Des personnes à mobilité réduite gardent un mauvais souvenir de leurs vols avec Air Canada. Ils déplorent la façon avec laquelle le transporteur aérien a manipulé leurs fauteuils roulants, rendus inutilisables ou même carrément endommagés au point d'être irrécupérables.
Miloud Mecheri habite Rosemont-La Petite-Patrie. Atteint de sclérose en plaques, il se déplace en fauteuil roulant depuis plusieurs années.
Il a longtemps hésité avant de voyager, à cause de son handicap. Mais il s'est finalement rendu à Vancouver, deux fois plutôt qu'une.
À son retour du second voyage, en mai dernier, il a eu une bien mauvaise surprise: son fauteuil roulant ne roulait plus. Il a pu quitter l'aéroport, de peine et de misère, mais il s'est rapidement rendu à l'évidence que son fauteuil nécessitait des réparations.
«Un fauteuil roulant n'est pas un objet comme un autre. C'est une extension de mon corps. Si tu le casses, je vais avoir mal»
— Miloud Mecheri
M. Mecheri a donc contacté le Centre Lucie-Bruneau, un centre de réadaptation qui fournit aussi des aides à la mobilité comme des fauteuils et des triporteurs.
«Ils m'ont dit que c'était bon pour les poubelles. S'ils l'avaient jeté de l'avion, il y aurait eu les mêmes dommages», affirme M. Mecheri.
M. Mecheri et le Centre Lucie-Bruneau ont des échanges avec l'entreprise Scootaround, un sous-traitant d'Air Canada, afin de remplacer le fauteuil. Dans une note envoyée par le Centre, on lit que «le croisillon, le châssis arrière et la canne de dos arrière droite sont tordus et ne permettent pas d'ouvrir le fauteuil. Le fauteuil est irrécupérable et doit être remplacé».
Des batteries désactivées
Francine Leduc n'a pas eu le même malheur, mais son expérience n'en était pas moins dérangeante. En novembre 2017, elle a pris un vol d'Air Canada pour se rendre à une croisière partant de la Floride. Elle faisait partie d'un groupe de cinq personnes à mobilité réduite qui voyageaient ensemble, avec un accompagnateur.
À leur arrivée sur le bateau, Mme Leduc et une de ses compagnes de voyage se sont rendu compte que les batteries de leurs fauteuils motorisés étaient presque entièrement déchargées. Elles les ont branchées dans leur cabines respectives, résignées à perdre la première soirée de leur croisière.
Le lendemain, les batteries étaient toujours à plat. Après une autre journée complète enfermées dans leur cabine, elles ont obtenu l'aide d'un ingénieur de la compagnie de croisière.
Celui-ci les a informées que les batteries avaient été désactivées pendant le vol.
«Pourquoi les employés d'Air Canada ont-ils désactivé les batteries? Et s'ils doivent le faire, qu'ils les réactivent après. C'est que nous, on ne peut pas le faire nous-mêmes!», souligne-t-elle en entrevue.
Le HuffPost Québec a contacté Air Canada pour obtenir un commentaire sur ces deux cas, ainsi que des précisions sur ses procédures concernant la manutention des fauteuils et des appareils motorisés. Nous n'avons pas eu de réponse.
Une extension du corps
Mme Leduc et M. Mecheri songent présentement aux possibilités de recours juridiques. M. Mecheri affirme toutefois que l'argent ne serait pas un facteur important, même s'il décide de porter son dossier devant la cour.
«Le plus important, c'est que le personnel comprenne qu'un fauteuil roulant n'est pas un objet comme un autre. C'est une extension de mon corps. Si tu le casses, je vais avoir mal», dit-il.
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Les deux individus se sont tournés au Regroupement d'activistes pour l'inclusion au Québec (RAPLIQ), un groupe de défense des droits des personnes handicapées.
«Je ne sais pas si c'est seulement parce qu'ils offrent plus de vols, mais je reçois beaucoup plus de plaintes contre Air Canada que les autres compagnies», affirme Linda Gauthier, porte-parole et fondatrice de l'organisme.
Bien connu pour ses actions juridiques, le RAPLIQ évalue actuellement la démarche la plus appropriée contre Air Canada.