pétition, Angus Wong, soulève que certains groupes pour les droits des consommateurs font pression auprès de Loblaw pour que l'entreprise ait deux personnes distinctes pour occuper les postes de président du conseil d'administration et de PDG. À l'heure actuelle, Galen Weston Jr occupe les deux chaises, ce qui fait qu'il est «son propre patron», selon le militant.

Cela peut en effet entraîner une supervision moins accrue de ce qui se passe dans l'entreprise, ce qui rend possibles des situations comme le cartel du pain.

«Si j'étais un actionnaire, il me semble que que je voudrais un certain équilibre entre les pouvoirs», a dit Angus Wong en entrevue téléphonique avec le HuffPost Canada.

La prochaine étape est d'«essayer de communiquer avec Loblaw» à propos de ce problème de salaire décent, avant de planifier la suite, a-t-il ajouté.

Ce texte initialement publié sur le HuffPost Canada a été traduit de l'anglais.

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