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Le Cirque du Soleil rend un hommage électrisant aux Colocs

Touchant et en tous points mémorable, «Juste une p'tite nuite» est une réussite totale.
Courtoisie/Cirque du Soleil

Dès la première seconde, nos cœurs sont conquis. Dès les premiers mouvements de danse, nos corps ont envie de faire la fête jusqu'au petit matin. Dès les premières notes, notre mémoire ouvre la case consacrée aux Colocs, à cette façon qu'ils avaient de casser la baraque, à leur incomparable analyse de la société, aux dizaines de chansons qui ont marqué notre histoire, et à la voix de Dédé, dont on n'a pas fini de s'ennuyer. Qu'on se le tienne pour dit : le spectacle Juste une p'tite nuite est électrisant, touchant et en tous points mémorable.

Si vous n'avez pas assisté aux hommages rendus par le Cirque du Soleil à Beau Dommage, Robert Charlebois et à l'univers de Luc Plamondon au cours des trois derniers étés, dépêchez-vous d'acheter vos billets pour le nouveau spectacle grandiloquent présenté dans l'amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières. Il s'agit sans nul doute de l'une des plus belles productions de l'année dans la province, toutes formes d'arts confondues.

Le numéro d'ouverture met la table à la perfection : sur les airs de Passe-moé la puck, un groupe de danseurs et d'acrobates, habillés de vêtements grunge sortis tout droit des années 1990, s'exécutent avec une fougue et un charisme incontestables. Pendant que les premiers occupent la scène avec quelques touches de gumboots, en nous donnant l'impression que le spectacle est rodé depuis des mois, les autres s'amusent en se lançant d'une structure haute de deux étages et virevoltent sur le trampo-mur avec désinvolture.

«Juste une p'tite nuite»

Portés par la musique des Colocs, réarrangée de formidable façon par Jean-Phi Goncalves, qui ne trahit jamais la signature du groupe, ni la voix d'André Fortin, les interprètes font preuve d'une intensité contagieuse.

En plus de savoir comment faire le party, les artistes du spectacle, mis en scène de mains de maître par Jean-Guy Legault, sont aussi capables de nous transmettre le caractère sombre de certaines œuvres du groupe.

On pense d'abord à Belzébuth, lancée par un harmonica mélancolique : la chanson évoque un homme qui se compare à un chat et qui veut s'enfuir avec les ailes d'un oiseau, pendant qu'un acrobate s'exécute entre ciel et terre sur un mât chinois. On se souvient aussi de Juste une p'tite nuite, qui résonne alors qu'un homme et une femme livrent un duo langoureux et mystérieux sur le cerceau, comme deux amoureux qui ne savent plus s'ils veulent encore l'un de l'autre ni comment se quitter. On a encore de jolies images des acrobates qui basculent sur les balançoires russes afin de s'envoler haut, haut, haut dans les airs, pendant que La comète berce nos oreilles.

Cela dit, on doit absolument exprimer le caractère bouleversant de deux autres numéros.

Quand on entend Dédé fredonner Tassez-vous de d'là, en racontant l'urgence de prêter mains fortes à un ami en détresse, deux hommes exécutent un numéro techniquement relevé de main à main, qui s'avère émouvant de force et de grâce. Plus tard dans la soirée, un acrobate fait d'une lampe suspendue son outil acrobatique. Alors qu'on s'émeut des paroles du Répondeur, il tente d'atteindre la lumière, se laisse écraser par cet astre qui l'obnubile, se suspend à lui et tournoie dans tous les sens, comme s'il dansait avec la vie et avec la mort. Un numéro qui touche au sublime.

D'un tableau à l'autre, les interprètes portent un veston ou une chemise carotté, comme s'ils se passaient le témoin de la vie de Dédé et des Colocs. Le symbole illustre parfaitement la collaboration, la cohésion, la synchronicité et l'extrême joie de vivre que partagent les 27 artistes sur scène.

On ressent la force de frappe des 10 danseuses, sortes de guerrières de rue, sur les rythmes d'Atrocetomique. On découvre avec plaisir la nonchalance des gars et des filles qui font du tumbling durant Bon yeu. On salue l'ingéniosité de celle qui attend la mort, accrochée par des fils de bungee, enveloppée par la tristesse de Dehors novembre. On adore le caractère candide du numéro de jonglerie, original et surprenant, pendant que Dédé résonne. On est complètement fasciné par la jeune fille et ses collègues qui donnent une nouvelle définition à l'expression «jouer à la corde à danser», alors que Julie nous replonge dans une foule de souvenirs heureux. Et on a carrément envie de rejoindre la troupe sur scène pendant La rue principale, une section ludique qui ferait sourire toute personne qui possède encore un cœur.

Bref, la réussite est totale.

Le spectacle Juste une p'tite nuite est présenté à l'Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières du 18 juillet au 18 août 2018. Cliquez ici pour tous les détails.

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