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Pour Manon Massé, seul Québec solidaire peut nous libérer du pétrole

En entrevue avec le HuffPost, elle promet rien de moins qu’une «révolution énergétique».
Flickr/Québec solidaire

MONTRÉAL – La coporte-parole de Québec solidaire (QS) Manon Massé promet que l'environnement sera la «pièce maîtresse» de la campagne de son parti. Elle promet nul autre qu'une «révolution énergétique» si son parti est porté au pouvoir.

Le HuffPost Québec s'est entretenu avec l'aspirante première ministre quelques jours avant le déclenchement de la campagne électorale. Si elle est restée prudente sur la majorité des sujets abordés, elle ne mâche pas ses mots en parlant des autres partis, qui en ont fait trop peu pour l'environnement à son avis.

Le HuffPost a invité les quatre chefs des principaux partis sur son plateau pour une entrevue, mais aussi pour répondre à des électeurs. À voir ci-dessous:

«Il n'y a aucun des autres partis qui vont nous sortir du pétrole! Ils nous y ont mis ou ils disent qu'ils vont nous le mettre encore plus – je pense à la CAQ [Coalition avenir Québec]. Ça, c'est un trèèèèès mauvais choix», fait valoir Mme Massé.

«Les deux autres partis nous ont imposé une industrie extrêmement polluante, comme la cimenterie Port-Daniel... Voyez-vous, ils disent des choses, mais ils font autre chose. Ils fléchissent devant le lobby des pétrolières et gazières», accuse-t-elle.

On le sait, les changements climatiques, [les gouvernements précédents] auraient dû s'en occuper par le passé. Ils ne l'ont pas fait.Manon Massé

Jusqu'à maintenant, QS propose de bannir la vente de véhicules à essence à partir de 2030, d'investir 7,6 milliards de dollars en transport collectif et s'engage à protéger 10% des aires marines d'ici 2020.

Mme Massé dit que les mesures de son parti permettraient d'atteindre la cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 37,5% d'ici 2030 par rapport à 1990. Il s'agit des cibles fixées par le gouvernement libéral de Philippe Couillard, mais il accusait un sérieux retard dans l'atteinte des objectifs.

«On le sait, les changements climatiques, [les gouvernements précédents] auraient dû s'en occuper par le passé. Ils ne l'ont pas fait. Maintenant, nous devons poser des gestes majeurs, importants, et c'est ce que nous proposons dans le transport des personnes, dans le transport des marchandises, au niveau de l'agriculture, la politique industrielle, l'économie d'énergie... bref, vous allez en avoir pour votre argent.»

Diffusion des rencontres avec les chefs:

» Mercredi 5 septembre: François Legault

» Jeudi 6 septembre: Jean-François Lisée

» Vendredi 7 septembre: Philippe Couillard

Incarner la différence

Seule femme parmi les boys, Mme Massé estime qu'il ne sera pas tellement difficile pour elle de tirer son épingle du jeu lors des débats télévisés.

«Québec solidaire est différent des trois autres partis, explique-t-elle. On est différents parce que ce qu'on met de l'avant est définitivement orienté vers le peuple, vers la population. Ce sont l'ensemble de nos mesures qui répondent aux préoccupations des gens.»

«On n'est pas tournés pour répondre aux préoccupations des lobbyistes ou des grands chefs d'entreprises qui, dans le fond, viennent chercher de l'argent au gouvernement pour augmenter leur salaire ou le salaire de leurs actionnaires.»

Issue du milieu communautaire, Mme Massé a passé sa vie à défendre les plus «poqués» de la société. Elle l'admet : elle n'est pas une politicienne au sens classique du terme. Ses adversaires, eux, ont gravité dans les milieux des affaires, de la médecine ou du journalisme avant d'atterrir à l'Assemblée nationale.

«Ces gens-là sont depuis plusieurs années dans les couloirs du pouvoir. Prenons [le chef du Parti québécois Jean-François] Lisée. Même s'il n'a pas été chef de son parti, avant dernièrement, il a quand même été conseiller spécial de deux premiers ministres», dit-elle.

De façon réaliste, QS a très peu de chances de former le gouvernement le 1er octobre prochain. À choisir entre un gouvernement libéral, péquiste ou caquiste, que choisirait-elle?

«C'est sûr qu'on va choisir Québec solidaire! Mais pour nous, il n'y a pas de moins pire. Parce que pour nous, ces partis-là, lorsqu'ils ont gouverné ou lorsque je les ai vus au Salon bleu agir, s'en vont tous dans le même sens.»

Gabriel Nadeau-Dubois et Manon Massé lors du lancement de leur campagne le 23 août dernier.
Paul Chiasson/PC
Gabriel Nadeau-Dubois et Manon Massé lors du lancement de leur campagne le 23 août dernier.

En rafale...

Comment Manon Massé est-elle devenue souverainiste?

Son «initiation», c'est lorsqu'elle a vu les collègues de son père devoir baragouiner l'anglais pour se faire comprendre de leurs patrons unilingues anglophones. Elle était trop jeune pour voter au premier référendum de 1980, mais «totalement en âge de voter» en 1995.

«J'ai vu, entre les deux, comment le Canada nous a traités. J'ai vu l'accord du Lac Meech, la nuit des longs couteaux dans laquelle, en méprisant notre peuple, les gouvernements canadiens ont rejeté les dimensions de base pour nous. Ça, c'est ce qui m'a amenée là où je suis», dit-elle.

«Mais sincèrement, pourquoi, aujourd'hui, je suis souverainiste? Je regarde par exemple l'incapacité qu'on a comme Québécois et Québécoises de protéger nos sources d'eau des pipelines. On a gagné une petite bataille avec Énergie Est. Mais demain matin, ce qui arrive en Colombie-Britannique avec Kinder Morgan peut nous arriver aussi. Donc, il faut avoir nos outils pour pouvoir dire non.»

Défendre le mot «matrimoine», une erreur?

Mme Massé a été critiquée dans la dernière année parce qu'elle a défendu le fait de remplacer le mot «patrimoine», jugé trop masculin, par «héritage culturel» ou «matrimoine». La proposition, soumise par l'association des Laurentides au congrès de QS à l'automne dernier, avait finalement été rejetée.

Mme Massé était allée jusqu'à dire que d'autres expressions, comme «langue maternelle», pourraient être étudiées par son parti, dans un souci de «dégenrer» l'écriture le plus possible.

Était-ce une erreur de sa part? «Oui, parce que [la proposition] n'a pas été adoptée par les membres. Alors j'ai défendu quelque chose avant que les membres prennent position», reconnaît la coporte-parole, qui a mentionné l'épisode dans son livre Parler vrai.

A-t-on les moyens de se payer l'assurance dentaire publique?

L'une des mesures phares de QS est sans contredit l'assurance dentaire publique universelle, qui rembourserait 100% des soins dentaires des moins de 18 ans et des personnes bénéficiant de l'aide sociale. Pour les adultes, les soins seraient remboursés, presque à la totalité.

La mesure, bien que populaire, coûterait près d'un milliard de dollars. Comment les Québécois peuvent-ils se le permettre?

«C'est simple! répond Mme Massé. Juste l'entente des médecins, ça permet de récupérer près d'un milliard. C'est ça qu'on veut dire par mettre l'argent au service des gens. Au lieu que ce milliard-là serve à 20 000 médecins, il va servir à huit million de Québécois et Québécoises.»

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