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Santé: un cas devenu acceptable dans les urgences du Québec?

Une dame âgée de 79 ans a dormi sur un banc en métal parce qu’on lui refusait une civière.
Pascale Létourneau a hésité avant de partager sur les réseaux sociaux la bouleversante photo de sa mère qui dort sur un banc de métal.
Facebook/Pascale Létourneau
Pascale Létourneau a hésité avant de partager sur les réseaux sociaux la bouleversante photo de sa mère qui dort sur un banc de métal.

Lorsque Pascale Létourneau s'est présentée aux urgences mardi après-midi pour sa mère de 79 ans, elle ne pensait pas devoir improviser un lit d'hôpital sur un banc en métal à l'extérieur de la salle d'attente.

Sa mère, Jacqueline Boivin, souffrait de douleurs au ventre depuis deux jours. Arrivée au centre hospitalier de Saint-Jérôme, elle a été classée comme un niveau 4 au triage, puisque son cas était considéré parmi les moins urgents.

«Maman, ce n'est pas une femme qui se plaint. C'est une femme très discrète et elle est tolérante dans le sens où elle en a vu d'autres... Donc, c'était difficile pour les gens au triage de la prioriser», décrit sa fille en entrevue téléphonique.

La nuit tombée, Mme Létourneau dit avoir bien tenté de demander une civière pour que sa mère puisse s'allonger, mais elles étaient toutes occupées. Même si Mme Boivin a presque 80 ans, son cas n'était pas considéré comme assez grave pour s'allonger sur une civière.

Mme Létourneau a donc allongé sa mère – non pas sans difficulté – sur un banc de métal à l'extérieur des urgences. L'hôpital a fourni des couvertures et un autre patient lui a gracieusement fourni un oreiller, dit-elle.

«Nos aînés ont droit à leur dignité, dit-elle. Quand tu es installé dans une position acceptable et confortable, tu peux dormir. Essayer de dormir assis, c'est bien compliqué, laissez-moi vous le dire.» Elle dit cependant que de voir sa mère dans ces conditions lui a brisé le cœur.

Mme Boivin a finalement été vue par un médecin vers 4h, mercredi matin. Elle est toujours à l'hôpital, où elle est traitée pour une infection de la vésicule biliaire.

Le CISSS défend la décision de l'hôpital

Le Centre intégré de santé et de services sociaux des Laurentides (CISSS) estime que le procédé normal a été respecté dans le cas de Mme Boivin.

«On distribue les civières en fonction des priorités. Malheureusement, cette journée-là, il y avait des gens dans des situations qui étaient plus criantes, alors les civières ont été conservées pour ces personnes-là», fait valoir la porte-parole Myriam Sabourin.

Mme Sabourin explique que l'âge est un facteur qui peut être pris en considération quand il vient affecter la condition de santé du patient, mais que le cas de Mme Boivin n'était pas assez grave pour justifier de la coucher dans une civière.

«Toutes les urgences du Québec travaillent avec la même grille de triage et attribuent leurs ressources de la même façon que nous, justifie-t-elle. La personne avait quand même la salle d'attente à sa disposition, alors si sa fille a décidé de l'amener à l'extérieur, c'est un choix qui lui appartient.»

Pourrait-on voir davantage de patients qui décident de camper sur des bancs à l'extérieur en raison de l'attente aux urgences, à l'instar de la mère de Mme Létourneau? «Comme dans toutes les urgences au Québec», réplique la porte-parole du CISSS des Laurentides.

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